Partie 30

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Sans met un bon moment avant de prendre la parole.

《 - J'hésite entre te tuer et t'embrasser. 》 Déclare t-il.
《 - La deuxième option m'arrangerait. 》 Dis-je avec un sourire en coin.
Il sourit à son tour.
《 - Est-ce que je rêve ? Je dois rêver.
- Tu penses ? 》 Demandé-je.
《 - Oui. C'est impossible que tu te réveille du jour au lendemain.
- Et tu me parlerais comme ça ?
- Je te parle souvent dans mes rêves. 》
Je sourit.
Cependant c'est vrai qu'il a l'air un peu perdu. Vu tout ce que Frisk et Alphys ont sous-entendus sur son manque de sommeil, ça ne m'étonne pas qu'il confonde rêves et réalité.
《 - Qu'est-ce que vous avez tous à me prendre pour un rêve ? J'ai peut-être dormi un bout de temps mais je suis de retour. 》
C'est drôle, il a l'air presque suspicieux.
Je rit et lui tend la main.
Il la prend, hésitant.
《 - Tu sens ma main dans la tienne ? Elle ne te semble pas réelle ? 》
Il ne dit rien, serre ma main plus fort.
Après un moment de silence, il dit doucement :
《 - J'arrive juste pas à croire... Que c'est possible. Je sais pas si tu te rends compte : j'ai passé des nuits entière à rester à coté de toi, pendant que tu étais endormie. Et tu te réveilles du jour au lendemain, sans signes qui laissent présager ce réveil ? 》Il secoue la tête. 《 Je sais pas... J'ai juste tellement peur de me réveiller. 》
Je serre les dents.
Je l'ai vraiment inquiété, hein ?
Ces derniers temps, à part faire peur à mes proches, je n'ai pas fait grand chose pour eux.
《 - Je suis désolée, Sans. Je t'apporte que des problèmes. 》
Il sourit et me donne un petit coup sur le front du bout de l'index.
《  - Tu crois vraiment que je t'aurais attendu pendant des jours et des nuits si c'était le cas ?
- C'est bien ton genre. 》Fais-je, avec un sourire en coin.
Il lâche un rire léger.
Je sens qu'il se détend. Heureusement.
Mais je me sens tellement mal vis à vis de lui...
Fuyant son regard, je me lance :
《 - Sans, je suis vraiment désolée pour tout ce que je t'ai fait. Je suis vraiment une horrible petite-amie. 》
Il me regarde un instant sans rien dire.
《 - C'est la première fois que tu te désignes comme ça. 》
Et c'est pour un moment comme celui-là. Bravo Chara.
Il réfléchit avant de répondre, le regard dans le vague.
《 - J'aurais dû me douter que tu allais sauter. J'aurais pu t'en empêcher, te rattraper. Si j'avais anticipé... 》
Je secoue la tête.
《 - On aurait pas avancé. Je l'aurait fait un jour ou l'autre.
- Qu'est-ce qui t'es passé par la tête ? 》
Je hausse les épaules.
Il soupire.
《 - Qu'est-ce qu'il s'est passé, après ta chute ? 》
J'essaie de mettre des mots sur le Void, ma rencontre avec Gaster, ses révélations, la haine qu'il m'a forcé à absorber...
Mais tout ce qui sort de ma gorge, c'est :
《 - J'ai eu si peur de vous perdre... 》
Il me lance un regard interrogatif.
Empêchant mes yeux de déborder, je le regarde.
《 - Ma famille, mes amis... Toi. J'aurais pu tous vous perdre. 》
Il me caresse les cheveux.
Je crois qu'il comprend que je n'arriverais pas à expliquer ce qui m'est arrivé.
Pas ce soir. Et peut-être jamais.
Je n'ai pas les idées assez claires, je n'arrive pas à les classer ou juste à raconter, même à résumer ce qu'il s'est passé.
Je ne comprends pas pourquoi.
Je n'ai pas l'impression d'être traumatisée -et pourtant, il y a de quoi- mais je n'arrive juste pas à en parler.
C'est peut-être l'effet du Void.
Peut-être qu'un jour, j'aurais tout oublié.
Mais je m'en fiche.
Je ne veux plus y penser.
《 - Je suis désolé de ne pas avoir pu te protéger. 》Annonce soudain Sans.
Je me retourne vers lui, surprise.
《 - C'était une promesse que je m'étais fait quand on est sorti de l'underground. Tant qu'on sera à la surface, et je comptais sur le fait qu'on y reste toute notre vie, je te protégerais coûte que coûte. Et j'ai échoué lamentablement. 》
Je fronce les sourcils.
《 - Qu'est-ce que tu racontes ? 》
Il semble s'apprêter à dire quelque chose mais je l'arrête.
《 - Attends un peu. Premièrement, je n'ai pas besoin d'être protégée, et si j'ai besoin d'aide je sais que je peux te faire confiance. Deuxièmement, tu devrais te soucier de toi même avant de penser à moi. C'est très mignon, mais tu as intérêt à faire gaffe à toi, tête d'os. Et troisièmement... 》Je souris.《 - Tu n'as pas échoué. Je suis là, devant toi, et je ne suis pas blessée. En plus, c'était moi et moi seule qui m'étais mise dans une situation pas possible, ça n'avait rien à voir avec toi. Et au final, je me suis débrouillée, non ? 》
Il secoue la tête.
Je lui souris juste.
Au moins, il ne m'a pas contredite.
Parce-que je ne sais pas si à sa place j'aurais accepté mes arguments.
Après quelques minutes, je finis par bailler. Pas que la conversation m'ennuie, mais malgré le fait que j'ai dormi des jours et des jours, je suis épuisée.
《 - Tu devrais rentrer chez toi, Sans.
- Non, t'inquiète pas. Tu peux dormir. 》
Je lui lance un regard de reproches.
《 - Sans. Rentre chez toi.
- J'ai déjà dormi aujourd'hui, je ne suis pas fatigué.
- Où est passé le Sans que je connais qui peut s'endormir dans n'importe quelle situation ? 》
Il rit légèrement.
《 - J'ai pas envie de partir. Je viens juste de te retrouver...
- Ne joue pas sur la corde sensible ! Je ne dors pas si tu ne dors pas. Et c'est mauvais pour moi.
- Tu le sais, que je suis capable d'attendre que tu t'endorme ?
- Tu le sais, que je suis capable de faire une nuit blanche ? 》
Je croise les bras, pour bien lui montrer que je ne lui laisse aucune option.
《 - Tu es impossible. 》 Déclare t-il.
《 - Moi aussi je t'aime. Bonne nuit ?
- Bonne nuit. 》
Il m'embrasse le front et sort de la chambre.

