For You

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On est dans un fast-food avec Tara, on mange tranquillement et on discute en même temps. On ne s'est pas vu depuis au moins un mois à cause de tous les problèmes et le job qu'on a eu. Elle n'a pas une vie facile elle non plus. Son père avait quitté l'Afrique pour une vie meilleure, il a rencontré sa mère, et ils avaient une vie meilleure, mais tout s'est arrêté d'un coup. Son père qui est parti, sa mère qui s'est suicidé, et ils ont laissés pour Tara deux petits frères, une grande soeur malade et un grand frère dealer pour leur ramener de l'argent. Chacun a son histoire dans ce quartier.

« - Alors, dis-moi ce qui t'a mit en rogne comme ça.

- Franchement, quoi qu'il arrive, ne te mêles jamais des affaires des autres, tu finiras par te retrouver seule dans la merde, tout comme ta copine.

- Que s'est-il passé ?

- Elva s'est fait violer par un blanc, il l'a manipulé en lui faisant croire qu'ils allaient sortir ensemble.

- Le salaud... Mais Elva n'a pas l'air d'être atteint par ça, je l'ai vu la dernière fois, elle allait plutôt bien.

- Pas vraiment. Au début, elle était très mal. Fernando et Lucas sont partis attraper le blanc, mais ses cousins se sont mêlés de cette histoire aussi, donc ça a fait un tout autre problème.

- C'est pour ça que Fernando s'est retrouvé au commissariat récemment, donc.

- Oui. Et l'un des cousins du violeur, il ne me lâche plus depuis qu'il m'a vu, il vient à chaque fois vers moi. Je l'ai donc frappé, et j'ai même fini au commissariat une nuit.

- Toi, il faut que tu m'appelles plus souvent ma chérie. Sans déconner, il faut vraiment qu'on arrête de se tuer au travail et se consacrer un peu de temps.

- C'est vrai.

- Mais c'est pour ça que tu étais énervé ?

- Non. Elva m'a dit qu'elle s'en fichait de cette histoire maintenant, et ça m'a énervé, et Fernando aussi m'a énervé à me donner des ordres. Tu sais comment je suis quand je suis énervée.

- Oh oui, je le sais ! Tu t'es énervé contre lui même s'il n'a rien dit, c'est ça ?

- Oui. Mais ça m'énerve en fait, je n'en peux plus. Avec ce blanc qui ne me lâche plus, c'est pire. C'est la première fois que je tombe sur ce genre de spécimen.

- Laisses tomber, Maria. Je te jure que tout va rentrer dans l'ordre, mais pour l'instant, concentre toi juste sur ton couple et ton job, tes seuls moyens de survie.

- Oui...

- Ça te dit de dormir chez moi ? Histoire de penser à autre chose.

- Je ne sais pas, je ne veux pas...

- Si tu dis le mot déranger, j'étale mon burger sur ta face.

- Et bien... Je vais venir alors. »

On rit toutes les deux, ça me fait énormément de bien de lui parler. Je sais que c'est la seule qui ne va pas me juger et la seule qui est assez mâture pour me comprendre. Elle me pose des questions sur ma famille, mais je préfère ne pas y répondre, je ne veux vraiment pas parler d'eux.