Le Secret De La Maison De Retraite

Chapitre 23: Suspicion

Pour énième fois cette semaine, la plupart de nos questions demeurent sans réponse. Dans quelques jours, il sera trop tard. Il faut que nous agissions maintenant.

Nous ne sommes pas sûrs de l'identité de La Sorcière et encore moins de son nom et apparemment, elle est trop maligne pour nous avoir laissé un indice. Il faut donc que nous la poussions à se trahir. Mais comment faire. Une idée germe dans mon esprit, je m'exclame : « Je sais comment nous allons la piéger !

-C'est vrai ?! Interrogent mes amies pleines d'espoir.

-Oui. Comme vous l'avez remarqué nous n'avons presque aucune information sur l'identité de « Sa Grandeur ».

-Oui et alors ? Je ne vois pas où tu veux en venir, me presse Melle.

-Cela montre juste qu'elle est prévoyante. Remarque Sarah.

-C'est vrai, elle a des qualités mais plus d'un défaut. Renchéris-je.

- Comme tout le monde, s'étonne Meryem.

-Oui, mais elle, elle en cumule pas mal. Elle est rancunière, colérique, cruelle, sans foi ni loi, orgueilleuse... Commence à énumérer Sarah.

-Quelle idiote ! Se blâme Rozenn.

-Non, ça, elle est loin de l'être. Ironise Sarah.

-Mais non pas ça, c'est comme ça qu'on va la piéger !

- Et on va se servir de ses défauts et notamment son orgueil. Terminé-je.

-Avec son orgueil ? Je ne vois pas très bien comment. Réfléchit Sarah, d'un ton dubitatif.

-On peut la pousser à nous dire tout d'elle. Expliqué-je. Elle si prétentieuse et sûre d'elle que si elle nous piégeait et que nous affirmions que nous nous en sortirons, je suis quasiment certaine qu'elle se trahirait. Juste par prétention.

-Oui, c'est une excellente idée, approuve Sarah. Mais il faut encore peaufiner le plan. Nous ne pouvons prendre le risque d'être toutes transformées en canard.

-Nous pourrions créer une illusion pour certaines d'entre nous et n'en envoyer que quelques-unes en vrai. Propose Melle.

-Oui, une ou deux par exemple. Déclare Meryem.

-Deux, me semble être un bon nombre, réfléchit Sarah, elles pourraient même peut-être réussir à s'enfuir.

-Très bien, dans ce cas, il est tant d'exécuter notre plan. »

Nous mettons au travail. Nous préparons les clones. Puis Melle et Meryem qui se sont portées volontaires pour la mission se rendent à la cafétéria. Le piège était en place.

Sarah, Rozenn, Irène et nous installons devant le cristal et observons la scène. Enfin après de longues minutes d'attentes, La Sorcière surgit. Comme prévu, Melle, Meryem et les clones font mines de se défendre. La Sorcière les capture. Elles la pousse à avouer. Et c'est précisément à ce moment-là que tout dégénère : La Sorcière les fait taire et les transforme en canard. Puis elle déclare en ricanant : « Vous croyiez vraiment que je ne remarquerai pas que c'est un piège. C'était bien tenté, mais c'était perdu d'avance. Pourquoi continuez-vous de vous obstiner, je vous ai déjà dit que quoi que vous tentiez, vous échoueriez toujours. »

Elle se tait et fait disparaître les deux canards et avec eux tous nos espoirs. Rozenn, Sarah, Irène et moi sommes effarées par la scène à laquelle nous venons d'assister. Notre seul espoir vient de partir en fumée.

« Que fait-on maintenant, demande Sarah.

-Je n'en sais rien, désespéré-je. Ce plan consistait notre seul espoir. Nous ne sommes plus que trois et n'avons toujours aucune idée du nom de La Sorcière.

-Vois, le bon côté des choses : maintenant on a quatre essais au lieu de deux pour deviner sa véritable identité. Positive Rozenn.

-Oui, c'est vrai. » Reprends-ai-je.

J'ai besoin de réfléchir à tout ce qui s'est passé. J'ai besoin de savoir la vérité. J'ai besoin de retrouver toutes mes amies. J'ai besoin de partir loin d'ici. J'ai besoin que toute cette histoire s'arrête. A ce moment, je veux être n'importe où sauf ici.

