Chapitre 18

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Izuku réagit au quart de tour et se précipita sur Ai pour l'immobiliser. Ochako, qui était plus près, atteint la jeune femme avant lui et lui tordit le poignet, lui faisant lâcher son arme.

- Ai ! s'écria-t-elle. Ça va pas ? Pourquoi t'as fait ça ?

L'intéressée cligna des paupières.

- De quoi tu parles, Ochako ?

- Enfin, tu viens de tirer sur Deku ! Et où t'as eu ce pistolet, d'abord ?

Ai planta son regard dans celui de la jeune héroïne, l'air perdue.

- Ochako, je ne ferais jamais une chose pareille. Tu le sais, hein ? Tu me fais confiance.

L'expression d'Uraraka devint plus hésitante, et sa prise sur le bras d'Ai se desserra un peu.

- Mais... Le pistolet...

- C'est juste un jouet. Complètement inoffensif.


Les yeux d'Izuku s'agrandirent d'incrédulité. Ochako, elle, desserra encore un peu plus sa main.

- J'ai bien vu une balle partir, pourtant... Et le bruit... murmura-t-elle.

- Tu as rêvé. Ochako, je suis ta meilleure amie, pourquoi je ferais ça ?

L'expression d'Ochako se détendit totalement, et, sous le regard médusé d'Izuku, elle lâcha la jeune femme, ramassa son arme et la lui tendit en se frottant la nuque nerveusement.

- Tu as raison. Je suis vraiment stupide, parfois, désolée, s'excusa-t-elle en riant.

- Ne t'inquiète pas, fit Ai en prenant le pistolet et le pointant droit vers la tête d'Izuku. Tout le monde peut se tromper.


Le jeune héros, choqué par le surréalisme de la situation, réagit une demi-seconde trop tard. Si Katsuki ne s'était pas jeté sur lui pour le plaquer au sol, le coup de feu aurait très certainement signé la fin de sa carrière en tant que détenteur du One for All. Le blond se releva aussitôt, et s'avança vers Ai, les paumes de ses mains en avant en un geste menaçant. Celle-ci se cacha derrière Ochako, qui n'avait pas esquissé un mouvement, même pas un sursaut au coup de feu.

- Ochako, murmura Ai, ils sont bizarres, tes amis.

Izuku, qui s'était relevé aussi rapidement que possible, se plaça à côté de Katsuki. Ses bras étaient levés en garde, et il gardait les yeux fixés sur la jeune femme, prêt à réagir à tout nouveau coup de feu. Ochako leva les bras, paumes tendues, en un geste d'apaisement.

- Deku, Bakugou, fit-elle avec un sourire rassurant. Calmez-vous, c'est juste un jouet. Ai ne vous ferait jamais de mal.

- Elle vient de tirer avec ce « jouet », cracha Katsuki. Directement vers la tête de l'autre abruti.

- C'est ce que je croyais aussi, répondit Ochako, qui semblait parfaitement détendue malgré la tension palpable dans la pièce. Mais c'est pas possible, on a dû halluciner.

- Uraraka... fit Izuku d'un ton calme, mais teinté d'anxiété. Personne n'hallucine des coups de feu brusquement, encore moins trois personnes en même temps. Cette fille est dangereuse et tu n'es pas dans ton état normal.


Le sourire d'Ochako s'effaça. Ai s'accrocha à la manche de la jeune héroïne, et murmura plaintivement :

- Ochako... Tu me crois, hein... Tu me fais confiance, n'est-ce-pas ?

- Sourcils, dégage de ma ligne de tir, gronda Katsuki d'un ton menaçant. Maintenant. Ou je te crame avec elle.

L'espace d'un instant, Ochako sembla hésiter. Puis son visage se durcit, et elle serra les poings à s'en faire blanchir les jointures.

- Je te crois, souffla-t-elle. Ne t'en fais pas, je te crois.

Elle releva les yeux, plaça un bras devant Ai en une posture protectrice, et reprit d'un ton amer :

- Je ne sais pas ce qui vous arrive, à tous les deux. Mais si vous croyez que je vais vous laisser faire du mal à mon amie, vous vous trompez lourdement.


Izuku, légèrement en retrait, jaugeait silencieusement la situation, mais pas sans une grosse boule d'appréhension au ventre. Ochako était clairement sous l'emprise d'une forme de contrôle mental, mais elle n'en était pas moins résolue à se battre. Et dans un bâtiment encombré, comme c'était le cas, elle avait clairement l'avantage sur lui comme sur Katsuki. Cette « Ai », si c'était seulement son vrai nom, avait bien préparé son coup : la personne manipulée était celle qui avait l'alter le plus pratique, le réseau téléphonique était coupé, et malgré les coups de feu, aucun bibliothécaire ni lecteur tardif n'était venu voir. Izuku était prêt à parier que les portes et les fenêtres avaient été condamnées.

La fuite était exclue, donc. Appeler des renforts aussi. Ils allaient devoir se débrouiller à deux – enfin, trois s'ils réussissaient à sortir Uraraka de cette espèce d'hypnose, quoi que c'était. « Quand, se corrigea le jeune héros. Quand on réussira. ». Aider la jeune femme était la priorité absolue. Restait à voir comment. Izuku banda discrètement ses muscles, sans quitter des yeux les deux jeunes femmes. Ai, toute cachée derrière Ochako qu'elle était, n'en tenait pas moins fermement la crosse de son arme. Leur attention était dirigée sur Katsuki, qui les menaçait toujours de sa paume ouverte. Izuku prit une grande respiration, compta jusqu'à trois, et courut de toutes ses forces.

Il attrapa Katsuki par le bras et sans s'arrêter, l'entraîna de force sur quelques mètres avant que l'autre ne se décide à coopérer et à courir. Le jeune héros entendit le sifflement de balles au-dessus de sa tête, et il accéléra encore. Il ne savait pas s'ils étaient poursuivis ; dans le doute, il slaloma entre les étagères, avant de plonger sous un bureau. Katsuki fonça à sa suite, se cognant la tête au passage.

- Kacchan ! chuchota Deku, surpris par la puissance de l'onde de choc qu'il avait senti via le meuble. Est-ce que ça va ?

- Ta gueule, grogna l'intéressé à voix basse, en se massant le front.


Ses yeux brillaient un peu à cause des larmes réflexes, et il se retenait visiblement très fort d'hurler tous les jurons qu'il connaissait. Comme pour compenser, sa voix quand il reprit était encore plus agressive que d'habitude malgré son volume bas.

- C'est quoi ce plan de merde ? Je gérais la situation, crétin.

- ...Mais tu bluffais, murmura Izuku en le regardant droit dans les yeux. N'est-ce pas ?

Katsuki fronça les sourcils encore plus et claqua de la langue, agacé d'avoir été percé à jour si facilement.

- On est dans une putain de bibliothèque, cracha-t-il a mi-voix. Avec de la saloperie de moquette. Une étincelle touche le sol, tout le bâtiment crame et nous avec. Dans tous les cas, si elles nous trouvent avant qu'on ait dégagé de sous cette foutue table, on est morts. T'as intérêt à avoir un putain de plan.

Izuku ascquiesca avec un sourire nerveux.

- C'est assez basique, mais j'ai une idée.

Overjoyed [Katsudeku/French]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant