Esprit de Noël

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Je me réveillais en sursaut après un nouveau cauchemar.

Il faisait frais. La chambre était censée être la pièce la plus fraîche de la maison, d'après Søren, donc je n'avais qu'un petit radiateur. Je regarde ce qui m'entoure, les couleurs sont claires et simplistes, ma déco est épurée, renvoyant à la neige. Je m'assieds, prenant sur mes genoux un magazine de socio-politique anglais. Lorsque j'inspire, je sens le propre et les produits à vitre. Tout paraît stérile dans ce lieu, pire qu'une chambre d'hôpital. Je pose ma lecture et m'en vais dans la chambre voisine.

Assise sur le petit lit de ma sœur, je regarde ses photos. Une avec maman, lors de sa rentrée (elle en prenait tous les ans), une à son anniversaire avec ses amis et la dernière dans mes bras. Elfi me manque, son innocence, sa chaleur. Ma gorge se noue d'un coup, ma vue se trouble... Non ! Je ne pleurerai pas. Je respire son coussin, toujours imprégné son odeur, suave et musquée. Ce matin, je n'ai pas cours alors j'irai la voir, le plus tôt sera le mieux.

"Va, mais ne tardez pas trop, je veux la retrouver à quatre heures pétantes !" Brigit laisse s'échapper un petit bout de sœur qui court vers moi et enfouit son visage dans mon manteau

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"Va, mais ne tardez pas trop, je veux la retrouver à quatre heures pétantes !" Brigit laisse s'échapper un petit bout de sœur qui court vers moi et enfouit son visage dans mon manteau.

"Kiki ! Tu m'as tellement manqué ‼

- Roh, allez Elfi, ça ne fait que quelques jours...

- Je rentre à la maison ? Attend juste deux minutes : je vais chercher mes affaires ! S'excita-t-elle.

- Non bichette, pardonne-moi, mais on va juste au marché de Noël ensemble.

- Je devrais revenir au manoir ?.."

Elle est déçue, je comprends, c'est difficile de n'être entourée que d'adultes sans arrêt, surtout à son âge. Mais on préfère la laisser dans la constante surveillance de cette partie de la famille, qui n'a pas été touchée par le tueur qui rôde.

Dans le bus, elle me raconte que les enfants de Sonia l'ont rejointe. Ils jouent à cache-cache et se racontent des histoires qui font peur quand il y a des coupures de courant. Elle parle beaucoup, sans arrêt, son visage réjoui m'a tant manqué.


On se tient la main sur la patinoire, je n'ai pas eu à la pousser pour qu'elle vienne avec moi. Elle a fait ses premiers "pas" et m'a lâché. Je fais un tour complet, elle me regarde et fait de même. C'était plutôt drôle, on s'est ensuite acheté un verre de vin chaud. Vous me direz que c'est pas bien de faire boire une si jeune personne, mais l'odeur des agrumes et de la cannelle nous a toujours fasciné. Et comme la boisson est assez écœurante, on la partage.

Quand on aperçoit Ruby à la terrasse d'un café, on la rejoint. Elle a migré des États-Unis à cause d'une maladie qui lui fluidifiait le sang, se rendre dans un pays froid était devenu une nécessité. Son intégration s'était vite faite puisqu'elle est devenue institutrice, actuellement elle sort avec un membre d'une des familles fondatrice et elle est très amie avec Hylda. Elle nous a payé un thé chaï et j'ai fait une pause (c'est fatiguant une Elfi !).

La conversation a dévié sur sa sœur qui nous rejoindra sous peu. Atteinte de la même maladie, elle a refusé de se faire offrir un billet d'avion si cher, elle a donc enchaîné les jobs pour pouvoir venir.

"Elle est bornée, mais très travailleuse. Sans diplôme par contre, elle ne trouvera pas grand chose ici. Tu sais si ton père cherche un assistant ou autre ?

- Honnêtement, non."

Elle soupira, mais je repris :

"Si elle a un soupçon de perfectionnisme, elle peut venir faire le ménage chez moi ? Et aider à la préparation de la salle de bal pour Noël ! Quand arrive-t-elle ?

- En fait, je l'attendais quand vous êtes passées, alors elle pourra te répondre elle-même."

Elfi est retournée sur la piste. Tandis que je restais sur le bord, mes courbatures revenant en force. Ruby m'a fait un rapide CV de sa sœur, heureuse que je lui trouve un boulot si rapidement. Si elle est d'accord, ça sera un réel soulagement !

Je reçus un message de mon père, qui avait du nouveau à propos de Peter. Il allait venir nous chercher.

J'ai à peine vu la fameuse Amber (sœur de Ruby), je lui ai prêté mon manteau (elle n'avait pas prévu un tel froid). On a fixé l'heure pour qu'elle vienne nous faire le ménage : demain même ! Je me suis arrangée pour que Gunner ne la voit pas.

Il a ramené Elfi chez Brigit, la grande maison ne lui manquait pas, mais il fallait garantir sa sécurité. Il est en train de m'expliquer que la police et le conseil ont recueilli le témoignage du jeune, les recherches vont progresser. L'homme n'était pas d'ici et avait un fort accent inconnu de l'avocat.


Au lycée, je vis les collégiens partir au compte-gouttes (ils avaient des contrôles communs ce matin) et j'attendais dans le foyer des lycéens que la cloche sonne. Tessa et Nahsa sont assises avec moi sur le grand canapé rouge et elles me demandent mon avis sur leurs tenues pour le bal des fondateurs. Au départ, elles voulaient jouer les fées avec des robes bouffantes, mais accéder au sapin avec ça, c'était mission impossible.

Un énorme sapin sera érigé dans un coin de la salle du bal, il y aura les chaussettes de tout le monde rassemblées autour (accrochées au mur, au sapin, partout où il y a de la place, étant donné notre nombre important) et nous pourrons mettre les derniers cadeaux au fur et à mesure de la soirée (les plus jeunes qui croient au Père Noël regarderont, comme d'habitude, des films et feront des activités à l'étage).

Bref, je les mets d'accord sur des robes fourreau asymétriques l'une violette, l'autre lavande qui ne risqueraient pas de faire tomber le gigantesque sapin.

Un murmure s'éleva dans le foyer, je vis l'objet de ces attentions : le mec aux yeux bleus et à la veste en cuir qui arrivait. Un "nouveau" au lycée apparemment. Une fois qu'il avait ouvert la porte, tous se sont tus et nos regards se sont croisés. J'ai fini par sentir mes joues s'échauffer et une sensation me remuer dans le ventre, et détournais les yeux au moment où il partait rejoindre ses amis, ou qui que ce soit.

24 jours en enferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant