Partie 13

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Il dit amèrement :
《 - Je suis heureux de ne plus être le seul à m'en souvenir.
- Qui était-il ?
- Euh, le scientifique royal...
- Non, mais je te parle de... Par rapport à nous ? Quel était son but ? Et... Que lui est-il arrivé ? 》
Son air s'assombrit.
《 - Il... Il était mon géniteur.
- Oh. 》
Je ne parviens pas à dire quoi que ce soit d'autre.
《 - Il était... Fou. Je crois que c'est ça. Il ne cessait de faire des expériences, principalement en ce qui concerne les humains, surtout sur la détermination. Il... 》Sans soupire douloureusement.《 J'étais son principal cobaye. J'ai toujours voulu protéger Papyrus de tout ça, alors j'ai fait en sorte qu'il montre le moins possible ses pouvoirs. Il ne s'est jamais vraiment entrainé. 》
Il marque un temps avant de reprendre.
《- En fait, je crois que ces expériences aidaient vraiment Gaster à comprendre certaines choses. Je crois que sans ça, il n'aurait jamais pu construire quelque chose d'aussi incroyable que le core. Mais... Utiliser des enfants... 》Il se crispe.
J'ai comme l'impression de déterrer une très sombre histoire. Je m'en veux de faire revivre tout ça à Sans.
Mais j'ai besoin de savoir.
《 - Qu'est-ce qu'il te faisait ? 》
Il se retourne vers moi, l'air interrogatif.
《 - Tu ne te souviens pas ?
- Euh, moi ?
- Oui. Il t'avait aussi prit comme cobaye. Il nous faisait exactement la même chose, à tous les deux. Pour voir comment réagirait un monstre et un humain.
- Je... 》

*Une présence me fait sursauter. C'est encore le petit squelette.*
- Pourquoi tu pleures ?
- C'est lui... Le docteur... Il m'a fait mal... J'ai super mal aux yeux...
- Au deux ? Moi, ça me faisait surtout mal au gauche.
- Est-ce-que tu crois que je vais devenir aveugle ? J'ai peur...
- Non, je ne pense pas. Ça fait juste mal. Ta mère t'attends, tu devrais aller la voir.
- Je ne veux pas qu'elle me voit pleurer.
- Alors arrête de pleurer.
* Il est dur, mais il a raison. J'essuie mes joues.*

J'ai soudain mal aux yeux. Une larme roule sur ma joue, que je m'empresse d'essuyer.
《 - Oh, Sans, j'ai... J'avais oublié ça...
- Ça ne m'étonne pas. Tu étais encore plus jeune que moi. Tu... T'as eu une sorte de souvenir ?
- Oui... J'avais mal aux yeux, je pleurais, et toi tu venais... C'était quoi, cette histoire avec les yeux ? 》
Il  " allume " son œil bleu.
《 - D'où je tiens ça, d'après toi ? Il me semble qu'il avait... Injecté quelque chose dedans. De la détermination, probablement.  》
Je frissonne.
《- C'est... Horrible... Mais comment ça se fait que toi tu aies un œil... Comme ça, et pas moi ?
- Comment ça, pas toi ? Je veux bien croire que tu ne t'es jamais regardée en utilisant ta magie, mais tu ne vas pas me dire que tu n'as jamais remarqué que tes yeux brillaient ?
- Quoi ?
- Quand tu utilises ta magie, tes yeux ne changent pas de couleur comme moi, mais ils font une sorte de lumière rouge !
- Je ne savais pas. 》
C'est... Surprenant.
《- Tu dois être habituée.
- Ça me semble si logique, maintenant... J'ai rêvé que j'étais attachée à une table, et qu'une voix me disait que tout allait bien se passer, et... 》Ma voix s'étrangle.
《 - C'est si étrange... 》Murmuré-je.
《  - Je sais. 》
Je me redresse.
《 - Et où est-il maintenant ? 》
Il déglutit.
《 - Un jour... Il travaillais depuis des mois sur une machine... C'était quelque chose d'énorme, qui demandait une quantité d'énergie incroyable. Et... Elle est devenue instable. Elle allait exploser, et il a tenté de limiter les dégâts. Il s'est sacrifié.
- A quoi servait cette machine ?
- Elle était censée pouvoir rejoindre des Timelines différentes de la notre. Quand tu fait un Reset, tu reviens dans le temps, pas vrai ? Eh bien imagine qu'en fait tu est téléportée sur un autre plan de réalité. Et que le monde que tu viens de quitter existe encore... Sans toi. 》
J'écarquille les yeux.
《 - Ça voudrait dire que... Quelque part...
- C'est juste une théorie, Chara. Mais cette machine a ouvert un portail. Ça menait quelque part. Mais où ? 》Il soupire.  《 Je ne sais même pas si Gaster est mort. Il a juste disparu. 》
C'est presque effrayant. De se demander où il est.
Soudain, une horrible douleur me vrille le crâne. Je lâche un cri et me prend la tête à deux mains, les yeux fermés.
J'entends à peine Sans crier mon nom. Ce que j'entends très bien en revanche, c'est une voix grave, qui résonne dans ma tête, dire une phrase :