J'espère qu'il n'envisage même pas de revenir pendant que je dors. Sinon...
Sinon je ne sais pas. Mais je vais trouver.
Demain.






***






Le lendemain, j'ai pu retourner chez moi, en promettant de revenir dans l'après midi pour des examens.
Ça m'a fait bizarre.
C'est comme si rien n'avait changé... Je n'arrive pas à me dire que plusieurs semaines sont passées.
On dirait que je suis partie hier. Et pourtant...
Allongée sur mon lit, je réfléchis.

Est-ce que maintenant, tout ira bien ? Est-ce que je pourrai enfin vivre une vie tranquille ?
J'espère que oui. Je donnerais n'importe quoi pour avoir la vie la plus banale possible.
Enfin...
Pas facile, quand on est monstre et humaine en même temps.

En même temps, la vie serai ennuyeuse si elle était simple.
Toutes les erreurs que j'ai faites -et la liste est longue- m'ont fait grandir, non ?
Je ne peux pas m'empêcher de regretter.
Je regretterai toute ma vie.
C'est pour ça que mon âme est grise, pas vrai ? Et elle le restera.

Tant mieux.

C'était parce-que j'avais trop de détermination en moi que je suis devenue malade. Alors je vais laisser le fardeau à Frisk d'être la personne la plus déterminée du monde. Elle le gèreras mieux que moi.

Je pousse un long soupir.
Je n'ai jamais aimé faire le point sur ma vie comme ça.
Mais il faut bien, non ?
C'est ma nouvelle manière de sauvegarder.
Pour ne plus se préoccuper du passé et se tourner sans peur vers l'avenir.

Je lâche un petit rire.
J'ai toujours détesté ces discours.
Voilà que je m'en fais un maintenant.
On ne sais jamais, peut-être qu'en réalité je suis une grande philosophe...

C'est n'importe quoi !

《 - Pourquoi tu rigoles toute seule, comme ça ? 》

Je sursaute. Frisk me sourit.

《 - Désolée, je ne voulais pas te faire peur.
- C'est réussi.
- Tu viens ? On passe à table. 》

Elle m'attrape par la main, me forçant à me relever.

《 - Ça va être la première fois depuis des mois qu'on mange tous ensemble ! Tu ne vas pas rester toute seule dans ta chambre ?
- Non, non, j'arrive, pas la peine de me décrocher le bras.
- Ton ironie m'avait manqué.
- T'aurais dû en profiter, trop tard pour regretter maintenant.
- Mince. 》 Fait elle en souriant.

Elle me traîne pratiquement en dehors de la pièce.
Je rit.

Je les aimes tous tellement.
Ma famille, mes amis.

Je souhaite qu'on ne soit plus jamais séparés.

New Life [CharaXSans]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant