Partie 20

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*De retour dans cet endroit étrange. Je sais ce que ça veut dire.
Une voix, l'air agacée, retentit.*
Petite, tu me déçois. Je pensais que t'envoyer quelques signes suffiraient... Mais tu ne comprends pas.
*J'ai mal à la tête. Un effroyable boucan retentit, de plus en plus fort.*
Tu semble pourtant intelligente ! Et malgré tout, tu t'obstine à vouloir régler ça à ta manière.
C'est légitime. Tu es déterminée, c'est normal. Mais tu dois te rendre compte de la vérité, un jour.
*Je ne vais pas tenir très longtemps. J'essaie de lui crier quelque chose par dessus tous ces bruits, mais je ne me suis même pas entendue. Lui a pourtant semblé saisir ma question :
Quelle vérité ?
Il soupire.*
Tu me donne beaucoup de fil à retordre. Crois moi, de toute ma vie, je n'en ai jamais croisé une aussi persistante que toi. La vérité, c'est que tu es néfaste, très chère.
*Ma tête me fait trop mal. Mais au lieu de m'évanouir, comme ce serait arrivé dans la réalité...

Je me réveille.
Je me prends aussitôt la tête dans les mains : la douleur s'estompe petit à petit.
Ce ne sont pas de simples rêves. Il rentre en contact avec moi. Il veut me faire croire que sa cause est juste.
Gaster.
Je jette un œil à la fenêtre.
Les rideaux sont tirés mais j'aperçois un bout de ciel.
Il fait nuit noire.
Je soupire.
Hors de question que j'ai peur de m'endormir à cause d'un fou comme lui.
Je me retourne et tente de me rendormir, tant bien que mal.
Je met bien quelques longues heures à y parvenir, durant lesquelles toutes mes peurs et tous mes doutes viennent me tourmenter.

***

Je suis réveillée par la lumière du soleil.
Les rideaux sont grands ouvert, laissant passer toute la lumière dans la pièce.
Je grogne. Je suis incapable de dormir avec autant de lumière.
Ils étaient fermés, pourtant. Frisk a dû les ouvrir.
Elle pourrait penser à mon sommeil, un peu.
Je me redresse et m'étire.
Mon mal de crâne de cette nuit persiste, et bien qu'il soit beaucoup moins intense, il n'en est pas moins dérangeant.
Je me lève donc, les idées brumeuses.
J'ai encore fait un de ces rêves étrange, je crois...
A chaque fois, j'ai du mal à me rappeler de quoi ceux-ci parlaient. Il y avait... Beaucoup de bruit, et pourtant, j'entendais très bien une voix.
...
"Tu es néfaste."
Voilà ce qu'il m'a dit.
Pourquoi je ne peux jamais dormir paisiblement ?
Je croise Frisk dans le salon. En me voyant, elle sourit largement.
《 - Enfin réveillée ?
- Comment ça, "enfin" ? Personne n'est levé sauf toi et moi !
- Je sais. D'ailleurs, tu voudrais bien m'accompagner ? Je vais acheter le petit déjeuner, pour tout le monde. On a presque plus rien, et ça pourrait être sympa.
- Frisk. Laisse moi au moins me réveiller tranquillement.
- Chara. Tu viens avec moi ! 》
Je soupire, puis hoche la tête. Si ça lui fait plaisir...
Elle sourit.
《 - Super ! Je t'attends, du coup. 》
Pas très motivée, je retourne dans la chambre, histoire de me préparer.

