Partie 17

366 28 5
                                        

Vingt minutes plus tard, je me téléporte à l'endroit convenu.
Elle n'est pas encore là. J'aurais dû m'en douter, elle doit être partie en catastrophe.
Malgré tout, elle ne met pas plus de 5 minutes à arriver.
Quand elle me voit, elle sourit.
《 - Salut !
- Heya. 》J'ai l'impression qu'une éternité s'est écoulée depuis la dernière fois qu'on s'est vue.
《 - Tu veux bien... Reprendre depuis le début toute l'histoire ?  》Demande t-elle.
Je pousse un long soupir.
《 - Je t'ai croisé pendant qu'un mec était en train de te frapper, et comme je suis une personne normale je suis venue t'aider. Je l'ai un peu amoché au passage, il s'est plaint. T'as vraiment besoin d'un résumé de ça ?
- Non, c'est juste la dernière phrase qui est importante. Comment est-ce qu'il a osé ! Et évidemment il n'as pas parlé de moi, hein, c'est lui la victime de l'histoire. Attends, je vais l'appeler. 》
C'est moi ou ma présence est accessoire ?
Elle compose un numéro, puis attends qu'il décroche. Son sourire est comme figé. J'ai l'impression de voir Frisk quand elle me reproche quelque chose, et je ne suis pas sûre que ça me rassure.
Soudain, elle prend la parole.
Même avec la moitié de la conversation, je réussi à comprendre ce qu'ils se racontent.

《 - Allo ? Oui, c'est bien Mat ? Parfait. (...) Oui, j'ai quelque chose à te dire, oui. 》
Ellie perd soudain son sourire et prend une grande inspiration. 《 TU TE FICHES DE MOI ?! EST-CE QUE TU TE RENDS COMPTE D'À QUEL POINT TES ACTES SONT MÉPRISABLES ? (...) Me calmer ? Tu me demande de me CALMER ? Est-ce que je dois te rappeler qui était dans je ne sais quel état il y a quelques jours ? Qui t'as repêché ? QUI t'as aidé alors même que tu ne le méritais pas ? 》
Elle le laisse parler. C'est qu'elle me ferais presque peur. Quand elle reprend, elle semble encore plus énervée.
《 Comment est-ce que tu as osé l'appeler ? Qu'est-ce que tu viens de dire sur elle ? TU ÉTAIS SUR LE POINT DE ME FRAPPER ! Si elle n'était pas arrivée, qu'est-ce que tu aurais fait ? TU ES TOUT SIMPLEMENT UN SALAUD, VOILÀ CE QUE TU ES ! (...) Ah oui ? Tu sais quoi ? Si tu ne retire pas ta plainte immédiatement, oui, ça va se terminer en justice. Mais ce ne sera pas toi contre elle, non. J'ai des marques de coups, je te rappelle ! 》
Elle fait un sourire que je qualifierais tour simplement de maléfique.
《 Oh, toi aussi, tu en as ? Mais mon pauvre, tu sais ce que c'est la légitime défense ? (...) Ah, mais elle n'as utilisé que ses poings contre toi ! Vous étiez à armes égales ! J'ai toute les chances de mon côté. Et elle aussi. Si un jour tu ose intervenir de nouveau dans ma vie, JE PEUX TE JURER QUE JE NE SERAIS PAS AUSSI CLÉMENTE ! 》