C ' E S T   I M P O L I   D E   P A R L E R   D E   Q U E L Q U ' U N   Q U I   É C O U T E .


《 - Qu'est-ce que... Pourquoi ?! 》 Dis-je.
Je crois que je l'ai même crié, pour couvrir le bourdonnement qui emplit mon crâne.
La douleur s'apaise petit à petit.
《 - Chara ! Qu'est-ce-qu'il t'arrive ? Réponds moi !
- Ça va... Ça va. 》
Non, c'est faux. Il n'y a rien de plus faux.
Je soutient le regard paniqué de Sans, tente de dire quelque chose... Et craque.
Je fond en larmes dans les bras de Sans.
C'est trop. Je ne peux plus me convaincre du contraire : c'est trop pour moi.
Pourquoi la surface semblait-elle si attirante vu d'en bas, alors que c'est dix fois pire depuis que nous y sommes ?
Les cauchemars, les souvenirs, les disputes, les problèmes, et maintenant ça.
La tête baissée, je n'arrive pas à faire quoi que ce soit d'autre que pleurer.
Je suis juste... Malade de devoir tout supporter.
J'ai l'impression d'être écorchée de partout, et je ne dis rien à personne pour qu'ils ne se fassent pas blesser aussi.
Sans ne dit rien, et je sais que c'est parce-qu'il comprend, qu'il est la seule personne à pouvoir me comprendre, parce-qu'il à sûrement vécu quelque chose de semblable.
J'aimerais lui dire à quel point je suis désolée de lui avoir fait subir tant de souffrances, et même maintenant, je continue d'être un poids pour lui, quoi qu'il en dise. Mais les mots s'embrouillent tellement dans ma tête que je suis incapable de sortir quoi que ce soit.
Il me caresse doucement la tête.
《 - Ça ira. 》Finit-il par dire simplement.
Je hoche la tête, en séchant mes larmes du mieux que je peux.
Il attends que je me sois un peu calmée avant de dire quoi que ce soit d'autre.
《  - Qu'est-ce que tu as entendu ?
- J'ai entendu une voix. Elle disait... Que c'était impoli de parler de quelqu'un qui écoute. 》
Il se fige.
《  - Tu crois que c'était...? Et ça voudrait dire qu'il est là ?
- J'ai... J'ai honnêtement aucune envie de savoir. 》
Un silence s'installe.
Il plonge son regard dans le mien et me prend la main.
《 - Pourquoi est-ce qu'on se cache tant de choses ? 》
Je ne peux détacher mes yeux des siens. Il a l'air sincèrement triste.
《 - Je veux dire... Ouais, on ne se dit pas tout, c'est pas si grave mais... Les choses les plus importantes. Pourquoi on ne dit rien ? 》
Il est en train de m'avouer qu'il me cache des choses.
Et, comme je ne dément pas, en un sens moi aussi j'avoue.
Un temps infini passe, ou on se regarde les yeux dans les yeux, faisant passer par là tous les mots qu'on n'ose jamais dire à voix haute.
《 - On a vécu tellement de choses... Il n'y a pas si longtemps j'étais... Tu sais, " la génocidaire ". Tout a tant changé que... Qu'on ne sait pas comment s'y prendre. 》
Je sais que cette réponse est maladroite, mais elle a l'air de lui convenir.
《 - Il faut qu'on arrête de tout se cacher.
- Je sais.
- Tu me promet que tu me diras tout ?
- Peut-être pas tout de suite. J'ai besoin d'encaisser d'abord. Mais oui, c'est promis. Et toi ?
- Moi aussi. Je veux bien te le promettre. 》
Et comme cette promesse vient de lui, elle vaut de l'or.
Il se penche vers moi et m'embrasse.

