Chapitre 19

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Au bureau, je me répète que je porte l'enfant d'Éloys. C'est pratiquement un cauchemar. Mon téléphone sonne. Cela me sort de ma bulle et j'y répond sur-le-champ.
-Bureau d'avocat, bonjour.
-Salut.

Je me décrispe.

-Tu veux quoi? je demande au prince.
-Qu'on se parle. Ce soir, ça te dit?
-Est-ce que j'ai vraiment le choix?
-Non, rigole-t-il.
-D'accord.. Vers quelle heure?
-18h00. Je passerai te prendre après ton boulot.
-C'est presque trop gentil.
-Cesse de chialer. À ce soir.

Puis, je raccroche. C'est un cercle infernal. Je ne pourrais jamais m'en sortir idem.
Je finis par boucler un dossier par rapport à une violence conjugale et regarde ma montre. 17h56. Je ferme mon ordinateur, prends mes affaires et sors de la bâtisse. Évidemment, à 18h00 pile, Éloys passe me prendre.

Au restaurant, l'atmosphère est tendue.

-Pourquoi es-tu parti? dit-il.
-Écoute.. Parlons d'autre chose.
-Non, Gabby. Tu te doutais que je t'ai fait venir ici pour ça. Alors, répond.

Je déglutis.

-C'est.. Des raisons personnelles.
-Ne me mens pas.
-D'accord! C'est ton père! j'éclate en lâchant ma fourchette.
-Qu'est-ce qu'il a fait?
-Il m'a clairement dit de partir parce que tu as des devoirs à faire en tant que prince et que je n'avais rien à t'offrir pour les accomplir. Content?

Éloys me dit rien pendant quelques secondes.

-Pour être honnête, je croyais que c'était Silvio, me dit-il en éclatant de rire.
-Ça n'a rien de drôle!
-Oui, je sais. Mais c'est un soulagement!

Puis, il se concentre.

-Donc.. Tu l'as écouté?
-Évidemment. D'un côté, c'était les paroles que je ne voulais pas entendre, car je savais qu'elles sont vraies. Je veux dire, Éloys, toi et moi? Cela n'aurait jamais fonctionné!
-Tu dis ça, alors que tu n'en sais rien.
-Peut-être, mais j'ai la logique. L'équation n'est pas possible. Un prince avec une Mme. Personne.
-Ne dit pas ça. Tu n'es pas "personne"! s'exclame-t-il en tapant du poing sur la table.

Plusieurs regards l'observent.

-Éloys...
-Non! Je ne veux plus rien entendre! dit le prince en ce levant, déposant de l'argent sur la table et part.

Pense-t-il que je ne souffre pas? Que je me joue de lui? Je me lance à sa poursuite sur le bord des larmes. Le tonnerre gronde et la pluie fait rage. Je vois la silhouette du Bastra.

-Éloys! je crie.

Il se retourne et me fixe. Je cours vers lui, mais garde une certaine distance.

-Tu.. Tu crois que je n'ai pas souffert d'être loin de toi? Tu crois que tu n'étais qu'une épreuve pour moi? Non, Éloys, non! Je me suis attachée à toi malgré les avertissements. J'ai osé tomber amoureuse de toi même si tu ne le voulais pas! Alors, ne viens pas me dire que je suis la méchante dans cette histoire! dis-je fort pour qu'il puisse entendre tous les mots.

Son regard reste de glace.

-Le pire, c'est que je suis enceinte et que tu n'étais même pas là pour le savoir! J'ai cru devoir élever cet enfant sans son père! je rajoute en pleurant à chaude larme.

Éloys vient vers moi et me serre dans ses bras. Je m'abandonne à lui et laisse mes larmes couler. Avec la pluie, ça ne paraîtra pas.

-Mon dieu, Gabby... Tu es...

Nous nous décollons. Je fouille dans mon sac et y ressors un test de grossesse.

-Oui. C'est Sandrine qui m'a dit que je devais...! je commence avant qu'il m'embrasse.

Je l'enlace et réponds à son baiser.
Je l'emmène à mon appartement question de ne plus être sous la pluie.

-J'imagine que tu n'as pas de vêtement de rechange? je lui pose en déposant mes clefs sur le comptoir.
-Non, dit-il en riant nerveusement.
-Je ne vais pas te laisser comme ça! Enlève ton linge, je vais le mettre dans la sécheuse.
-Tout?
-Ouais, tout. Je te passerai un peignoir.

Il soupire et enlève ses pièces de linge. Nu, Éloys me tend ses vêtements mouillés. Je pars à la penderie, mets son linge ainsi que le mien et mets en marche la machine. Je me prends du linge sec dans un panier et y sors. Je regarde ailleurs en tendant un peignoir au prince. Ce dernier l'attrape et l'enfile.

-Bon! Tu veux quelque chose à boire? Eau? Vin? Tequila?
-Hum, une coupe de vin de serait pas de refus.

Nous sommes assis dans le canapé. Je tends une coupe de vin à Éloys et me prends un verre d'eau.

-Éloys.. Qu'allons-nous faire? je soupire.
-Élever cet enfant, dit-il avec conviction.
-Oui, mais il y a ton père. Il m'a bien fait comprendre qu'il ne me voulait plus entre ses pattes... Entre tes pattes.
-Je m'en balance. Il pensera ce qu'il veut après que je lui aurai dit la nouvelle.
-Attend. Tu vas en parler? je lui demande, les yeux gros comme des soucoupes.
-Évidemment.

Les battements de mon coeur accélèrent.

-Non, non, non! Éloys, mais tu es fou!
-C'est toi qui es folle! J'ai le droit de dire que j'attend un enfant!
-Pas de moi. Je suis une Mme.Personne! Que va penser la population? Ton père?
-Les habitants t'adorent et je me fiche de ce que mon père peut y penser. Il s'agit de ma vie et jamais je ne le laisserai y changer quoi que se soit.

Je me lève d'un bond.

-Je t'ai vu tu sais! Sur la page de couverture d'un journal, tu étais avec ta Perra. Alors, ne viens pas me dire que ton père ne se mêlera de rien, parce que tu étais accompagné...

Il me coupe en m'embrassant tendrement.

-Je ne l'aime pas Gabby... C'est toi que j'aime.

Il colle nos fronts ensemble.

-Où est-ce que cela va nous mener Éloys? je chuchote.
-Vers le bonheur, me répond-t-il en m'embrassant de nouveau.

Contrat avec un princeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant