Chapitre 7

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Samedi 28 juin 2025

Seules deux femmes d’une quarantaine d’années occupaient l’espace cardio à mon arrivée. Je me dirigeai vers le vestiaire, revêtis mon jogging noir, un tee-shirt manches courtes et chaussai mes vieilles baskets.

J’optai pour un échauffement sur le dernier vélo de la rangée dont je dus descendre la selle pour la mettre à ma hauteur. Je déposai ma serviette sur le guidon, sélectionnai l’application détenant mon programme sur mon téléphone et commençai mon entrainement. Dès les premiers tours de pédales, je me sentis lourde. Je devais peser au moins deux-cents kilos. Tous mes muscles étaient bétonnés. C’était la cata.

Sur l’écran de télévision, devant moi, la chaine météo annonçait du beau temps pour les cinq prochains jours. La présentation zooma sur la carte d’aujourd’hui pour afficher un seul et unique soleil sur tout le territoire. En son centre apparaissait le logo de Solale, le géant mondial des panneaux photovoltaïques pour les particuliers. Même le soleil était sponsorisé.

Je pratiquai péniblement vingt minutes de vélo, puis enchainai avec dix minutes de tapis, en mode « marche rapide ». Le bip de fin retentit. Je stoppai ma machine et me dirigeai vers les vestiaires. Même la musique rythmée et entrainante ne pouvait rien pour moi. Une personne infâme avait dû m’injecter de l’ADN d’hippopotame durant la nuit.

— Hello, Lola, chuchota une voix dans mon dos.

Cette intonation douce et veloutée m’était familière. Il n’y avait que Lucas pour m’interpeler ainsi. Brun, les yeux marron, toujours rasé de près, c’était un homme sexy, parfaitement proportionné et de cinq ans mon ainé.

Pendant plusieurs semaines, je l’avais observé du coin de l’œil, super discrètement, juste pour le plaisir du regard. Il pratiquait un jogging de 45 minutes sans effort, enchainait avec 30 minutes de vélo et terminait par 15 minutes de rameur, sans transpirer. J’exagère à peine. Vraiment ! Y’a des gens comme ça, avec un super karma sportif.

— Si tu le souhaites, je vais te montrer, m’avait-il proposé, le jour où j’avais voulu essayer une nouvelle machine.

Dès que ses yeux sombres avaient croisé les miens, mon visage s’était peinturluré d’une seconde couche rouge vif. Je pense même que j’ai dû clignoter. Il avait souri de plus belle.

— Il y a toujours une première fois, avait-il doucement ajouté, trop mignon.

J’avais bégayé une réponse que j’avais aussitôt effacée de ma mémoire pour ne pas vivre dans la honte les vingt prochaines années.

Il avait alors pris ma place et commencé une courte démonstration des mouvements à effectuer, tout en m’énumérant les différentes options, sans s’essouffler. À ma grande surprise, il m’avait proposé un entrainement commun pour le surlendemain, ce que je m’étais empressée d’accepter, comme toute personne saine d’esprit. Le soir suivant, nous dinions en tête à tête, marquant ainsi le début de notre histoire. C’était l’automne dernier, le 29 novembre, je m’en souviens encore.

Toutefois, Lucas était très occupé, professionnellement parlant. Il travaillait avec son père et envisageait de reprendre l’affaire familiale à son compte, ce qui lui laissait très peu de temps libre. Cependant, il mettait un point d’honneur à s’entrainer quatre fois par semaine. Son monde à lui se résumait au boulot et au sport. Ces derniers mois, il avait consenti à rajouter Lola dans les rares espaces vides de son agenda. Et étrangement, cette situation me convenait bien.

— Bon… bonjour Lucas, répondis-je enfin, surprise.

Il portait son sac de sport en bandoulière et arborait un sourire amusé.

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