Soudain, la porte s'ouvre d'un coup et nous nous séparons en sursautant, comme deux adolescents prit sur le fait.
Évidemment, ce n'est que Papyrus.
Sans soupire.
《 - Pap's, si tu manque d'arracher la porte à chaque fois que tu l'ouvre, je vais finir par faire une crise cardiaque.
- MAIS JE N'ARRACHE PAS LA PORTE ! ELLE EST TOUJOURS EN PLACE !
- Pour l'instant... 》Dit-il à voix basse.
Je pouffe.
Papyrus apparaît dans l'encadrement de la porte.
《 - OH BONJOUR CHARA ! JE TE VOIS DE PLUS EN PLUS.
- Bonjour ! C'est vrai.
- EXCUSE MOI DE VOUS INTERROMPRE, MAIS J'AIMERAIS M'EXPLIQUER AVEC MON FRÈRE.
- Aucun problème ! 》Dis-je en m'éloignant légèrement de Sans.
《 - SANS ! LE FRIGO EST PRATIQUEMENT VIDE, JE VAIS ÊTRE OBLIGÉ DE RESSORTIR. COMMENT ÇA SE FAIT ?
- J'ai peut-être oublié de faire les courses.
- COMBIEN DE FOIS ?
- Une petite dizaine ? 》
Papyrus pousse un long soupir.
《 - ÇA PASSE POUR AUJOURD'HUI, MAIS LES PROCHAINES FOIS...
- Je sais, je sais. Je ne m'en tirerais pas Sans égratignures. 》
Papyrus et moi échangeons un regard désespéré.
《 - ÉTAIS-CE UNE TENTATIVE DE BLAGUE ? ET LES SQUELETTES NE PEUVENT PAS AVOIR D'ÉGRATIGNURES !
- Oui, mais il peuvent disparaître.
- QU'EST-CE QUE TU RACONTES ? 》
Sans répondre, il me prend la main et se téléporte.
Surprise, je lâche un cri de protestation. 
《 - Préviens !  》
Il pose son index sur ses lèvres, visiblement très amusé.
Nous sommes dans sa chambre, et on entends Papyrus pester.
Je ne dis rien jusqu'à ce qu'il ressorte.
《 - Tu pourrais le laisser terminer, au moins. 》 Je lui reproche.
《 - Il nous a coupé dans une discussion importante ! D'ailleurs, où est-ce qu'on en était ? 》
Je fais mine de réfléchir, puis m'approche de lui.
《- Quelque part par là. 》 Dis-je avant de l'embrasser à nouveau.
Je le sens sourire.
Ses bras se referment sur moi et il s'allonge sur le lit, me forçant à le suivre. Je ne résiste pas et me blottis contre lui.

New Life [CharaXSans]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant