Prologue

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Je suis droite devant celle qui doit me remettre mon billet d'avion.

-Madame Armis?
-Oui?
-Votre passeport ainsi que votre billet pour Istanbul, me dit-elle en me tendant mes affaires.
-Merci.

Je les prend, puis repars avec mon sac. Depuis que je suis jeune, je rêve de visiter toutes les grandes villes historiques. Aujourd'hui, j'ai l'opportunité d'aller y rester pendant un long mois. Istanbul. Je devrais sourire tout le temps et sautiller, mais j'ai appris à ne pas laisser entrevoir mes émotions. C'est ce que ma mère et mon travail me dicte. Être une avocate nécessite le contrôle de sois-même.
Bref, j'envoie une photo à ma soeur qui a hâte que je lui en envoie d'autre. Pour l'instant, elle a le droit à un aéroport où tout le monde dort sur leurs sièges. Je devrais, puisqu'il est trois heures du matin, mais l'adrénaline m'en empêche.
Je pianote sur mon téléphone en lançant des regards furtifs pour savoir où je me dirige. Tout à coup, je fonce dans quelque chose de dur. Sonné, je laisse mon téléphone tomber par terre et regarde dans le blanc des yeux la personne que j'ai percuté. L'homme lève ses yeux vers moi. Il me dévisage, d'un air irrité. Je fais de même; une allure d'homme d'affaire, un regard si froid que j'en ai des frissons, un coiffure noire bien peignée, un corps bien entretenu. Suite à mon analyse, je ramasse mon cellulaire. Ouf, aucune égratignure. Je marmonne un désolé en m'apprêtant à repartir là où je dois attendre mon vol. L'homme au regard glacial m'interpelle:
-Eh! J'ai le droit à des excuses plus sincères! dit-il avec arrogance.

Je me retourne vers lui. Les poings serrés de la façon dont il me parle.

-Excusez-moi, mais ce n'est pas de ma faute si vous trouvez ma façon de faire pas assez bien pour vous, j'articule en m'avançant vers lui. Je me suis pardonnée et vous devriez faire de même, monsieur. Vous ne vous êtes pas arrêté sur le côté, mais en plein milieu du chemin. Donc, vous êtes en faute.. Plus que moi, même!

Un rire amer sort de sa bouche. Son regard vert olive me traverse comme des couteaux. Son comportement ne m'atteint pas. Je reste la tête haute et le dos droit. Mais, sous son regard, une partie de moi veut se recroqueviller sur moi-même.

-Savez-vous qui je suis mademoiselle? demande-t-il le plus simple au monde.
-Je vous renvoie la question.
-Peut-être, sauf que je vous l'ai posé en premier.

Je soupire.

-Non, je n'ai aucune idée de qui vous êtes.

Son regard s'assombrit. Je regarde en vitesse ma montre.

-Je.. Je dois y aller. Sinon, je vais manquer mon vol.

Je tourne les talons et marche le plus vite possible. Je sens que son regard me suit.
Je me repose sur un siège de l'avion. Dans la première classe, il y a toujours presque personne. Je préfère ça. Le calme absolu. Mes écouteurs dans les oreilles, me berçant au son d'une de mes chansons préférées; River. Je ferme mes paupières savourant le manque de son.
Soudain, je sens que le siège à mes côtés s'enfonce et une présence gâche mon havre de paix. J'enlève mes écouteurs pour observer la personne qui m'a dérangé.

-Vous! dis-je d'un ton fort.
-Oui.

Ses yeux me fixent intensément.

-Qu'est-ce que diable vous faites là? je demande.
-Je rentre chez moi.
-Vous habitez en Turquie?
-Oui, à Istanbul. Et vous?
-Je pars en voyage.
-Où donc?
-À.. Istanbul.

Ses sourcils se froncent. Je reprend mes esprits.

-Pourquoi ne pas aller à une des autres places libres?
-Parce que je suis ici pour une raison simple.
-Êtes-vous toujours aussi ambigu?
-Je voudrais vous passer un marché. Un contrat pour être plus précis.
-Vous devez allé devant le tribunal?
-Non. Rien à voir avec votre profession. En fait, je voudrais que vous fassiez ma petite amie pendant un certain laps de temps.

Je cligne plusieurs fois des yeux. Est-il sérieux? Que je devienne sa copine pendant un moment. C'est n'importe quoi!

-Vous n'êtes pas sérieux?
-Très.
-En quel honneur je devrais accepter?
-Je savais que ça n'allait pas être de tout repos avec vous...
-J'attend.

Le pilote de bord annonce d'attacher notre ceinture, car le vol va commencer. Comme de fait, je m'attache.

-Quand vous me regardez, vous ne me trouvez pas repoussant? me pose-t-il en étant sérieux.
-Vous êtes bel homme. C'est sûr.
-Vous allez être payé. La seule chose que je vous demande est de signer pour que vous me tiendriez la main en publique et en faire voir de toutes les couleurs à mon frère aîné.
-Combien?
- 15 000$ par mois.

Je le défis du regard.

-20 000$ par mois?
-Bien, j'acquiesce. Et pour quelle raison?
-Je suis le frère cadet. Si je ne prouve pas à mon père que je suis responsable et que j'ai une vie stable, Silvio sera le roi par défaut. Croyez-moi, il ne faut pas que mon frère devienne roi.

Je ne bouge pas. C'est quoi cette histoire de roi? Voyant que je ne lui répond pas, l'homme prend la parole:

-Je m'appelle Éloys Bastra. Un des fils de Nork Bastra. Le...
-Roi d'Istanbul, je complète.

Mes yeux s'agrandissent. Comment ai-je pu louper cette information?

-Enfin! Vous me reconnaissez! s'exclame Éloys.
-Je suis confuse. Vous? Le fils de Nork?
-En chair et en os.
-Pourquoi ne pas laisser le trône à votre frère?
-Il a fait des horreurs dont seul moi le sache. Il vaut mieux que vous n'en savez pas plus.
-En gros, vous me payez pour que je joue votre petite amie? Ainsi, vous auriez beaucoup plus de chance d'accéder au trône. C'est ça?
-Oui.
-Pendant combien de temps?
-Le temps qu'il faudra.
-Vous savez que j'ai un emploie et...
-Ça peut s'arranger avec des appels.

Je reste bouche-bée. C'est moi ou il a tout planifié?

-Pourquoi moi?
-Parce que vous savez garder votre sang froid, que vous êtes la seule à ne pas m'avoir reconnu, que nous savions que ça va rester totalement platonique...
-J'ai compris.
-Alors? Vous acceptez?
-J'accepte.

Il me sourit. Oh. Mon. Dieu. Son sourire.
Dans quoi je me suis embarquée?

Contrat avec un princeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant