TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 2)

14. ARO (Partie XV)

Le visage de l'assassin prit un air peiné avant qu'un éclat de rage féroce ne traverse son regard.

- Tout ça, c'est de ta faute, loup ! explosa-t-il. Tu es peut-être parvenu à tes fins, mais je ne te laisserai pas t'en tirer aussi facilement ! Emparez-vous de lui !

Le geste que fit alors Caïus à ce moment-là me prit totalement au dépourvu. Il arrêta de la main la garde qui avait réagi par automatisme à l'ordre de l'ancien, sans vraiment y songer.

- À quoi joues-tu ? s'emporta davantage Aro, outragé par cette trahison.

Un silence pesant lui répondit. Au bout de plusieurs secondes, la voix de Marcus s'éleva de nouveau.

- Le temps n'est qu'une illusion, murmura-t-il comme s'il réfléchissait, en reprenant une parole qu'avait eu Aro quelques instants auparavant.

- N'en doute pas, s'empressa de lui répondre Aro, en s'accrochant à l'espoir d'avoir enfin réussi à le ranger de son côté.

- Mais les illusions ne durent qu'un temps, rétorqua-t-il avec un sourire ironique.

Il lança un dernier regard à Edward, qui se raidit imperceptiblement. Je n'eus pas le temps de me demander pourquoi, puisque Marcus m'apporta de lui-même la réponse. Avec une célérité que je ne lui aurais jamais prêté, il se glissa derrière Aro et coinça la tête de l'ancien au creux de son coude.

Tombant à genoux, le traître n'offrait qu'un visage suppliant au reste de ses condisciples. L'action avait été si rapide et les faits si extraordinaires, qu'aucun d'entre eux ne songeait même à bouger. Caïus se leva.

J'eus un sourire intérieur en réalisant que j'avais sous les yeux le même spectacle - à quelques nuances près - que celui que je leur avais offert lors de mon dernier passage. Les cœurs des trois hybrides présents dans la salle s'accélérèrent - aucun d'entre nous ne doutait plus de ce qu'il allait se produire.

- Tu as trop longtemps joui seul des pouvoirs que notre situation nous conférait, conclut Marcus. Tu nous as manipulés jusque dans nos décisions, nous laissant chaque fois croire que nous avions le choix, n'hésitant pas à te servir des uns et des autres contre nous-mêmes. Seulement pour te servir. Je n'ai été absent que trop longtemps. Tu as détruit tout ce que nous avions bâti ensemble pour te rendre seul maître d'une confrérie prête à répondre à la moindre de tes exigences. Il est temps de remettre de l'ordre dans tout ça, de reconstruire les valeurs qui étaient les nôtres, sans que ta soif de pouvoir ne vienne nous enlever cela une nouvelle fois. Chacun doit reprendre et rester à la place qui lui est désignée. Nous ne pouvons pas utiliser les dons de chacun pour des actions inutiles, qui n'ont pour seul but que de te permettre d'asseoir ta suprématie et de t'accaparer un nouveau membre que tu convoites. Ces talents ne doivent nous servir qu'à punir ceux qui le méritent. Tu revendiques sans cesse la protection qu'ils nous offrent en ces lieux, mais la menace n'a jamais été.

- Marcus, implora le damné d'une voix d'outre-tombe.

- Et ne sera jamais plus.

Les traits durcis, Marcus raffermit sa prise et arracha la tête d'Aro. J'eus juste le temps d'intercepter le regard effrayé que celui-ci nous lança, avant que son corps inerte ne retombe dans un bruit sourd sur la pierre. Le cri étouffé de Renesmée nous épargna celui du choc que provoqua la rencontre de la tête de l'ancien avec le sol.