Deux jours plus tard
L'odeur d'antiseptique dans l'air. Le blanc omniprésent. Les cernes creuses sous les yeux des infirmiers. Et surtout, le va et vient constant des patients, des familles et du personnel. Izuku ne se souvenait pas exactement quand il avait commencé à être habitué à tout ça. Il serra nerveusement les lanières de son sac à dos et se força à avancer dans le couloir. D'habitude, c'était lui qui était blessé et qu'on venait voir, mais pas cette fois. L'ambiance de l'hôpital en semblait complètement changée, oppressante, presque fataliste. Il se demanda si toutes les personnes qui lui avaient rendu visite quand il était allongé dans un des lits qu'il pouvait apercevoir par les portes entrouvertes avaient ressenti la même chose.
Il descendit lentement un plan incliné pour arriver devant la dernière porte du couloir. Hésitant, il resta quelques instants planté devant le battant gris-brun, sans oser le pousser. Peut-être qu'il valait mieux ne pas y aller tout de suite. Peut-être que ce serait moins dur si il n'était pas seul. Uraraka pourrait l'accompagner. Ou Iida. Ou même Todoroki. Mais il secoua la tête, et se claqua les joues pour se reprendre. Il faudrait bien qu'il arrête de reculer un jour. Une grande inspiration, fit tourner la poignée, et poussa la porte.
Le soleil de l'après-midi, exceptionnellement brillant, entrait par la fenêtre ouverte et transperçait les rideaux à moitié ouverts, baignant la chambre et les trois lits alignés d'une lueur chaude. Izuku regarda tour à tour Sero, Kirishima, puis Jiro. Vêtus de leurs habits d'hôpital, ils reposaient calmement, les yeux fermés, la respiration régulière. L'atmosphère de la pièce était si paisible, si ce n'avait été les perfusion plantées dans leurs bras et les masques à oxygène couvrant la moitié inférieure de leurs visages, on aurait presque pu dire qu'ils dormaient. Izuku, absorbé par la scène, sursauta en prenant conscience de la silhouette qui se tenait debout, à la gauche des lits.
- Ka... Kacchan, bredouilla-t-il en fermant la porte derrière lui. Je ne t'avais pas vu.
Le jeune blond ne répondit pas, se contentant de jeter un regard indéchiffrable à son interlocuteur. Izuku s'avança jusqu'au pied du lit de gauche, pour ne pas rester dos à la porte. Le silence flotta dans la pièce un moment, avant que le garçon aux cheveux verts ne le brise.
- Ta jambe...
- Recovery Girl s'en est occupée, répondit Kastsuki sans le regarder. Je sors demain.
- ... D'accord.
Ce fut la fin de leur échange. Izuku tourna son regard vers ses amis immobiles, et il ne put plus le décoller. Et plus il les observait, plus son cœur se serrait en remarquant la myriade de petits détails qui différaient de l'ordinaire. Kirishima n'avait pas sa coiffure en piques, et il semblait presque une autre personne sous certains angles. Jiro aussi - la voir sans ses accessoires rock tirant sur le tape-à-l'œil était suffisamment inhabituel pour laisser une impression amère. Et Sero, rien que la disparition de son sourire joueur le changeait complètement. Et pourtant, leurs expressions étaient si calmes, leurs respirations si tranquilles...
- C'est comme si ils allaient se réveiller à l'instant, murmura Izuku.
Il comprit au regard que lui lança Katsuki qu'il avait pensé à voix haute. Il allait s'excuser par réflexe, mais l'expression dure de son interlocuteur l'en dissuada.
- Arrête tout de suite, gronda ce dernier en plantant un regard glacial dans celui du jeune garçon.
- Arrêter quoi ? demanda ce dernier, ne voyant pas vraiment à quoi il faisait référence.
- De les sous-estimer. Ils ne sont pas morts, et ils ne vont pas mourir. Ils valent mieux que ça.
C'est à ce moment exact qu'Izuku craqua. Avant qu'il n'ait pu le réaliser, ses joues étaient baignées de larmes et son corps était secoué de sanglots. Tout était en train de remonter, les souvenirs de ses amis, la frustration de n'avoir rien pu faire, l'horreur de les voir dériver lentement vers une mort certaine. La maigreur inhabituelle de leurs corps perfuséssous leurs habits d'hôpital, qu'il avait fait semblant de ne pas voir. Les parents de Jiro, sortant de l'hôpital, qu'il avait fait semblant de ne pas reconnaître. Il tenta de chasser l'eau en se frottant les yeux, mais ça ne fit qu'aggraver le problème. C'était trop. "Ils ne vont pas mourir", c'était la chose la plus irresponsable et naïve à penser. C'était s'enfermer inutilement dans une illusion confortable, et la chute en serait d'autant plus violente.
Et pourtant, c'était exactement ce dont il avait besoin. Que quelqu'un garde l'espoir jusqu'à la fin. Qu'il lui dise que tout irait bien. Qu'il ne laisse pas tomber. Qu'il continue à croire en ses camarades, quand bien même ils se trouvaient immobilisés sur un lit d'hôpital, sans aide possible de l'extérieur. Quand bien même ils doivent affronter un alter qui avait tué toutes ses victimes avant eux. Tant que leurs cœurs battaient, ils pouvaient se battre. Ils allaient se battre. Et ils allaient gagner.
- Pourquoi tu pleures, encore... grommela Katsuki, sans défroncer les sourcils.
Izuku força sa respiration à reprendre un rythme normal, ses sanglots à cesser. Le flot de pleurs ralentit un peu.
- Pour rien, répondit-il doucement.
Et il sourit. Laissant les larmes couler une fois pour toutes, il se força à afficher un sourire radieux. Tout irait bien.
Tout irait bien.
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Overjoyed [Katsudeku/French]
أدب الهواةUne déclaration d'amour, c'est compliqué pour tout le monde. Encore plus pour Katsuki, qui n'est pas du genre à montrer ses sentiments. Forcément, il stressait. Il avait passé un temps incroyable à imaginer la scène dans sa tête, à envisager toutes...