Je ferme les yeux touche le cristal. Aussitôt, je me retrouve dans le champ de fleur. Je ressens le besoin de parler à Laure. Mais elle n'est pas là. Je réfléchis à haute voix aux derniers événements : « Comment en était-on arrivait là ? Quelle question ! D'abord Marine s'était sacrifiée. Puis Manon avait eu la malchance de tomber sur une troupe de sorciers et enfin notre piège pour La Sorcière qui s'était retourné contre nous faisant de Melle et Meryem des canards. Voilà comment on en était arrivé là ! Mais comment Sa Grandeur avait-elle deviné que c'était un piège ? Je sais qu'elle est loin d'être stupide. Mais notre plan était suffisamment élaboré pour qu'elle se laisse duper. Est ce qu'elle se serait procuré un autre cristal ? Avait-elle trouvé un autre moyen de savoir ce que l'on fait ? Depuis qu'Irène était là, des tas choses m'avaient paru étranges. Tout d'abord, elle n'avait rien fait pour nous empêcher de la libérer. Des patrouilles se baladaient dans le bâtiment et nous étions isolées du monde par un dôme. Jusqu'à présent La Sorcière avait tout fait pour nous retrouver et nous mettre hors d'état de nuire et là ne faisait plus rien. Non, je n'y crois pas. Pourquoi ne pas nous avoir empêchées de libérer Irène ? Pourquoi ne pas s'être servi de cette occasion pour nous piéger. »

Puis me remémorant les derniers événements, je comprends alors quelque chose : Si Sa Grandeur ne nous a pas empêcher de libérer Irène, si elle a su quel était notre plan, c'est à cause d'Irène. Non... Pas à cause mais parce qu'Irène et elles ne sont qu'une seule personne et même personne. Ce qui expliquait le comportement bizarre d'Irène. « Irène Art » est son vrai nom. A moins que ce ne soit « Catherine Mirène » ou quelque chose d'autre.

J'avais raison : La Sorcière ne nous avait jamais laissé du répit, elle avait trouvé un moyen plus efficace de se débarrasser de nous. Elle a décidé de ruser. Très bien, elle veut jouer à ce petit jeu, eh bien moi aussi.

Je ne dis rien à mes amies, je profite qu'elles discutent et m'empare de du cristal, des livres et des indices et je disparais. Sous les yeux incrédules de mes amies. Bon, ce n'est peut-être pas le meilleur plan. D'ailleurs, ce n'est même pas vraiment un plan. Mais de toute façon, j'ai besoin de plus d'indices pour découvrir le vrai nom de La Sorcière et concevoir un plan contre votre ennemi alors qu'il est dans la même pièce que vous et vous êtes sûre que ça ne fonctionnera pas. Alors, je n'ai rien à perdre.

Quelques secondes plus tard, je réapparais dans le sous-sol. Il doit y avoir des indices ici, puisque cet endroit date du commencement de leurs maléfices.

Je m'aventure entre les tuyaux et les cartons dans les enchevêtrements de pièces et de couloirs. Il fait sombre et je n'ai aucune notion du temps. Mais, il me semble que quelques minutes se sont écoulées depuis mon arrivée. Je ne vois toujours rien. J'ai l'impression d'errer dans les catacombes. Soudain, j'aperçois une porte à barreau. C'est sûrement les cachots. Peut-être trouverais-je des prisonniers qui pourraient m'aider. Je m'approche de la porte et la pousse. Elle n'est pas verrouillée. Elle s'ouvre en grinçant. J'entre dans le long et étroit couloir. Le corridor s'élargit un peu plus loin. Il y a une sentinelle. Je ne peux pas avancer plus sous peine d'être repérée. Je reste plantée là de longues minutes.

Enfin une idée, me viens à l'esprit. Je prends le grimoire et cherche une formule qui rend invisible. Je range l'épais livre et me rend invisible. Je marche jusqu'à la sentinelle et attaque par surprise. Je l'enferme dans une cage, la rétrécit et la range dans mon sac. Je redeviens visible et prend la apparence du gardien. A présent, je peux déambuler dans le long couloir sans être inquiétée.