Après quelques minutes, je suis plus ou moins prête à sortir.
En me voyant, Frisk penche la tête de côté.
《 - Hmm... 》
Elle passe sa main dans mes cheveux. Ce geste soudain me fait avoir un mouvement de recul.
《 - Eh, du calme ! Je me disais juste que tu devrais plus t'occuper de tes cheveux.
- Hein ? 》
Elle rit en se dirigeant vers la porte.
Lorsque nous sommes dehors, elle continue.
《 - Ils ont poussés, depuis le temps ! Et tu devrais les attacher, ou les couper, du coup. C'est dommage, parce-qu'il sont franchement beaux, et tu ne les met pas en valeur. 》
Je la scrute, me demandant si elle blague.
Comme elle ne dit rien de plus, je lui répond, avec une certaine méfiance.
《 - Alors, d'une part, est-ce que c'est vraiment le moment ? Et de l'autre, tu es styliste, maintenant ? 》
Elle rit.
《 - C'est toujours le bon moment, et non, mais c'est une idée de carrière. Enfin, pour l'instant, je suis plutôt ambassadrice.
- Bon, pour répondre à la question que tu n'as pas posée, non, je ne t'autorise pas à les coiffer. Et si je dois les couper, ce sera maman qui le fera. Ça te va ? 》
Elle fait une moue boudeuse.
《 - Tu me connais trop bien...
- Tu es prévisible, c'est tout. On change de sujet ? 》
Elle sourit.
《 - C'est une discussion trop " filles " pour toi ?
- Euh... Juste pas assez intéressante à mon goût.
- Hmm. Tu sais Chara, ça fait longtemps qu'on se connait, et je n'ai l'impression de te cerner que depuis peu de temps. 》
Je la fixe. Un petit sourire se dessine sur mes lèvres.
Elle continue.
《 - C'est étrange. C'est comme si...
- Comme si je parlais à un personne différente de celle que je connaissais. 》Dis-je.
Elle me regarde.
《 - Et je me demande si ce n'est pas plus mal.》Complète t-elle.
《- Je vois qu'on est sur la même longueur d'ondes. 》
Frisk me sourit, mais son sourire semble presque... Triste.
《- Ça va ?
- Oui... Enfin... 》
Elle soupire.
《 - On ne se parle plus vraiment, si ? 》
Je fronce les sourcils.
Je n'ai pas l'impression de l'avoir ignorée, ou laissée de côté.
Bien sûr, ces derniers jours, je n'étais jamais là, mais on trouvais toujours le temps de discuter.
...
Même si c'était des discussions sans grand intérêt.
Elle me sourit avant de continuer.
《 - C'est sûrement parce-que c'est moins facile de te parler qu'avant. Tu sais, quand tu étais... Dans ma tête. 》
Je lui souris en retour.
《 - Oui, c'est sûr que c'était plus simple. Mais, si tu as besoin de me parler, tu peux quand même le faire ! Et au pire, si je ne suis pas là, tu peux m'appeler. 》
Elle semble gênée.
《 - Oui, mais... 》
Elle regarde sur le côté, comme pour fuir mon regard.
《 - Je ne suis pas très forte pour engager les conversations. 》
Je la regarde, sans comprendre.
《 - Aujourd'hui, par exemple, je voulais te parler, et... 》
Elle ne termine pas sa phrase.
Attends, ne me dites-pas que...
Surprise, je lui demande :
《 - Ne me dis pas que tu as fait exprès de laisser les rideaux ouverts ? Pour me parler ?!
- Je ne sais pas trop ! J'espérais juste... Enfin, je voulais te parler, c'est tout. 》
C'est assez... Étrange, comme manière de faire ( et si je ne m'étais pas réveillée, qu'est-ce qu'elle aurait fait ? ), mais d'un autre côté... C'est du pur Frisk.
《 - Eh bien, maintenant je suis réveillée et on est seules. De quoi tu voudrais parler ? 》
Cette fois, elle ne fuit pas mon regard.
《 - Du passé, Chara. Le notre.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Je voulais savoir... Si tu pouvais m'éclairer sur certains points. 》
J'attends la suite, avec une certaine appréhension.
《 - Je déteste parler de ça moi aussi, mais j'ai besoin de savoir. Le premier... Génocide.... 》 On dirait que le mot lui brûle la gorge. Elle se reprend.《 À la fin, tu m'as demandé mon âme. J'ai finit par accepter, on est d'accord ? 》
Je hoche la tête.
《 - Et pourtant, Timeline suivante, pouf, mon âme m'appartient. Comment ça se fait ?
- Attends. Tu ne sais pas comment tu as fait ? Mais... Je me suis toujours dit que tu arrivais à m'échapper par un moyen dont je ne connaissais pas l'existence. 》
On se fixe dans les yeux un moment.
Je ne pensais pas que c'était un détail important, et pourtant...
《 - Je me suis toujours débrouillée pour garder mon âme. Alors que tu as dû tenter de t'en emparer des bonnes dizaines de fois ! Et je ne sais pas comment j'ai fait.
- Tu n'as aucun souvenir ? Vraiment pas ? 》
Elle secoue la tête.
Après quelques minutes de réflexion, je déclare :
《 - Écoute, je suis contente que tu m'en ai parlé. Mais ça ne sert à rien de se torturer avec ça. Il peut y avoir des explications, peut être que je te l'ai rendue, ou que je ne pouvais tout simplement pas te la prendre... Ça doit être ça. Ça n'a pas d'importance, si ?
- Non, tu as raison. Je voulais juste t'en parler.
- Merci. De l'avoir fait. 》
Elle sourit.
Nous passons dans une rue marchande.
《 - Bon, on va quand même acheter deux trois trucs à manger ? Qu'on ne soit pas sorties pour rien. Et puis, Toriel sera contente ! 》 Dit-elle joyeusement en m'entraînant dans une boutique.
Je la fixe.
Elle finit par le remarquer.
《 - Tu voulais me dire quelque chose, aussi ?
- Disons que maintenant, oui. 》
Intéressée, elle m'invite à continuer.
《 - Frisk... Pourquoi tu n'appelle jamais Toriel " maman " ? 》
Visiblement surprise, elle écarquille les yeux.
Je soupire.
《 - Je sais que tu la considère comme ta mère. J'étais dans ta tête après tout. Et malgré ça, tu ne le lui as jamais montré. Pourquoi ? 》
Elle fronce les sourcils.
Soupire.
Met un moment avant de répondre.
Puis se lance.
《 - C'est juste que... Je porte malheur. 》
Je ne m'attendais absolument pas à cette réponse.
En cherchant des yeux quelques articles à acheter, elle m'adresse un regard triste.
Elle répond à ma question silencieuse.

《 - Si tu savais, Chara... Toutes celles que j'ai considéré comme ma mère sont mortes prématurément. Ma mère biologique ? Elle est sûrement morte en me mettant au monde. Ma voisine, que j'ai finit par considérer comme ma mère ? Une maladie. Alors qu'elle était en bonne santé. Et l'infirmière de mon école, qui me servait de figure maternelle ? Un accident de la route. J'ai peur de m'attacher à qui que ce soit, maintenant. 》Elle pousse un soupir, et continue sans me laisser en placer une.《 Mais s'il n'y avait que ça... Toutes les amies que je m'étaient faites à l'école ont eu des problèmes. Ça allait du harcèlement, des maladies graves, jusqu'à la mort d'un proche. Et ce jusqu'à ce qu'on ne se fréquente plus. Je porte malheur, Chara, et c'est peut-être pour ça que j'ai finit par virer cinglée. 》

...
Waw.
Je ne pensais pas qu'elle me raconterait une histoire pareille.
《 - Frisk... C'est ça, le genre de choses que tu devrais me dire. 》
Elle fait un pauvre sourire.
《 - J'ai juste... Peur, pour chacun d'entre vous. Vous êtes ma nouvelle famille, et s'il vous arrivait quoi que ce soit, après tout ce que j'ai pu faire à ceux que j'aime -y compris ce que j'ai fait dans l'Underground- je ne supporterais pas qu'il vous arrivent quelque chose. 》
Elle regrette. Ça se voit. Elle a des remords pour ce qu'elle a fait.
Ça n'efface pas tout.
Mais c'est un début.

Nous payons ce que nous avons acheté, pas grand chose au final : des pains au chocolats et du jus d'orange.
En sortant, je cherche à lui remonter le moral, mais étant toujours aussi nulle pour rassurer qui que ce soit, je lui dit :
《 - Ben peut-être que tu ne porte malheur qu'aux humains. Parce-que pour l'instant tout va bien par ici. 》
Elle sourit.
《 - Peut-être. Mais toi Chara ?
- Moi ?! Je te défend de me considérer comme humaine. Quoi, j'ai grandis dans l'Underground, je suis revenue d'entre les morts et j'ai sûrement une petite centaine d'années.
- Tu ne les faits pas. 》 Rétorque t-elle, moqueuse.
Je lui donne un petit coup sur l'épaule. Nous rions comme des enfants.
《 - Plus sérieusement, Frisk. Il ne nous arrivera rien. Tu devras supporter ma présence encore un bout de temps, ça c'est sûr ! 》
Elle rit. C'est drôle comme elle peut ressembler à une petite fille quand elle s'y met.
《 - Ça te va ? 》
Elle hoche la tête.
Nous nous dirigeons vers la maison.
Je suis heureuse. J'ai l'impression de, petit à petit, tout le monde s'ouvre à moi.
Je suis heureuse de ne plus être seule.

New Life [CharaXSans]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant