12. RETOUR (Partie XVI)

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Aro, par amour de la convoitise, l'aurait gardée avec lui tant que sa curiosité l'aurait poussé à le faire. Mais une fois que son évolution n'aurait plus constitué aucun intérêt pour lui, il l'aurait immédiatement éliminée.

Une autre idée vint tout de suite remplacer celle qui venait de m'apparaître comme étant la seule possible quelques secondes plus tôt. Aro aurait peut-être tout simplement gardé Renesmée comme le trophée de notre liquidation. Il l'aurait fait intégrer son clan en tant que membre à part entière - un membre unique en son genre.

J'essayai de me persuader que Renesmée n'aurait jamais accepté une telle chose, mais une petite voix en moi me fit voir les choses sous un autre angle, un angle que je n'aurais jamais osé envisager avant cette révélation. Qui sait ce qu'Aro avait ou aurait bien pu raconter à ma fille ? S'il lui avait fait remarquer que personne n'était venu à sa recherche ?

Car je n'avais aucun doute que les deux visites que nous avions effectuées en Italie ne lui avaient pas été rapportées. S'il le lui avait répété pendant plusieurs années et qu'elle avait constaté qu'il avait effectivement raison - parce que nous ne serions plus là pour lui démontrer le contraire ?

S'il avait prétexté qu'il l'avait arrachée de nos mains parce que nous étions des criminels - peu importait le crime, je savais Aro assez fort pour trouver n'importe quel prétexte susceptible de faire l'affaire - et que nous ne l'aimions pas réellement, preuve à l'appui ?

Renesmée se serait peut-être laissée convaincre au fil des années, oubliant la première année de son existence qu'elle avait passée avec nous, croyant finalement que nous l'avions purement et simplement délaissée, sans aucun remord.

C'était certainement ce qu'il se serait passé, j'en étais certaine à présent que cette idée avait pris naissance en moi. Je fus tout à coup au bord de l'explosion, entrant dans une colère dont la violence me transcenda. Je vis bien que je n'étais pas la seule à être en proie à une rage meurtrière.

Il émanait d'Alice et de Jacob une hostilité que je ne leur avais encore jamais connue, certains qu'ils étaient de n'avoir été que des pions sur l'échiquier d'Aro. Emmett et Rosalie affichaient une indignation mêlée de colère alors que Carlisle et Esmée étaient tout simplement en état de choc. Leur nature généreuse et pacifique ne pouvait concevoir une telle monstruosité.

Jasper, lui, était le seul qui semblait rongé par l'inquiétude et je compris qu'il ne craignait, non pas les Volturi, mais notre réaction à nous tous, en raison de la violence de nos émotions. Je fixai Edward droit dans les yeux et y vis cet éclat féroce et meurtrier qui ne devait être que le reflet du mien.

Je continuai de monter en pression et ma colère atteignit bientôt le paroxysme de sa férocité. Le trou noir ne se cantonnait plus à ma poitrine désormais. Il était d'une telle puissance qu'il s'étendait à tout mon être. Cette fois, je n'étais plus habitée par un trou noir. J'étais ce trou noir. Jasper devait sérieusement commencer à s'inquiéter au vu de son expression.

- Calme-la, Edward, le conjura-t-il, de peur que je ne commette un acte stupide.

- Je vais le tuer, hurlai-je presque en détachant chacun de mes mots. Je vais les tuer. Tous.

- Tous, répétèrent mes frères et sœurs, avec une unité que ne les rendait que plus menaçants encore.

- Un à un, précisa Jacob.

- Ce n'est pas comme ça que nous devrions agir à mon avis, tempéra Edward.

Carlisle lança un regard étonné mais néanmoins admiratif à son fils.

- Tu plaisantes, j'espère ? grognai-je rageusement.


TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant