Chapitre 21 - Des éclaircissements

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          Hall-Ward, assis au comptoir, contait encore son histoire jusqu'au moment où le désastreux choix de Jake bouleversa tout ceux qui écoutaient encore. D'autres personnes dormaient, mais plus pour longtemps. Dès ce moment, des voix s'élevaient tours à tours, les gens se levaient, parlaient entre eux, et bientôt le compteur ne pouvait plus continuer tant le bruit était si fort. Evidemment, les endormis tirés de leur sommeil étaient perdus, ne sachant pas les raisons des débats. La plupart n'était pas en accord avec la tournure que prenait cette histoire et se chamaillaient avec ceux qui ne les comprenaient pas ou ne partageaient pas le même avis qu'eux.

-Pourquoi Jake agit ainsi !? Arcos je veux bien, mais pourquoi lui !? Criait quelqu'un.

-C'est vrai ça, c'est trop soudain ! Acquiesça une femme assise juste à côté du gars qui venait de crier.

-Tout le monde semble mal agir, sauf les vieux, c'est certain, mais j'avais l'impression que Jake faisait exception. Répondit un autre en frappant la table du poing.

Hall-Ward soudainement leva un sourcil lorsqu'il entendit la réponse de ce dernier. Il se leva et se mit debout sur sa chaise. Puis le pointant du doigt il lui dit :

-Tu n'es pas loin de la vérité ! En effet, toutes ces personnes qui se comportent aussi mal ont toutes pour point commun leur jeune âge ; très bien vu ! En revanche, je ne pense pas que le jeune Jake soit affecté... Je n'en dis pas plus.

-Mais pourquoi les gens sont comme ça ? Comment est-ce possible !? Dit l'autre en se grattant doucement la tête.

-Je n'en dis pas plus, si vous avez bien écouté, vous avez tous les indices nécessaires pour comprendre quelle est la source du mal qui ronge cette ville.

Hall-Ward, toujours debout sur sa chaise, se retourna doucement, face au tavernier. A présent, un étrange silence plane dans toute la pièce. Hall-Ward redescend de sa chaise, s'assied calmement, et bu tranquillement une ou deux gorgées dans son verre. La bière d'ici était assez amer, mais cela ne le dérangeait pas du tout ; elle était bien fraîche, et cela lui était et amplement suffisant. Toujours pas un son. Seulement le bruit du verre qu'il repose sur la table, ou bien celui de la table sur laquelle le verre vient se poser... En fait, plus personne ne bouge ; le temps semble s'être arrêté.

-Et toi qui lit ce que je récite, as-tu compris ce qu'il se passe ? Comment le mal s'immisce dans l'esprit des gens ? Je te donne un petit indice au cas où : d'après toi, s'il s'agissait à tout hasard, d'un envoûtement ou un truc dans le genre, comment pourrait-on atteindre la quasi-totalité de la population de la capital d'Oramis de la manière la plus discrète possible ?
Puisque tu as la possibilité de lire mon livre, je t'invite à vite relire depuis là où nos deux heros sont arrivés à Ineralga. Tu verras c'est facile.

Il reprit son verre, le finit, puis le temps reprit son cours ; l'endroit reprend vie, mais il n'y a pas beaucoup plus de bruit, tout le monde se rasseyait, et seul le bruit des chaises sur le parquet dérangeait le silence qui s'était progressivement installé. Hall-Ward reprit la parole :

-Eh bien, maintenant qu'on en est là, je vous propose de faire une pause pour méditer là-dessus, moi j'ai faim, je continuerais après mettre bien rempli la panse ! Je n'ai pas mangé avant de venir ; il y a quoi au menu ce soir ?

Le tavernier qui était parti débarrasser une table lui répondit de suite. C'est un homme plus tout jeune, n'ayant déjà plus de cheveux au-dessus de son crâne, seulement sur les côtés. Ceux-là rejoignent une barbe tout aussi sombre. Elle n'est pas longue, mais pas courte non plus. Et au milieu de son visage, quelque chose nous interpelle... ses yeux ! Ses yeux laissaient paraître un dégradé de couleurs allant du jaune, a l'orange. Le temps ralentit alors que le tavernier annonçait le menu avec un sourire complice. Le temps s'est encore arrêté.

-Je blague ! Dit Hall-Ward, je ne me lasse pas de faire ça... Je te rassure, ses yeux ne sont pas de cette couleur, il n'y a que Jake qui puisse avoir ces yeux-là. Enfin, je pense... En fait notre ami le tavernier a les yeux gris. J'ai vraiment faim alors je te laisse, et moi je redeviens acteur !

Cette phrase achevée, le temps revint.

-Ce soir nous avons des tomates avec du saumon et des crevettes, des brochettes de bœuf avec des pommes de terre, et si vous le voulez il nous reste encore des tartelettes à la fraise.

-Très bien, je prends ça ! Avec un verre de vin s'il vous plaît !

Peu de temps après, les plats furent servis, et comme Hall-Ward, beaucoup se mirent à table. Il prenait le temps de manger, la nourriture était succulente, douce et chaude. Et quand une fois tout son repas ingurgité, il reprendra son histoire.      

Les yeux d'une nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant