Daryl est assis par terre, sous le porche. Il y a quasiment élu domicile d'ailleurs. Le dos appuyé à la balustrade blanche, fumant le mégot qui lui reste. Deanna est plantée devant la porte et sonne après lui a voir adressé un bonjour sincère et plein de bienveillance.
Comment, au milieu de ce monde foutu, peut il y avoir encore des personnes, aussi minuscules soient elles, remplies de tant de bonté ? Non, parce que Deanna, elle bat tous les records ! Elle déborde, elle dégouline, elle dégueule de bienveillance, pardon. Daryl ne lui adresse pas un regard et encore moins la parole, en partie parce qu'elle est si petite qu'elle se situe sous son champ de vision, et surtout parce que sa gentillesse et sa sagesse, palpables, le débectent. Mais elle, ne manque jamais de lui sourire, de lui souhaiter une bonne journée, sans aucune hypocrisie, que de la sincérité à l'état pur. Et ça il doit admettre qu'à ce niveau là, il est admiratif. Mais il ne l'admettra justement jamais.
Elle est donc plantée là. Encore. Comme les mômes qui viennent chercher leur copain pour aller jouer dehors. Elle, son pote, c'est Rick. Elle vient le réclamer pour un oui ou pour un non. Tous les prétextes sont bons, même si Daryl ignore tout de ce qu'ils partagent réellement. Et de toutes manières, il s'en fout, mais profond. Dès qu'il entre dans les murs d'Alexandria, il n'attend qu'une chose : s'en barrer pour retourner dans la forêt, voir la nature reprendre ses droits à coup de chlorophylle, d'écorce et d'humus. Le seul qu'il tolère est Aaron. Parce que, dépassé son genre bien propret, ce type est intéressant. Et Daryl a adopté son but : trouver des gens et les recueillir. S'ils le méritent. En plus de ramener à dîner.
Cela semble s'agiter à l'intérieur de la bâtisse. Ça doit être l'heure de l'école. La porte s'ouvre sur Rick qui salue Deanna et va pour la suivre. Surgit derrière lui Carol, qui tourne illico la tête vers le chasseur vautré par terre.
"Daryl, tu as aussi le droit de prendre une douche tu sais, on ne va pas t'en vouloir d'utiliser l'eau chaude... sans reproche aucun.
- Mouai... maugré-t-il.
Elle a le don pour lui taper sur le système depuis leur arrivée ici, depuis qu'elle porte ces chemisiers à fleurs et qu'elle accroche ce sourire à ses lèvres en plissant les yeux.
Mais il se remet sur ses pieds et décide de suivre le petit groupe. Rick et Deanna sont devant, déjà en pleine conversation et Carol reste à sa hauteur continuant aussi à jacasser.
"Il faut que tu viennes au dîner que Deanna organise ce soir. Tu n'es pas venu la dernière fois...
- Mais c'était avant hier ! On n'est pas obligé de bouffer ensemble tous les 4 matins, si ?
- Ce n'était pas avant hier mais il y a plus d'une semaine, précise Carol avec un sourire indulgent. Et ce serait la moindre des choses de venir au moins une fois.
Ouai, mais Daryl avait préféré les pâtes d'Aaron et Eric* et il s'était régalé, même.
"D'accord, j'verrai si chuis dispo..." pour qu'elle le lâche.
Ils avancent maintenant sur la route, mais il a déjà envie d'allonger sa foulée, ayant l'impression de piétiner et de ne pas avancer. Chacun va vaquer à ses occupations, Carol va filer au garde-manger occupé par toutes ces bonnes femmes ; Deanna et Rick vont faire des plans sur la comète et il va atteindre la porte en fer pour retourner dans les bois. Enfin. Aaron le rejoindra bien.
En attendant, Carol est toujours près de lui.
"Qu'est ce que tu as prévu de si important pour le diner ?!" joyeuse, mais clairement moqueuse.
Daryl inspire pour lui envoyer une vanne bien sentie quand son regard est attiré par un mouvement vers la maison de l'autre côté de la rue, en diagonale de la leur qui est numérotée 101 sur le contrefort d'une marche du porche.
Il aperçoit une petite silhouette mince se tenant de dos sous le porche, identique au leur, et va pour ouvrir la porte d'entrée. Daryl croit soudain halluciner. Alors sans plus réfléchir, il court, ignorant les exclamations surprises de Carol, et atteint la maison en quelques foulées, sautant d'un bond, avalant les marches de l'escalier pour atterrir sur le perron brusquement.
La personne a eu le temps d'ouvrir la porte et dans son élan, Daryl la précipite à l'intérieur, lui plaquant le dos contre le premier mur venu. Il bloque son avant bras musclé contre sa gorge et ses épaules et la soulève le long du mur pour mettre la tête de la femme à sa propre hauteur. Si bien que les pieds de celle-ci ne touchent déjà plus le sol. Elle ouvre la bouche muette, cherchant son air, tenant l'avant bras de l'homme de ses deux mains, battant les pieds dans le vide, donnant des coups dans ses tibias, plus par réflexe, qui ne le font pourtant pas bouger d'un iota.
"Dis moi qu't'es un putain d'fantôme, sinon j'te tue..." menace Daryl d'une voix d'outre-tombe.
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Faire envie aux affamés - TWD - [TOME 2]
Fanfic6x02 - Après avoir lancé la cuisson de ses lasagnes aux légumes, tout dérape. Carol se retrouve dans son élément et gère l'attaque des Wolves d'une main de maître, comme elle sait si bien le faire...Comment cela va-t-il finir ? Ou n'est-ce que le c...