Chapitre 2

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Déjà un mois que je me suis évadée de cette prison aux murs invisibles. Le genre de cage en verre où je ne cessais de me cogner et de me blesser en tentant de fuir cette relation. De ces sentiments dans lesquels je m'enfermais. De cette boucle infernale qui ne cessait de se répéter.

Un mois que je l'ai quitté.

Dire qu'il ne me manque pas serait une fumisterie. Je pense à lui à chaque instant, tout me rappel nos moments. Les bons comme les mauvais. Et évoluer dans cette ville qui nous a vu nous ouvrir l'un à l'autre est difficile. Qu'est-ce que c'est dur de ne pas craquer.

J'ai eu énormément de mal à supprimer les quelques photos qu'on avait pu prendre sur mon téléphone. J'ai lutté pour ne pas le débloquer de ma liste noire et composer son numéro. J'ai également dû m'armer de courage pour ne pas écouter les nombreux messages vocaux qu'il continuait de laisser malgré le fait que je ne réponde pas et que je ne le rappel pas. Je le savais, si j'écoutais ne serait-ce que le son de sa voix, je n'aurais pas eu la force nécessaire pour ne pas revenir une nouvelle fois vers lui.

A de nombreuses reprises, je me suis interrogée. Devais-je le recontacter ? Avais-je l'obligation de l'avertir pour le bébé ? Est-ce qu'il méritait une dernière chance ? Toutes ces questions en suspens dans mon esprit m'ont causées de nombreuses nuits blanches.

Et puis finalement, un matin j'ai tranché. Me baladant sur la plage du Prado, j'ai croisé un couple d'une soixantaine d'années. Ils se promenaient main dans la main et se souriaient affectueusement. Je les ai trouvés si beau, si sincère que ça m'a poussé à réfléchir. Avais-je moi aussi envie de trouver cette personne si précieuse ? Celui qui m'aimera pour le reste de mes jours, et ce, même en prenant dix kilos et en ayant les seins qui tombent ? Oui. Je ressens le besoin de me poser, de construire ma vie avec ce petit bout de chou qui n'a rien demandé à personne et de trouver un homme qui nous acceptera et qui nous aimera réellement. Et Jameth n'en était pas capable. Il me l'a démontré à trop de reprise, et je n'ai plus envie d'essayer.

Fini de me prendre la tête, fini de me poser des milliers de questions. Jameth appartient au passé. Bien entendue je lui parlerais du bébé, quand je serais prête, quand j'aurais enfin définitivement fait voler en éclat tous les sentiments que je ressens à son égard. Pour le moment c'est bien trop tôt et je suis encore trop fragile. Néanmoins, je ne compte pas l'exclure de la vie de mon enfant, et s'il le désire on mettra en place un système de garde partagée, mais bien entendu, ça sera seulement s'il le désire, je ne compte rien lui imposer.

-    Mademoiselle Berthet ? intervient un bonhomme d'une cinquantaine d'années, me sortant de mes pensées.

C'est enfin mon tour, je me lève et entre dans le bureau du gynécologue. J'ai attendu une plombe sur cette chaise en bois qui me massacre les fesses. Les médecins ? Jamais à l'heure !

Je suis très stressée. Je m'installe sur le fauteuil face au sien et ne cesse de triturer nerveusement un morceau de mouchoir en papier en espérant réussir à calmer mon anxiété. Je n'ai pas encore fait la moindre échographie depuis l'annonce de ma grossesse, et je pense que j'angoisse car j'ai inévitablement peur qu'il m'annonce une mauvaise nouvelle. Que quelque chose cloche, que le bébé ne s'est pas accroché. Les idées se bousculent et malheureusement, je ne peux aller contre.

Alors que je suis dans mon deuxième mois de grossesse, je passe par l'étape balance. A cause ou grâce, ça reste encore à déterminer, des nausées, je n'ai pas pris un seul kilo, j'ai même maigri. Du coup, à vue d'œil on n'imagine pas à un seul instant qu'un petit habitant se loge sous mon nombril. Pourtant on dit généralement qu'une deuxième grossesse se voit beaucoup plus rapidement que la précédente. Par contre, en ce qui concerne le reste des symptômes, je n'y ai pas échappé, ma poitrine à gonflée et me tiraille énormément, la moindre odeur me fait vomir, et je pleure pour un rien. J'ai même réussi à pleurer devant la publicité pour Disneyland, c'est tellement émouvant de voir les gosses hurler de joie quand ils découvrent que leurs parents les emmènent voir Mickey ! Tu parles !

Only YouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant