Chapitre 32

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On est qu'en automne et Lugar me parle déjà de Noël. C'est fou comme cela me déprime. Je n'aime pas la neige, mais les deux hommes de ma vie adorent cette saison. Je suis en minorité.

Éloys tient sa promesse et a renforcé la garde royale. Ça n'aide pas à mon humeur. Même si je suis la reine, ils ont eu l'ordre du roi de ne pas m'écouter. Qui a le plus d'autorité? Pas moi en tout cas.

J'y réfléchis depuis quelque temps.. Éloys a un souper important ce soir, Lugar dort et Artania est là. Je pourrais en profiter pour décompresser au parc Bastra. Je sais que ce n'est pas une bonne idée.. Mais j'en ai tellement envie. Du temps seule à souffler un peu. Non, c'est décidé!

Vers 22h00, je sors par ma fenêtre. Bien sûr, je n'en ai pas parlé à Art', car je sais qu'elle va me dénoncer. Je ne peux pas lui en vouloir. Mais, c'est mon choix. Je ne peux plus supporter toute cette présence à chacun de mes pas. Ça fait quoi? Une semaine que les gardes me suivent sans arrêt? Je n'en peux plus!

Au parc, je m'assois sur une balançoire. Je regarde autour de moi. Personne. À moins que Silvio se cache sous terre, je suis en sécurité. Et puis, je ne suis pas loin du château.
J'observe les étoiles et la lune brillante. Enfin seule. Je reste assise là à regarder les alentours pendant une bonne dizaine de minutes. Puis, je décide de rentrer.

Alors que je marche jusqu'à ma demeure, j'ai un pressentiment. J'ai la sensation d'être fixée à chaque pas que je fais. Pourtant, personne ne me suit. C'est étrange.
À peine suis-je arrivée au château que je me sens tiré par en arrière. Je veux crier, mais quelqu'un presse un chiffon mouillé contre ma bouche. Je tombe peu à peu endormie. Je veux lutter! Mais j'en suis incapable.

Quand je me réveille, je suis ligotée à une chaise. Que de mauvais souvenirs. Par contre, je ne suis pas dans un endroit miteux comme il y a cinq ans. Non, aujourd'hui, je me trouve dans une chambre d'hôtel on dirait. Trois hommes tatoués et armés me fixent d'un air de voyou. Ils me donnent la chair de poule.

-Je ne suis pas un ninja.. Pourquoi autant d'hommes? je demande sachant que Silvio est dans les parages.

Bien deviné, le grand frère Bastra sort de sa cachette. Il arbore un sourire victorieux sur ses lèvres. Que suis-je bête! Pardonne-moi Éloys...

-Comme on se retrouve Gabby! dit-il en s'approchant dangereusement de moi.

Si je pouvais, je reculerais.

-Le plaisir n'est pas partagé Silvio.

Je lui crache ces mots amèrement. Il se renfrogne en faisant une moue. L'aîné revient sur ses pas et marmonne un ordre à l'un des trois hommes. Ce dernier sort de la pièce.

-Ce que tu peux être impertinente! s'exclame-t-il.

Je ne réponds rien et attend que l'homme revienne. Je me demande ce qu'il est allé faire...? Quelques instants plus tard, le garde arrive avec une boite métallique. Silvio la prend et la fait danser sous mes yeux.

-Tu te demande ce que c'est n'est-ce-pas? me lance-t-il en déposant la boite sur le lit.
-Champion.

J'épis chacun de ses mouvements. C'est une boite d'outil.

-Que comptes-tu faire avec ça?
-Tout ça? Te torturer bien sûr.

QUOI?

-Je te demande pardon? dis-je n'en croyant pas mes oreilles.
-Pas besoin.
-Imbécile, je souffle.

Silvio Bastra sort des pinces énormes, un marteau avec des clous et un chalumeau. Je déglutis. Pourquoi?

-J'ai appris récemment que tu étais enceinte. Est-ce vrai? me pose-t-il de son regard de psychopathe.

Je hoche la tête.

-Voyons voir jusqu'au où tu irais pour protéger ton enfant.

Sur ce, il me lance un téléphone portable jetable.

-Appelle mon frère.
-Pourquoi? je demande sur le bord des larmes.

Il soupire d'exaspération.

-Tu penses vraiment que je vais te faire souffrir, alors qu'Éloys n'est pas là pour voir le spectacle?

Merde. Un des trois gardes me libère de mes cordes.
Les doigts fébriles, je compose lentement le numéro de mon mari. Ce n'est que lorsqu'un des hommes pointe son arme vers moi que je m'active. Je pries pour qu'il ne réponde pas. Mais, à la deuxième sonnerie, j'entend sa voix.
-Éloys Bastra, dit-il formellement.

Les mots me bloquent dans la gorge. J'entend que l'homme armé charge son fusil à côté de moi.

-Éloys...? je répond, la voix tremblante de sanglots.
-Tout va bien Gab? me demande-t-il.

Je déglutis.

-Je m'excuse Éloys. Je ne voulais pas tout ce qui arrive en ce moment, mais ne viens pas OK? Ne viens p...

Silvio m'arrache le téléphone.

-Bonjour petit frère! s'exclame-t-il.

Je ne capte aucun son. Si seulement mon mari pouvait crier.

-Oh, elle va très bien... Pour l'instant. Et ton bébé aussi d'ailleurs. C'est dommage que vous ne m'aviez pas annoncé la nouvelle! J'aurais aimé être invité au baby shower!

Normal. Y'en a pas eu. Quoique.. Cela aurait été une bonne idée.

-Cesse de parler! ordonne Silvio à Éloys. Je t'envoies l'adresse et on se retrouve. À bientôt.

Puis, il referme le combiné. L'aîné me lance un regard sombre.

-"ne viens pas mon amour, ne viens pas!" Gnagnagna..., m'imite-t-il en grimaçant.

Je détourne le regard. Franchement! Je n'ai pas cette tête quand je parle!

-En attendant que mon frérot arrive pour te secourir, on va passer le temps, finit par dire le frère machiavélique.

Il sort un paquet d'allumette. Il en tire une du tas et s'approche de moi. Avec un canif, il déchire mon pantalon au niveau de la cuisse. Que va-t-il faire..? À peine ma cuisse mise à nu, Silvio se met à m'enfoncer l'allumette dans ma peau. Ce qui m'arrache une grimace de douleur. Il m'arrache de la peau. Ça chauffe comme le feu. On peut voir la ligne rouge écarlate laissée par l'allumette. Je serre les poings pour contenir ma douleur et ma colère. Ensuite, Silvio prend un chiffon imbibé d'alcool fort et me couvre la cuisse saignante.
Bien que l'alcool désinfecte, cela fait atrocement mal. J'étouffe un petit cri de douleur. Je me demande ce que se sera quand qu'Éloys va arriver.

Contrat avec un princeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant