Chapitre 8

3.9K 360 76
                                    

Les professeurs, en sortant, avaient laissé une atmosphère lourde et étouffante dans la classe. Bien que la plupart des étudiants soient réunis dans la salle, chacun se sentait désespérément seul. Seul avec le fait que deux d'entre eux manquaient à l'appel. Seul avec les "pour l'instant", les "peut-être", les "aucun ne s'est réveillé avant". Seul face à la violence crue de la réalité, qui lui semblait à chaque incident devenir plus sombre, et plus irrémédiable.

- Putain, on va quand même pas rester assis sans bouger ! beugla brusquement Katsuki en envoyant un coup de poing dans le mur.

- Et tu veux qu'on fasse quoi ?! lui hurla Iida en retour, comme un élastique sur lequel on a trop tiré claque.

Asui, assise devant lui, lui envoya un regard pour lui faire comprendre qu'il devait se calmer. Le garçon sembla soudain prendre conscience de son propre état d'énervement, et reprit d'un ton moins agressif, mais tout aussi amer :

- Tu l'as bien vu en arrivant, il y a des héros pros tout autour de l'école. Pour nous protéger. Tu crois qu'ils vont nous laisser sortir ? Tu comptes les tabasser, eux aussi ? Puis débusquer Nightmare Teller et le capturer par toi-même ? Si on nous force à rester enfermés, c'est pour une bonne raison. On ne peut pas. On n'est pas encore prêts. 

- C'est pas une question d'être prêts ou non ! feula Katsuki en direction de son délégué. Sans nous, c'est foutu, ils le trouveront jamais ! 

- Arrête de te croire plus fort que tous le monde ! gronda sourdement Iida. Si les pros échouent, il n'y a aucune raison pour qu'une classe de premières années fassent mieux !

- Parce qu'il nous cherche, fit la voix d'Izuku.

Les deux belligérants se turent brusquement, surpris par l'intervention du garçon. La classe redevint soudainement très silencieuse. Tous attendaient qu'il poursuive.

- Nightmare Teller a réussi à leur échapper pendant des années, reprit Izuku, le regard sautant de l'un à l'autre de ses camarades. Il sait parfaitement comment disparaître. Il ne prendra jamais le risque de s'exposer, encore moins si il se sait recherché. Les chances pour les héros de le retrouver sont quasiment nulles en l'état. Sauf qu'il nous vise, nous en particulier. En se servant de l'un ou de plusieurs d'entre nous comme appât, on pourrait au moins le faire hésiter, voire même le pousser à sortir. Kacchan a raison, ils n'y arriveront pas sans nous. 

- Midoriya... murmura Ashido. Si on leur explique ça... Ils nous laisseront les accompagner ? Ça ne me dérange pas de jouer les appâts, s'il le faut. Je veux juste...

Sa voix mourut doucement dans sa gorge avant la fin de sa phrase. Ce fut Tokoyami qui répondit à sa question, tout en gardant le regard vissé à son bureau.

- Je pense que l'école, et les héros pros, le savent très bien.

Izuku acquiesca, le regard lourd et le poing serré sous la table.

- Ils ont simplement... choisi l'alternative que impliquait de mettre en danger un minimum d'entre nous. Même s'il s'agit de la plus dangereuse pour eux, pour Jiro et pour Kirishima.

- Hé, fit Kaminari, incrédule. On délire complètement, là. Vous allez pas me faire croire que les pros sont actuellement en train de traquer un criminel qu'ils savent très bien ne pas pouvoir capturer.

- Ils peuvent, murmura Izuku. Dès que Nightmare Teller pensera que la traque s'est relâchée, il viendra finir ce qu'il a commencé, et les héros le neutraliseront. Seulement...

- Seulement il sera putain de trop tard, cracha Katsuki. 

- ... Du coup. Qu'est-ce qu'on peut faire ? fit Hagakure, la voix tremblante.

- Si on y va seuls, posa Todoroki, on ne le trouvera sûrement pas, et même si c'est le cas, on mourra. Si des héros pros sont avec nous, Nightmare Teller ne prendra probablement pas le risque de les affronter. Si quelqu'un a une idée, c'est le moment ou jamais.

Un silence résigné s'abattit sur la salle. Rien. Ils ne pouvaient rien faire. Rien à part attendre, s'inquiéter, et laisser la frustration les rendre fous.

Et puis, un portable vibra. Un autre bippa. Puis un autre. Et encore un autre, jusqu'à ce que les dix-huit téléphones des dix-huit élèves aient bougés. Izuku alluma son écran, regardant l'unique notification affichée. Un regard circulaire lui confirma que chacun de ses camarades en avait une identique.


1 nouveau mail :

Chère classe 1-A - Expéditeur non enregistré

Overjoyed [Katsudeku/French]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant