Chapitre 11

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- ... C'est cette maison, à droite. 

Les cinq jeunes héros s'arrêtèrent devant le bâtiment indiqué par Sero. C'était un vieil édifice, qui semblait à l'abandon depuis peu : l'herbe du jardinet leur arrivait aux genoux, mais les murs et le toit étaient en bon état. Ils franchirent en quelques pas l'espace entre le portail et l'entrée et s'arrêtèrent devant la porte. Asui posa la main sur la poignée.

- On est arrivés jusque-là, murmura-t-elle pour ses camarades et pour elle-même. 

Lentement, elle ferma les yeux et prit une grande inspiration, avant de se retourner vers ses quatre condisciples.

- ... Tout le monde est prêt ?

Sero et Ojiro acquiescèrent, et Katsuki eut un grognement affirmatif. Izuku serra le poing pour tenter de contenir sa nervosité. Le plan s'était jusque-là déroulé sans accroc ; ils avaient réussi à acquérir les documents demandés par Nightmare Teller, et la diversion de leurs camarades leur avait permis de sortir de l'école par les toits sans être repérés. Toutefois, il avait un mauvais pressentiment. Les dossiers de tous les étudiants de Yuei avaient assez de valeur en terme d'information pour justifier une prise d'otage de la sorte, mais quelque chose sur lequel il n'arrivait pas à mettre le doigt le perturbait. Un détail dans le discours de Nightmare Teller sonnait faux. 

- Midoriya ?

L'appel d'Asui le sortit de ses réflexions. Il resserra encore un peu ses doigts. C'était de toute façon trop tard pour reculer.

- OK, dit-il en relevant le visage. 

- Alors on y va, annonça la jeune femme.

Lentement, elle tourna la poignée et ouvrit la porte.

~***~

Le premier à pénétrer dans la salle à manger fut Katsuki. Ses camarades le suivaient de près, l'un derrière l'autre à cause de l'étroitesse du couloir d'entrée. Lorsqu'il aperçut la silhouette de taille moyenne, enfoncée dans un sweat à capuche, qui leur tournait le dos, debout devant la fenêtre, il la mit immédiatement en joue. Un sourire carnassier tordit ses lèvres, alors que les quatre autres le rejoignaient dans la salle.

- Retourne-toi, enfoiré, cracha-t-il à l'inconnu.

- Je ne vous attendais pas si tôt, répondit ce dernier d'une voix rauque.

Il pivota sur lui-même, tournant vers les apprentis héros un visage dissimulé derrière un masque de Commedia Dell'Arte.

- Enfin, reprit-il, c'est vrai que plus vite on en aura terminé, mieux ce sera pour tout le monde. Vous avez les dossiers ?

Sero brandit ostensiblement le classeur qu'il portait.

- Bien. Viens me les donner, sans gestes brusques, et vos amis se réveilleront.

- Et qu'est-ce qui nous garantit que tu honoreras ta part du marché quand tu auras ce que tu veux ? l'apostropha Ojiro.

Nightmare Teller haussa les épaules.

- Absolument rien. Mais bon, si vous ne me remettez pas ces documents, ces deux-là vont mourir. Vous n'avez pas vraiment le choix, non ?

- J'ai le choix de cramer ta tête d'assassin, ici et maintenant, menaça Katsuki.

- Oh, tu ne veux pas faire ça. Crois-moi. Tu ne veux pas. Bon, Ruban Adhésif, les dossiers ? Je commence à m'impatienter.

Sero jeta un regard à Asui, qui l'enjoignit à avancer d'un signe de tête. Doucement, un pas après l'autre, il commença à progresser vers Nightmare Teller.

"C'est étrange, pensa Izuku. Dans ce genre de circonstances, on demande en général de poser l'objet de l'échange au sol, mais lui demande une remise de main à main. Il a peur de se faire agresser quand il se penchera pour récupérer le classeur ? Non, c'est stupide, il est en position de force, il sait qu'on ne l'attaquera pas. Est-ce qu'il n'est pas habitué à ce type d'échange ? Pourtant, dans la pègre, il a déjà dû en effectuer."

- Bien, commenta Nightmare Teller en voyant que Sero était à mi-chemin. Continue comme ça, et tes deux amis seront sauvés.

Izuku sursauta, frappé par une soudaine réalisation.

"Attends. Deux ? Pourquoi prendre deux otages ? Un seul aurait suffi, surtout qu'ils n'étaient pas au même endroit au moment où il les a mis dans le coma. Alors pourquoi deux ?"

Sero tendit le classeur devant lui, et Nightmare Teller tendit la main gauche pour le saisir. Le regard d'Izuku s'emplit de panique quand il aperçut un crépitement d'électricité noire sur la main droite de l'assassin.

- Sero, RECULE ! hurla-t-il le plus vite possible.

Le jeune brun ne mit qu'une fraction de seconde à réagir, mais c'était la fraction de seconde de trop. Son corps, privé de réponse nerveuse, s'écroula au sol comme un pantin désarticulé. Sa tête heurta violemment le plancher de la salle. Pendant quelques instants, il parut s'accrocher à sa conscience, le regard fixé sur ses camarades.

Puis ses lèvres s'entrouvrirent, articulèrent un excuse muette, et ses yeux se fermèrent.




Overjoyed [Katsudeku/French]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant