Chapitre 5

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Je prends ma fausse petite amie dans mes bras. Elle dort à poing fermé. Je n'avais jamais remarqué à quel point elle est mignonne quand elle dort. Je la porte jusque dans sa chambre et la glisse sous ses couvertures. Je ferme la porte et vais dans mon bureau. Là où je passe la majeure partie de mon temps.
Avant d'entrée, la voix de mon père retentit:
-Éloys? Viens ici mon garçon.

J'obéis et entre dans son bureau. Un frisson me parcoure les bras. Je déteste cet endroit. Je me place droit devant mon père.

-Oui, père?
-Cette fille là...
-Gabby?
-Oui! Gabby. Que fait-elle encore ici?
-Elle est avec moi, père.
-Je le sais, mais d'habitude.. Elles partent aussi vite qu'elles sont entrées non?

Nork lève les yeux vers moi.

-Eh bien, cela fait longtemps que je ne n'ai pas fait ça.
-C'est sérieux entre vous?
-Oui. Très.
-Voilà une chose qui te différencie de Silvio. Vois-tu un potentiel mariage?
-Mariage? Cela est trop tôt.
-C'est sûr, mais éventuellement? s'acharne-t-il.

Je réfléchis.

-Sûrement. Voyons où l'avenir va nous porter.

Il acquiesce et me fait signe de partir. Avant de franchir la porte, je rajoute:

-Comment avez-vous su?
-Je la vois se baigner avec Artania. Elle m'a l'air gentille. Contrairement à toutes ces...
-Elle l'est! Elle est gentille, oui.

Je pars. Dans mon bureau, j'arrange certaines normalités du contrat pour les terres de la Nouvelle-Zélande. Quelqu'un cogne à ma porte et entre. Ma demi-soeur se met à son aise et me scrute du regard.

-Tu me veux quoi la soeur? je demande, irrité.
-Toi? Éloys Bastra. Fils du roi d'Istanbul.. S'excuse? Laisse-moi rire!
-Elle t'a tout raconté?
-Je lui ai retiré les vers du nez. Ne change pas de sujet!
-Il me semblait aussi que tu y étais pour quelque chose.

Je décide de maintenir son regard.

-Qu'est-ce que tu veux Art'?
-Depuis que je te connais, donc vingt-et-un ans, tu es dénudé d'émotion. Et c'est maintenant, que tu en as? Cette fille fait des miracles!
-Elle est sous contrat. Elle fait ce qu'elle a à faire. N'en fait pas tout un plat!
-Pour un contrat, tu agis bizarrement.
-Mais, c'est quoi ton problème? Je ne peux pas vivre en paix! je m'emporte.

Artania se lève et me pointe du doigt.

-Cette fille est géniale. Pour une fois, j'approuve ton choix. Pour une des rares fois, aussi, tu t'ouvres. Elle te change. Peut-être que tu ne le vois pas.. Mais, moi, je le vois. Ça saute aux yeux!
-Quand elle va savoir, elle ne voudra plus de...

Je me stoppe dans ma phrase.

-De qui? De toi? Du contrat?
-J'en sais rien!

Je prends ma tête dans mes mains. Artania a le don de me mettre à nu. De me dire ce que je ne veux pas entendre.

-J'ai hâte que tu le vois. Le voir comme moi je le vois. Et, en pensant, elle en sait plus que tu ne peux y croire.
-Qu'est-ce que tu veux dire?
-Que tu devrais te confier à elle. Ça ne fait qu'une semaine et alors?
-Elle pourrait être comme toutes les autres! En vouloir après mon argent..
-Non. Ça, c'est ce que tu veux te faire croire pour t'éloigner d'elle.

Un lourd silence pèse dans la salle.

-Bonne nuit, me dit-elle.

Artania part, me laissant seul dans mon bureau. Je ferme le capot de l'ordinateur avec rage et vais me coucher.

Point de vue de Gabby

Quand je me réveille, je porte encore ma robe de la veille. Je fais vite des liens et remercie le ciel pour qu'Éloys ne me l'ait pas enlevé.
Je prend une longue douche, m'habille et vais déjeuner. Je ressens de la déception, car je ne croise pas Éloys, mais son cher frère. Je l'ignore en passant devant. Cependant, il me retient.

-Comment vas-tu ma jolie? Je croyais que tu étais parti sans me dire au revoir.
-Eh bien, je ne suis pas partie. Et même si je l'étais, je ne t'aurais pas dit un au revoir.

Je me défait de son emprise. Son regard se promène sur moi et je trouve cet air malsaine sur son visage dérangeant. Je m'apprête à partir, mais il me bloque le passage.

-Un diner avec moi. C'est tout ce que je demande.
-Tu connais ma réponse. Elle n'est pas prête à changer. Laisse-moi passer, maintenant, j'ordonne.

Il allait me répondre, mais Artania est plus vite que lui.

-Silvio. Va-t-en.

Ce dernier me lance un dernier regard, puis part. Je me tourne vers la demi-soeur d'Éloys.

-Merci. Vraiment, tu tombais à pic!

Elle me serre dans ses bras.

-Ça va. J'ai l'habitude. En plus, on est amie non?
-Évidemment! je lui répond tout sourire.
-As-tu déjeuner? demande-t-elle.
-Non.. J'y allais justement.
-Moi aussi! Viens.

Après notre déjeuner, nous restons à parler dans le jardin. Je n'ai pas croisé Éloys de la matinée. Même si je ne veux pas, ça m'inquiète. Tellement que j'ai l'impression que ça me broie de l'intérieur.
Je prend mon courage à deux mains et en parle à Artania:
-Tu sais où est... Ton frère?
-Sans doute dans son bureau en train de travailler. Comme toutes ses journées..., dit-elle en regardant les fleurs de diverse couleur.

Je soupire. Je me mord l'intérieur de ma joue pour ne pas en rajouter. Je sens le regard perçant d'Artania me fixer.

-Pourquoi cette question? Il te manque? rigole-t-elle.

Mon souffle cesse. "Oui, il me manque. J'ai envie de le voir pour le mettre hors de lui avec mon sarcasme. L'empêcher de travailler. Juste passer du temps avec moi."

-Un chat a mangé ta langue?

La remarque de mon amie me sort de ma bulle.

-Non. C'est juste que...
-Que tu veux savoir ce qu'il fait à chaque instant?

Comment fait-elle ça? Elle réussit à savoir ce que je ressens. Ce que je ne cesse de repousser.

-Ça ne fait qu'une semaine, lui dis-je. Cela m'étonnerait bien. Comment peux-tu insinuer une chose pareille? Tu écoutes trop de film à l'eau de rose.
-Tu ne réussiras pas éternellement.
-Quoi donc?

Un petit rire sort de sa bouche, suivit d'un long soupire.

-Tu sais, au début, je me disais "comment vous allez réussir ce contrat?" Maintenant, je vois bien que vous êtes pareils. Vous vous ressemblez plus que vous ne l'imaginer.
-T'es philosophe ou quoi? Qu'est-ce que t'as mangé?

Nous rions ensemble, puis elle se relève. Elle me tend sa main pour que je la suive.

Contrat avec un princeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant