Contrat avec un prince

Chapitre 20

Je suis dans mon bureau, dans la lune. Mon téléphone de travail sonne.

-Bonjour?
-B-Bonjour. C'est urgent, dit une voix féminine.
-Qu'est-ce que vous avez?
-Il me faut un avocat.. Mon mari me bat depuis trois ans. Je viens de porter plainte, mais j'ai peur!
-OK, il me faudrait votre numéro de téléphone et votre adresse.
-Je.. J'ai pris un téléphone jetable pour ne pas qu'il me retrace.. Madame, c'est un policier. S'il me retrouve, je suis morte!
-D'accord, d'accord. Calmez-vous. Je viendrai vous voir ce matin, où êtes-vous?
-Dans.. Dans un motel. Ça s'appelle TRP Motel. C'est à côté de l'autoroute principale.
-Merci, ne bougez pas, j'arrive.

Je raccroche et prends mes clefs de voiture.

J'entre dans le motel. Curieusement, il n'y a pas un chat. C'est désert.

-Madame? dis-je.

Des bruits de pas s'entendent.

-Madame? Je suis l'avocate que vous aviez appelé.

Je m'approche. Je me stoppe quand je vois la personne qui se tient devant moi.

-Qu'est-ce que...
-Bonjour Gabby, dit-il.

Un tissu passe ma tête et m'empêche de voir. Des bras me retienne. Je me débat.

-Silvio! Qu'est-ce que tu fais?
-Je veux le trône. Désolé Gabby, mais c'est la seule façon de l'avoir.

Puis, le trou noir.
Je reprends conscience dans un endroit hermétique. Aucune fenêtre. Une seule porte. Deux hommes sont assis à parler bas. Lorsqu'ils me voient, l'un dit à l'autre d'aller chercher le boss. J'imagine qu'il parle de Silvio. Quelques minutes plus tard, le prince aîné entre dans la petite pièce en béton.

-Gabby! J'avais cru que tu ne te réveillerais jamais!
-Tu veux quoi? je demande sèchement.

Il soupire, tire une chaise et s'y assis.

-Comme tu sais, je suis supposé être le prochain roi d'Istanbul...
-Oui?
-NE ME COUPE PAS! hurle-t-il. Mais, après de mûres réflexions, mon père veut que ce soit Éloys le futur roi. Et sais-tu pourquoi?

Je ne répond pas et le dévisage.

-Je sais que tu t'en doute. Tu n'es pas bête. Je vais te le dire, grâce à toi, mon frère est plus mature. Plus mature que moi. Alors, le roi ne veut plus de mon cul sur le trône, mais celui d'Éloys.

Oui, c'est évident.

-Je me suis dit: Éloys t'a enlevé quelque chose qui te tenais à coeur. Donc, enlève-lui quelque chose qui lui tient à coeur. Et devine quoi... C'est toi.
-Tu ne pourras pas m'avoir Silvio.
-Ouais, je sais. Mais je ne vais pas te prendre. Je pensais plus te faire disparaître.
-Et comment comptes-tu me faire disp...

Les pièces du puzzle s'assemblent.

-Aaah, tu comprends maintenant.

La panique s'empare de moi. Ce que j'espère que quelqu'un m'aide.

Point de vue d'Éloys

Dans la demeure que j'ai loué, j'essaye de passer le temps. J'ai beau me concentrer sur les dossiers à remplir, je pense toujours à Gabby. Je regarde l'heure et réalise que c'est bientôt la pause de mon avocate. J'attrape mon manteau et vais la voir à son bureau.
Quand j'arrive, je ne la croise pas. J'entre dans la bâtisse et demande à la secrétaire si elle est là. Celle-ci me dit qu'elle est partie il y a plus de vingt minutes. Un homme vient m'aborder:
-Vous êtes le prince d'Istanbul?

Je me tourne vers lui.

-Oui et vous êtes?
-Sam. Un collègue de Gabby.
-Savez-vous où elle est?
-Pas vraiment. Une femme violentée par son mari l'a appelé dans la matinée. Elles se sont donnés rendez-vous à une place.
-Et vous ne saviez pas où elle est allée...
-Non, désolé. Par contre, j'ai entendu TRP.
-Merci.

Sam part et je m'empare de mon téléphone.

-Allô Art'? Sais-tu où se trouve une place appelée TRP?
-Hmm... Attend je vois ça... D'après Google, ça s'appelle TRP Motel. Tu es à dix minutes de là. Je te l'envoie.
-Merci la soeur. Je t'en vaux une.

Je raccroche et embarque dans ma voiture. Avec de la logique, un rendez-vous de se genre ne prend pas trente minutes et elle serait revenue dans son bureau avec la personne en question. Au motel, je reste bloqué. Un bâtiment visiblement délabré, mais qui tient encore debout. Personnellement, je ne serais jamais entré là-dedans. Connaissant Gabby, elle ne s'est pas posé de question. Quand j'y entre, le calme est omniprésent. J'étouffe mes pas. Tout cela m'est très louche. La question est; où se trouve Gabby dans ce motel?

Point de vue de Gabby

Je ne sais pas comment je suis arrivée là, mais je le suis. Je crois qu'ils m'endorment lorsqu'ils me changent d'endroit. On dirait des sous-sols... Où je suis ligotée à une poutre de béton glacé.

-Quoi...? je marmonne.
-Bon! s'exclame Silvio en s'approchant. Tu es de retour parmi nous!
-Hélas.., dis-je.
-Je vais te mettre dans le contexte: ce motel a été sur un ancien bassin d'eau pour l'hydroélectricité. Les trous qui sont là, eh bien.. l'eau y entrait. Ensuite, cette eau s'acculait et formait un deuxième plan lors des pannes.
-C'est beau tout ça.. Je peux partir?
-Ce que tu es énervante! Je ne sais pas pourquoi mon frère s'entête à être avec toi.

Il ferme les paupières et respire lourdement en guise de se calmer.

-Ce que je veux te dire, c'est que ce réseau est encore fonctionnel. Alors, quand je vais partir, mes hommes vont l'activer et.. Tu vas mourir noyée.
-QUOI! NON!
-Oui. Je t'avertis, ça prend quinze minutes à se remplir. Adieu Gabby!

Sur ce, Silvio tourne les talons et se dirige vers la sortie. Moi, rêveuse, j'essaye de me défaire de mes menottes qui me broient les poignets.

-AIDEZ-MOI! je cris.

Des bruits d'engrenage résonnent dans le sous-sol. Mon anxiété monte en flèche. Je ne veux pas mourir! Tant de belles chose m'arrivaient: d'abord le bébé et ensuite Éloys. Des larmes coulent le long de mes joues. Je fixe nerveusement un des trous, puis l'eau y sort. Oh non...

Point de vue d'Éloys

J'ai beau chercher, je ne trouve rien. Mise à part une famille de rats, rien du tout. Mon téléphone vibre. Je regarde: Artania m'a envoyé un message.
"Éloys, ce TRP Motel est une ancienne affaire de Silvio. Tu te souviens du réseau électrique meurtrier? Le motel a été construit par-dessus. "
Mais oui! Comment ai-je pu oublié? Je me dirige vers l'ascenseur et appelle des renforts. Autrement dit, des agents du FBI. Au sous-sol, tout est calme. Mon coeur tambourine dans ma poitrine et j'essaye de contrôler ma panique. Je suis le chemin jusqu'à ce que j'entend de l'eau s'écouler. Je longe un mur et vois ma Gabby. Elle est attachée à une poutre, avec de l'eau froide jusqu'au genou en pleurant à chaude larme. Je cherche une entrée pour accéder au centre de contrôle. Une porte délavée, non-loin de mon emplacement, est entrouverte. Je m'y glisse sans faire de bruit et tombe nez-à-nez avec deux hommes. Ces deux-là doivent travailler pour Silvio. Sans attendre, je frappe au visage celui barbu. Son collègue se défend en voulant m'assommer à mon tour, mais j'esquive son coup. Je répond à sa frappe en donnant un coup de pied derrière son genou. J'entend sa jambe craquée, signe que je viens de la fouler.
Le barbu m'attrape par le cou. Ma respiration se coupe. Je le frappe avec mon pied dans le thorax, puis sur sa pomme d'Adam. L'homme s'assoupie sur le sol. Le deuxième frappe mon dos. Déboussolé, je tombe par terre, me retourne vivement et donne un coup entre les jambes du dernier. Accroupie, le gars ne bouge plus, donc je le frappe jusqu'à ce qu'il tombe dans les pommes. Je me relève et soupire. Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas battu.

Je me dirige aux commandes et annule l'écoulement de l'eau. Ressortant du centre, je vois la tête de Gabby se lever et regarder autour d'elle.

-Gabby! je crie pour qu'elle me voie.

Un grand sourire se dessine sur ses lèvres.

-Éloys! Je suis si contente de te voir! Comment tu as su?
-Te voir hors de ton lieu de travail est assez étrange et hors du commun, dis-je en lui enlevant les menottes.
-Je pensais mourir ici...
-Je n'aurais jamais laissé une telle chose arrivée, je la rassure en la prenant dans mes bras.
-Partons d'ici, murmure-t-elle.

Je défais notre emprise et nous dirige vers la sortie.