Vent frais, lune ronde et argentée, ciel clair, nuit calme... Magique dirait-on, mais aussi parfait que ces éléments de la nature pouvaient nous paraître, il arrive que certains détails nous échappent dans le décor. Un corps tremblant par exemple. Une gorge nouée, un regard vide, des larmes qui n'ont pas encore coulées... De simples détails.
Murielle se demandait qu'est-ce qui l'avait exactement poussé à venir près du grand mapou ce soir après presque deux mois. Elle ne sût si elle devait s'assoir au pied de l'arbre ou s'y adosser comme d'habitude elle le faisait. Il était presque 23h. Elle était seule. Tout le quartier était plongé dans un sommeil profond. Le silence qu'il régnait n'en permit pas d'en douter. Pourquoi donc n'était elle pas dans son lit se préparant moralement à affronter la journée du lendemain ? Au fond elle connaissait la réponse à la question qu'elle se posait depuis qu'elle se tenait près du grand mapou. La réponse était ce qu'il lui était arrivé il y a quelques jours...
Elle rentrait d'une longue journée de travail acharné. Le petit chemin menant vers sa maison lui avait paru particulièrement long ce jour-là. Elle était fatiguée, son esprit était ailleurs, son cœur portait le poids d'un chagrin trop lourd pour elle seule, ses yeux étaient larmoyants... Elle avait fermé délicatement la porte pour ne pas réveiller les autres. Effectivement tout le monde dormait. Depuis son père Paul passant par son grand frère Chris jusqu'à sa petite sœur Élizabeth. La moue que cette dernière faisait dans son sommeil lui avait arraché un sourire. Un sourire assez triste. Elle avait gagné sa chambre et prit rapidement une douche. Aussi fatiguée qu'elle était, elle pouvait déjà dire adieu au sommeil. Elle n'allait pas pouvoir dormir. Encore une nuit blanche...
N'arrivant à trouver le sommeil, elle s'était tapie dans l'ombre de sa chambre et regardait quelque chose d'inexistante de ses yeux perdus. Ses jambes étaient pliées jusqu'à son menton et elle s'est sentie... Triste ? Perdue ? Seule ? Confuse ? Vide ? Comment aurait-elle pût s'expliquer ce qu'elle ressentait puisqu'elle avait l'impression de ne rien ressentir. Juste qu'elle pleurait et se persuadait qu'elle rêvait. Oui elle rêvait.
Sa journée avait été longue et celle du lendemain ne s'annonçait pas moins fatigante. Elle s'était essuyée les yeux du revers de la main et avait quitté le coin où elle s'était assise en évitant soigneusement du regard le verre d'eau et le flacon de comprimés sur sa table de chevet. Elle s'était rendue au balcon sur lequel ouvrait les fenêtres de sa chambre. C'était la première fois qu'elle s'y trouvait depuis plus d'un mois. Pourtant c'était une habitude pour elle de se tenir là presque tous les soirs. Mais depuis quelque temps, plus rien n'avait été comme avant. Elle n'avait pas osé regarder le ciel ne sachant trop pourquoi ? Des souvenirs peut-être...
Quelque chose avait attiré son attention. Et elle ne s'est doutée une seconde que sa vie prendrait une tournure assez inquiétante. Pour ne pas dire effrayante. Un avion de papier était posé sur la chaise où elle s'asseyait quand elle venait profiter de la vue qu'elle avait sur le quartier depuis son balcon. Elle l'avait prit et siégé, mais elle n'avait pas eût le bien-être que d'habitude elle ressentait. Juste avant d'avoir déplié l'avion, Paola pensait que c'était l'œuvre de sa petite sœur. Le dessin qu'elle y avait vu lui amena à penser le contraire et lui coupa le souffle quelques instants.
Comment ?
Impossible ! s'était-elle dit.
Elle avait entre les mains le parfait portrait de son visage. Aucun détail n'avait échappé au crayon de l'artiste. Grain de beauté, froncement de sourcils, ride creusé par le sourire... Tout y était. Rien. Quasiment rien ne manquait. Le dessin ayant été trop parfait avait parut irréel à Murielle.
Inconsciemment, elle avait jeté un coup d'œil sur les environs. Elle ignorait pourquoi elle avait pensé que si elle était venue un peu plus tôt sur le balcon, elle aurait vu celui qui avait mit ce morceau de papier sur sa chaise. Ce dessin ne pouvait être l'œuvre de son frère ni de sa sœur, encore moins celui de son père. Une seule personne pouvait l'avoir fait, mais là encore c'était totalement impossible...
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À l'ombre d'une Pergola Tome 2
Short StoryÀ l'ombre d'une Pergola! Et nous voila tous réunis encore une fois en ce début d'année pour se conter de nouvelles histoires. Des histoires dont les mots dansent avec grâce et en symbiose autour des sujets délicats qui font parti de notre vie quotid...