Elle raccroche, puis me sourit.
J'ai l'impression de voir une autre personne.
Âme de gentillesse ? Vraiment ?!
C'était l'échange le plus explosif que j'ai jamais vu. Et pourtant j'en ai fait des pas mal.
《 - Je pense que cette histoire est réglée. 》Conclut-elle.
《 - Et s'il continue ? 》
J'ai à moitié peur de la réponse.
《 - Oh, il retirera sa plainte. S'il est assez stupide pour ne pas le faire, il finira en prison. Il m'a agressée, et si ça ne suffit pas au juge, je déteste mentir mais je mens bien. 》
Je ne comprends pas exactement tous les termes employés, la justice des humains est pour moi complètement floue. Mais en tous cas, j'ai une alliée qui ne me laisseras pas tomber.
《 - Tu sais que tu peux vraiment faire peur quand tu t'y met ? 》 Lui dis-je, plaisantant à moitié.
D'un air gêné, elle répond :
《 - Il n'a que ce qu'il mérite. C'est un salaud. Et on ne touche pas à mes amis. 》
Amis... C'est étrange.  Je n'ai jamais eu beaucoup d'amis. Mais elle semble me considérer comme telle.
En tous cas, je commence à l'apprécier. Si tous les humains pouvaient être comme elle...
《 - Tant que je suis là, tu veux aller manger quelque part ? 》Demande t-elle. 《 Je suis libre ce midi, et on a à peine eu une soirée pour faire connaissance. 》
Étant donné qu'elle vient de me sauver la mise, et aussi la promesse que j'ai faite à Asriel, j'accepte.
《 - Super ! 》
Et alors que je m'attends à ce qu'elle m'emmène dans sa ville, elle m'empoigne le bras et se dirige vers Monster City.
《 - Tu vas où, là ?
- Mystère ! Mais à mon avis tu connais. 》
Bah, c'est pas comme si je vivais dans cette ville non plus...
Je m'étonne de la voir aussi sûre d'elle. Elle semblait beaucoup plus timide quand je l'ai emmenée chez Alphys. Mais d'un autre côté... On venait de se rencontrer, elle venait probablement d'avoir la peur de sa vie, c'était pas le meilleur moment pour faire connaissance.
Je dégage gentiment mon bras, histoire qu'elle ne me traîne pas derrière elle non plus. Elle m'emmène dans le centre-ville, là où se trouvent les boutiques. Je suis surprise de reconnaître certains visages de marchands.
Soudain, elle se retourne vers moi.
《 - Juste... Tu n'as pas peur des araignées ? 》
Je ris. Je sais où elle m'emmène !
《 - Non, te fais pas de soucis là-dessus. Mais elle ne fais pas plutôt des pâtisseries, Muffet ?
- Oh, mince, t'as deviné. Il y a une pâtisserie, oui, et d'ailleurs c'est super bon là-bas, mais il y a un restaurant aussi. C'est la principale rivale de Grillby. Tu n'y est jamais allée ? 》
Je hausse les épaules. Il faudrait que je sorte plus souvent.
Nous arrivons enfin dans l'endroit.
C'est très... Violet.
L'ambiance est très étrange. Cet endroit est plutôt sinistre : des araignées qui se baladent partout, des couleurs sombres... Et pourtant, tout le monde y bavarde joyeusement et une réconfortante odeur de gâteau qui sort du four y traîne.
Ellie semble attendre une réaction de ma part.
《 - C'est... Étrange. 》 Dis-je après un moment de silence.
Elle rit.
《 - C'est pour ça que j'adore cet endroit. Il est contradictoire : de l'extérieur il ferait presque peur, mais à l'intérieur c'est confortable et joyeux. 》
Nous nous installons à une table. Sur chaque chaise sont déposés des petits coussins. Des menus sont déposé d'avance sur la table.
Sur ceux-ci, il est précisé en dessous de chaque plat : " Réalisé par des araignées talentueuses ".
Muffet et son ego...

Le repas est indescriptible.
Muffet sert pratiquement à elle seule tout le restaurant, et ce n'est pas si étonnant : Elle arrive à porter une douzaine d'assiettes sans aucun problème.
Cependant, certaines assiettes semblent ramper par terre à cause de la taille des araignées.
On a intérêt à faire attention où on marche.
Ellie semble vraiment joyeuse. Elle m'explique que c'est parce-que même si elle adore ce restaurant, elle ne peut pas y aller souvent.
《 - Pourquoi ? 》Demandé-je.
Son air s'assombrit. Chara Dreemurr, briseuse d'ambiance depuis sa naissance.
《 - Mes parents n'apprécient pas cette ville. Ils n'ont rien contre les monstres -enfin, à ce qu'ils disent- mais ils " préfèrent que tu me tienne éloignée de la ville, on ne sait jamais qui tu pourrais rencontrer. " Foutaises. Ils ont peur. Alors dès qu'ils ont le dos tournés, je viens dans cette ville. 》
Elle ajoute un peu plus bas, comme pour elle-même :
《 - Il n'y a qu'ici que je me sens libre... 》
Je ne sais pas comment réagir. M'énerver sur ses parents, compatir parce-qu'elle ne se sent pas bien chez elle ? Mais avant que je ne choisisse, elle reprends :
《 - Mais je t'embête avec mes histoires ! Raconte moi plutôt la tienne. Comment c'était, l'Underground ? 》
Une bouffée de nostalgie m'envahit.
《 - Ça me semblait... Grand, alors qu'en fait c'était plutôt petit. Même si c'était sous terre, il y avait des paysages magnifiques... Waterfall, par exemple, qui était composé de roches violettes et aussi de pierres qui brillaient comme des étoiles. Mais tout t'expliquer serait trop long... Au final, c'était une prison qui a finit par être accueillante. 》
Elle me regarde avec un air indescriptible, un mélange d'envie, de pitié, et de tristesse.
Je détourne le regard.
Mes yeux se posent sur un client du restaurant.
Comme s'il le sentais, il se retourne vers moi.
Mais... Son visage...
C'est le même que j'ai aperçu dans le miroir de chez Sans.
Pas encore !
Je suis paralysée par cette vision.
J'ai l'impression que tout s'assombrit et que les sons s'atténuent.
Soudain, il... Il se met à fondre.
Littéralement, il fond sur sa chaise, sans me quitter des yeux.
J'ai un haut-le-cœur. Je ferme les yeux pour échapper à cette vision d'horreur.

《 - Chara ? 》
C'est la voix d'Ellie.
J'ouvre les yeux. Elle me regarde avec inquiétude.
En fait tout le monde me regarde.
Je me suis levée, et ma chaise est tombée au sol.
《 - Je suis désolée, je... 》
Je me mord la langue.
《 - Il faut que j'y aille. Je... Je te rembourserais.
- Non, c'est bon, c'est moi qui offre. Mais tu es sûre que ça va ?
- Non. 》 Soufflé-je avant de m'enfuir, a deux doigts de pleurer.
Je ne comprends pas mon état. J'ai déjà vu pire, je crois. Mais c'est ce type. C'est Gaster. Il me rend folle.
Je traverse la porte, survoltée, puis me téléporte.
Je ne sais pas vraiment où.

Quand j'ouvre les yeux, je suis au Mont Ebott.
Il n'y a personne. C'est comme si ce Mont dissuadait qui que ce soit de s'approcher.
Mais je veux être seule.

Je cède.
Les larmes coulent sur mes joues.
Je déteste ça.
Je déteste pleurer.
Je déteste me sentir faible.
Je déteste Gaster.
Je me prend la tête dans les mains. Pourquoi tout ne peut pas être simple ? Pourquoi tout est si horrible ?
Je n'en peux plus.
《 - MAIS QU'EST-CE QUE JE VOUS AI FAIT ?! 》Je hurle.
S'il m'entends, il m'ignore.
Je m'écroule au sol.
S'il continue comme ça... Si toute mes visions ne s'arrêtent pas...
Je ne vais pas pouvoir continuer. C'est tout.

Je tente de réfléchir calmement.
Il faut que je me calme. C'est la première chose à faire. Il faut que j'arrête de chialer, c'est pas ce qui va m'aider.
Ensuite... Ensuite...
Je ne sais pas.
Parler à Sans ? Encore ? Je n'ai pas envie de le voir seulement pour ça...
Pourquoi je ne peux pas avoir des problèmes stupide de personne normale ?
Je soupire longuement.
On s'en fiche. Je vais lui parler.
On verra après.
On trouveras une solution.
En attendant, je vais juste... Rester ici, me calmer.
Je ferme les yeux.
J'ai à peine le temps de me dire qu'il faut que j'évite de m'endormir à même le sol, sur une montagne, que je sombre dans le sommeil.

New Life [CharaXSans]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant