Chapitre 2

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Jeudi 26 juin 2025

La moue sérieuse, Léa étendit ses bras le long de son corps, elle releva légèrement le menton et, dans un faisceau de lumière bleue, elle se transforma en un médaillon scintillant qui resta suspendu dans les airs.

— Les femmes d’abord, m’annonça Eo en tendant la main vers l’estrade.

Je me dirigeai vers le médaillon dont la chainette flottait, comme une herbe à la surface d’une rivière. En son centre était sertie une pièce plate en matière molle, turquoise et translucide. Je l’attrapai et l’approchai de mon cou. Je n’eus pas le temps de me tourner afin qu’Eo pût le nouer, que les chainettes s’animèrent à mon contact et vinrent d’elles-mêmes se lacer derrière ma nuque. C’était magique.

Nous insérâmes nos cartes dans les fentes du lecteur prévues à cet effet. Les battements de mon cœur s’accélérèrent ; je pris une profonde inspiration. Chaque nouvelle aventure apportait son lot de surprises et même si j’étais d’une curiosité à toute épreuve, une petite appréhension m’accompagnait en permanence.

Come on, Wave, m’encourageai-je mentalement.

Une microseconde plus tard, le choc frontal des sensations.

En premier lieu, le spectacle visuel. Nous nous trouvions en altitude, perchés sur la cime de ce qui devait être un volcan éteint. Puis vint le vent. Un souffle doux balayait mon visage. Il glissait sur mes joues, glaçait ma peau et s’échappait. Et enfin le sol, dur comme du métal, m’imposant une résistance sous mes pieds.

— Wow, lâcha Eo d’une voix vibrante. 

Il tournait la tête dans tous les sens, et effectuait des enjambées anarchiques d’un bout à l’autre de notre espace comme s’il surchauffait.

— C’est pas possible, c’est pas possible, répétait-il avec des gestes frénétiques. Non, mais vous avez vu les textures ? 

Il pointait du doigt les rochers qui nous entouraient. Littéralement bluffé le pro ! J’étais moi-même scotchée. Non seulement la splendeur du décor coupait le souffle, mais la qualité des graphismes était hyper flippante.

C’était trop vrai, trop beau, trop incroyable.

— Quelle merveille, chuchota L’Émissaire, charmé lui aussi par le spectacle.

Il avança lentement sur ce sol volcanique, écarta les bras pour embrasser le ciel, effectua un long 360° comme s’il voulait imprimer dans sa mémoire ce panorama surréaliste. 

Après un rapide tour d’horizon, je m’efforçais de poser un regard réfléchi sur cet environnement qui mettait mon corps en ébullition et j’en analysais chaque centimètre carré. Les couleurs, le jeu d’ombres et de lumières, les moindres détails du paysage. Si le cratère déployait au premier plan un aspect lunaire, composé essentiellement de roches, de cailloux et de poussière, la vision qui s’étendait au-delà était époustouflante. Dans le ciel devant nous, juste sous nos pieds, s’étalaient quelques moutons nuageux qui voletaient dans les airs et avançaient au pas. Au loin, le soleil pointait le bout de son nez et colorait le troupeau d’une légère teinte dorée.

Eo tournait toujours en rond comme un gosse qui découvre son nouveau terrain de jeux. L’Émissaire et moi le regardions, amusés.

— Et si on testait Sensation ? ajouta-t-il, se rapprochant de moi.

Il posa sa main sur mon épaule. Ce n’était pas tout à fait la pression tiède d’une paume. Je n’avais jamais ressenti cela, c’était difficile à décrire. J’avais l’impression d’être touchée par un fantôme.

ALE 2100Où les histoires vivent. Découvrez maintenant