Chapitre 2

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Pour Katsuki, la suite des événements se passa comme dans un genre de rêve éveillé. Comme un robot, sans même s'en rendre compte, il quitta le lycée et prit le train pour rentrer chez lui. Ni le ronronnement des rails, ni le brouhaha de la rue résidentielle au crépuscule, ni le clac sourd de sa clé dans la serrure ne parvinrent à atteindre sa conscience. L'escalier de bois grinça sous son poids quand il monta dans sa chambre. Il referma la porte sans un bruit et lança son sac sur le lit. Celui-ci s'enfonça doucement dans le matelas.

Katsuki s'assit sur sa chaise de bureau, le regard toujours dans le vague et le dos courbé, avec encore une certaine difficulté à interpréter les signaux envoyés pas ses sens. Un sourire sardonique courut sur ses lèvres. Il aurait dû s'en douter. Il ne ressentait rien. Absolument rien. Même pas une piqûre de tristesse, ou de déception.D'après les téléfilms à la con que sa mère adorait, il aurait dû être complètement effondré, mais que dalle. Il allait très bien.Parfaitement bien.

« Ce n'était pas de l'amour, hein ? Juste moi qui ait déconné. »

Un contact chaud sur sa joue droite le tira de ses pensées. Il y porta la main, sentant effectivement une trace tiède et humide. Relevant le visage,il aperçut son reflet dans son écran d'ordinateur, et fut frappé de constater qu'il pleurait. Interloqué, il fixa les larmes qui coulaient de ses yeux, ruisselaient sur son visage et gouttaient de son menton, dans le silence le plus total. Mais pourquoi ?Lui-même ne se rappelait pas de la dernière fois où il avait pleuré, et il ne s'était rien passé qui, à son sens, méritait un tel débordement. Bon, il s'était fait rejeter, mais ça lui était égal. Il n'avait pas mal.

Ou peut-être qu'il avait mal. Juste un peu. Un minuscule, tout petit peu.

Katsuki réalisa soudain qu'il était incapable d'arrêter de pleurer. Plus il essayait, plus le flot se faisait dru et rapide. Il vit le visage de son reflet se tordre en une grimace.

« Merde, jura-t-il dans sa tête. Merde, merde, merde. »

- MERDE !

Son poing fermé s'abbatit sur le bureau avec violence. Katsuki força ses dents à rester serrées. Il ne se permettrait pas d'être plus pathétique, c'était déjà allé bien trop loin. Bien trop loin, et pourtant, ça ne commençait même pas à s'arrêter. Plus les secondes passaient, plus un désespoir sourd et lancinant l'envahissait, plus ses larmes coulaient, plus son corps tremblait.Il posa ses coudes sur le bureau et posa son visage dans ses mains.

« Je l'aime. Je l'aime, merde. »

Sa main gauche glissa sur la table, et se referma en un poing serré.

« Pourquoi lui ? Pourquoi, du monde entier, il a fallu que ce soit lui ? Je le déteste. Il me déteste. Et par-dessus tout ça, je l'aime. »

Il rejeta le visage en arrière, fixant le plafond, laissant ses larmes couler à l'horizontale. Un sourire sarcastique tordit ses lèvres.

- ...Tu trouves ça drôle ? Lança-t-il, sans vraiment savoir à l'intention de quoi.

Il sentit une rage sourde monter. Contre le sort, qui avait décidé de coller en lui ces sentiments, alors qu'il n'avait rien demandé. Contre le monde, qui avait fait qui les avait fait naître hommes tous les deux. Et surtout, contre lui-même, qui avait détruit de ses propres mains toutes les possibilités de futur. Contre sa stupidité, son aveuglement et son absence de self-control. Contre son incapacité à juste faire abstraction de ses sentiments. Contre l'impossibilité qu'il avait, même dans cette état pathétique, d'en vouloir à Izuku.

Il avait déconné. Il avait déconné, et tout était foutu. 

Overjoyed [Katsudeku/French]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant