Contrat avec un prince

Chapitre 25

Quand je me place côte à côte avec lui, je serre les dents et lui chuchote:
-Tu ne m'avais pas dit que tu parlais espagnol.
-J'ai fait des études de commerce internationales.. Tu pensais que je n'avais pas appris cette langue? me répond-t-il sur le même ton.
-J'aurais changé son surnom si je l'avais su.
-Pourquoi? Je l'aime bien..
-Moi aussi.

Nous nous esclaffons silencieusement. Lugar tire doucement sur ma robe pour attirer mon attention.
-Maman? C'était qui la madame que tu as renvoyé?
-Une madame qui a été méchante avec ton papa et moi.

Il hoche la tête et va voir sa cousine Lili-Rose. Pour la suite de la journée, nous avons fait préparer la plus grande salle du château Bastra. Les enfants jouent ensemble et les adultes parlent sérieusement. Éloys m'emmène dans un coin pour me parler en privé:
-Depuis quand?
-Je n'en sais rien.. Sandrine est allé me chercher des tests ce matin. Mais, si on y réfléchit bien, ça fait environ une semaine.
-Je pensais qui tu faisais une indigestion au thaïlandais.., avoue-t-il en posant ses mains sur ses hanches. J'aurais dû faire le lien..
-Hé.. C'est passé maintenant. Cesse de t'apitoyer sur quelque chose de stupide.

Ses yeux se perdent dans les miens.

-HÉ! LES AMOUREUX! nous crie Art' qui accourt vers nous avec ma petite soeur. J'ai.. Pardon, on a eu une idée de génie tout à l'heure.
-Quoi donc? demande mon mari.
-On pourrait raccourcir cette cérémonie et faire une petite fête non? tente Sandrine.
-Quoi? Tu as pensé à Nork et à Lugar? Et je ne parle pas de ta Lili-Rose! dis-je.
-Ne t'inquiète pas. Père attend le bon moment pour partir avec cette jeune femme.., répond Artania en pointant son père qui drague une femme un peu plus jeune que lui. Et mon homme a la situation en main avec ton petit Lugar.
-Pauvre gars! Tu lui donne toute la charge! Je vais appeler une gardienne d'enfant et elle va les surveiller dans l'aile Est du château, intervient Éloys.
-Et nous, nous serrons dans l'aile Ouest c'est ça? renchérit mon amie avec des étoiles dans les yeux.

Son grand frère hoche la tête avec un large sourire gaie.

-J'espère que vous ne comptez pas me faire avaler de l'alcool, je les avertis.

Mes amis secouent la tête frénétiquement.

Le soir venu, vers 22h20, les invités partent un à un. Nork, lui, s'est sauvé au bras de la femme de la soirée. Je ne sais pas comment un homme aussi vieux peut faire tomber une femme jeune... C'est étrange.
Artania a passé le mot à plusieurs de ses amis de bar et Cyril fait de même. Trente minutes plus tard, nous nous retrouvons une centaine à fêter à l'extérieur. Les enfants sont avec la nounou qui est dans la partie du château courbée. Donc, ils ne peuvent pas admirer la grande cours. Les gens se baignent, boivent et dansent. Pour ma part, je me déhanche avec Éloys sur la "piste de danse". Je regarde les autres s'amuser de d'autre façon que nous deux; boire et encore boire. Par exemple, ma soeur, je ne l'ai jamais vu boire autant de bière et de vodka-jus d'orange de ma vie. Après quelques heures passés près de mon mari, je croise son regard qui se bloque sur une partie de beer-pong.
-Tu veux y jouer? je lui demande.
-Avant, j'étais imbattable dans ce jeu, me dit-il.
-Et maintenant?
-Depuis que je t'ai rencontré, mes loisirs ont changé... Je ne veux jamais t'en parler, car j'ai honte.
-Tu as honte de plusieurs facettes de toi qui ne me dérangent pas.

Il me regarde intensément.

-Autrefois, je passais mes soirées, mes nuits dans les bars. Je ne faisais que boire et me battre. Je ne pourrais te dire le nombre de fois que l'on m'a sorti. Quand cela arrivait, je errais dans les ruelles à la recherche d'adrénaline. Je me suis fait donné de sacrées raclées, mais je gagnais la plupart du temps.
-Prouve-moi le. Prouve-moi que tu es un imbattable.
-Vraiment?
-Je veux voir ça, je lui assure en me reculant pour qu'il puisse se joindre à la prochaine partie.

À la table du jeu d'alcool, Éloys se fait applaudir. Son adversaire est Cyril.

-Comme on se retrouve mon ami! s'exclame ce dernier.
-Cesse de te donner un air.. Tu ne m'as jamais battu.
-Ça va changer, lui répond son ami en lançant une balle de ping-pong blanche dans un gobelet de bière d'Éloys.

Mon mari le boit en un trait. Il prend la balle et l'envoie dans un verre en avant de lui. Son meilleur ami le boit. C'était comme ça jusqu'à ce qu'il reste deux verres à Cyril et un seul à Éloys. Celui-ci réussi et son garçon d'honneur boit l'un des deux derniers. Il reprend la balle et vise à un oeil. Avec soulagement, il manque son coup, donc c'est le tour à mon amour. Il fixe le verre et se concentre. Il ne veut pas perdre. Je le sais, je le connais. Ce mot n'est pas dans son vocabulaire. Même moi, je n'ai jamais gagné contre lui.

La balle quitte la main du prince et elle rebondit sur la table pour atterrir dans le dernier verre de son adversaire. Les spectateurs hurlent de joie et l'argent des paries circulent entre eux.

-Quoi?! Ça compte ça? pose Cyril à Artania alias la juge.

Cette dernière hoche la tête et lève le bras d'Éloys. Il se tourne vers moi et me fait son sourire voulant dire "je te l'avais dit". Souriante, je vais à sa rencontre.

-Bravo, je vais commencer à te prendre au sérieux maintenant, je le taquine.
-Merci ma belle... Je crois que.. J'ai trop bu de bière, m'avoue-t-il avant d'éclater de rire.
-Tu devrais aller te coucher.
-Si c'est toi qui me borde, je me coucherais! plaisante Éloys.

Je soupire et l'aide à marcher jusqu'à l'intérieur. Je dis à Artania que nous nous retirons de la soirée. Ma belle-soeur m'a affirmé qu'elle allait cesser la fête dans une heure environ.
Dans notre chambre, les enfants dorment paisiblement dans la chambre à Lugar. J'ai payé la gardienne et la reconduit jusqu'à la porte. Éloys, lui, dort presque sur mon épaule. Dans notre grande chambre, j'étend mon mari sur le matelas.
-Gab..
-Oui?

Je me penche vers lui pour mieux entendre.

-J'ai vraiment de la chance de t'avoir à mes côtés. Je suis sûr que tu seras une reine fantastique. 

Sur ce, il s'assoupit. Doucement, je lui retire sa veste et ses souliers noirs. Je me mets en pyjama et m'endors à mon tour. Une chance que ces murs sont bien isolés...