VI ○ Parfois, les efforts ne suffisent pas.

356 44 24
                                    

La porte de l'appartement de Claire claqua dans le silence de la fin de journée. Il était plus de vingt heures, mais le soleil commençait seulement à descendre sur l'horizon. Il baignait encore l'appartement dans une douce lumière.

Elle avança dans le salon et fut accueillie par une petite boule de poils roux. Le chaton se frottait contre ses jambes en miaulant. Claire sourit et se baissa pour le prendre dans ses bras.

– Bonsoir chaton.

Le petit Achille frottait sa tête dans le cou de sa maîtresse en ronronnant.

– Tu as faim ?

Elle le reposa sur le sol et eut pour réponse à sa question un long miaulement.

– Je pense que ça veut dire oui.

Elle se dirigeait vers la cuisine quand la sonnerie de la porte d'entrée retentit dans l'appartement. Achille s'enfuit en courant dans le couloir qui menait aux chambres, la queue basse et les oreilles plaquées en arrière. Claire soupira ; qui pouvait bien avoir la merveilleuse idée de venir sonner chez elle à huit heures du soir, en semaine, et sans la prévenir ?

Elle risqua un coup d'œil dans le judas pour identifier son visiteur, et soupira de nouveau. Cette touffe de cheveux noirs et frisés était reconnaissable entre mille. Claire ferma les yeux et appuya son front contre la porte. Pourquoi lui ? Qu'est-ce qu'il faisait là encore ? Elle n'avait pas le courage de lui parler ce soir, mais finit tout de même par ouvrir après un second coup de sonnette, non sans lever les yeux au ciel.

– Salut, Yannis.

Elle s'appuya lourdement contre l'encadrement en bois de la porte et croisa les bras sur sa poitrine, soutenant sans ciller le regard noir et brillant de son ex petit ami.

Cela faisait déjà plus d'un an qu'ils avaient rompu, mais il revenait toujours inlassablement à la charge. En vérité, elle savait pertinemment que Yannis était le petit ami parfait. N'importe quelle fille rêverait d'un petit copain comme lui. Il était gentil, drôle, attentionné... mais bien trop attentionné pour Claire. Elle était tombée amoureuse, certes, mais étant le genre de fille à avoir besoin de liberté dans une relation, avoir ce garçon – aussi adorable fût-il – dans les pattes vingt-quatre heures sur vingt-quatre était très vite devenu littéralement invivable. Elle s'était sans mal faite à l'idée qu'ils n'étaient pas faits pour être ensemble, mais lui n'avait jamais digéré leur rupture.

– Qu'est-ce que tu fais là ? s'enquit-elle en étouffant un énième soupir.

Le sourire de Yannis sembla se renfermer un peu, sans disparaître pour autant. Peut-être avait-elle parlé trop froidement ? Il baissa les yeux le temps d'une seconde, réfléchissant certainement à une réponse à donner.

– Hum, et bien...

Il paraissait anxieux et faisait nerveusement rouler sa lèvre entre ses dents tout en tortillant ses doigts entre eux. Le tout sans la lâcher une seule seconde du regard.

– C'est tellement compliqué..., soupira-t-il d'une voix faible, presque inaudible.

– Compliqué ? Qu'est-ce qui est compliqué ?

« Si m'expliquer ce que tu fiches devant chez moi à huit heures du soir est si difficile, pourquoi t'entêtes-tu à venir ? » pensa-t-elle pour elle-même. Malgré tout, elle ne prononça pas ces paroles à voix haute.

– Vivre, hésita Yannis. Vivre sans toi. C'est compliqué. Tu me manques tellement tu sais...

Sa voix tremblait et il avait du mal à aligner correctement ses mots. Il était presque au bord des larmes.

AlogieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant