Chapitre 7 :

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- On commence par laquelle ? 

- Galatée ? me demande Nekfeu. 

- Si tu veux. 

Il sourit doucement et prends une inspiration avant de réciter en chantonnant légèrement 

"Le café vient de fermer mais j'suis devant, j'reste 

Quelle idée d'aimer une femme à l'humeur vengeresse ? 

La dernière fois, j't'ai mis un plan, pas d'quoi péter un plom 

Mais tu viens d'une ville dangereuse qui te vend l'stress" 

- Tu lui avais posé un lapin, elle en a fait autant, pas vrai ? 

- Ouais. 

- Et elle vient de Paris, c'est une Parisienne, ris-je e n faisant référence à sa chanson  Les parisiennes. 


Il sourit, il a l'air content que j'ai fait le lien. Il continue. 

"Je serai fair-play, si je feins d'être énervé c'est pour te faire plaisir et je me pencherai

Me moquant de ton air boudeur
Pour m'emmerder t'allumeras un joint d'herbe ou deux
Tu joueras l'insoumise mais tes mots m'affectent pas
J'obtiendrai ton sourire le seul témoin d'ma victoire
Je tiendrai tes oreilles pour les empêcher d'se sauver
J'te dirai, "y'a d'la meuf dans cette soirée" mais moi j'ai vu qu'toi"

- Elle était boudeuse ? 

- Non, pas vraiment, elle me regardait mal et je disais qu'elle boudait. 

Je hoche la tête et reprends. 

- Elle souriait beaucoup ? 

- Je la faisais sourire. Reprends l'analyse. 

- Pour te racheter de ce lapin tu la fera sourire même si elle fumera pour te faire chier, je sais que tu ne fumes plus, alors que toi t'auras envie de la garder près de toi, tu lui soufflera ces mots en soirée comme pour lui dire que tu ne remarques qu'elle, exactement comme La lumière, d'Orelsan. 

- J'ai sorti mon album avant. 

- Je sais, je ne suis pas stupide, c'était une simple comparaison, me moquais-je

- Méfie-toi, rit-il avant de se remettre à chanter. 

"Ton corps dans ma rétine c'est sensoriel
Sincèrement elle pourra pas nous essorer, la routine
En face de moi y'a des types fons-dé en bas du bloc
Mais je pense à tes p'tites fossettes en bas du dos
Calcule pas tout ces types fons-dé en bas du bloc
Mais je pincerai tes p'tites fossettes en bas du dos"

- Tu as besoin de la voir, c'en est chimique, sans routine, des nuits torrides vu que tu penses à son bas du dos. 

Il ne réponds pas et continue 

"Tu me diras non quand j'te demanderai si tu m'aimes
Et c'est un "non" bien plus précieux qu'un "oui"
J'te comprends pas mais j'ai tes yeux pour sous-titrer
Tu m'as qu'un jour on se lierai qu'une nuit on se quitterai
Comme j'étais absent six mois tu me fuis
Vu que dans mes concerts y'a moitié de filles
Même quand je suis sincère chaque fois tu t'méfies
Et quand je suis moi tu me fuis, bon"


- Elle dit non pour dire oui, comme toi dans Egérie, mais même si elle ne le dit, c'est sous entendu, ses yeux le disent. Tu parles de six mois d'absences, ta tournée ? 

Il ne réponds pas. Je continue. 

- Et tu préfère la garder près de toi. Tu fais référence à une célébre phrase "fuis moi je te suis suis moi je te fuis" et à sa jalousie. 

"Bon c'est vrai qu'c'est récurrent mais me met pas sous pression
Fuyons cette atmosphère écœurante l'amour n'est pas une prison
En t'attendant j'observe les liens que les passants nouent
Il fut un temps où la beauté du ciel venait pas sans nous
Les autres femmes manquent de sel je ne croque pas un bout de ces repas sans goût
À l'esprit j'ai des images de tes cheveux qui repassent en boucle
Mais t'es toujours pas là et le jour s'étire
J'commence vraiment à m'inquiéter pour toi le sais-tu?
Aujourd'hui c'est dur, demain c'est pire
Et ta jalousie me donne envie de toutes les séduire"


- Référence à Plume. Ensuite, tu la rassures, aucune autre n'est aussi bien qu'elle, ni aussi belle et que tu ne la désires qu'elle et elle seulement. Pour les cheveux, cela m'évoque énormément Baudelaire, La chevelure, mais je me trompe surement. 

- Non, c'est bien Baudelaire, réponds-il seulement avant de me laisser continuer. 

- Les journées sont longues sans elle, tu te languis et le fait qu'elle soit jalouse te pousse à la rendre jalouse. 

"Mais je reste fidèle par respect, ça je l'ai juré

T'es la seule qui me paraît spéciale, tous les jours alors
Je reste fidèle par respect, ça je l'ai juré
T'es la seule qui me paraît spécialeTu jet'ras mes affaires encore et tout c'qui pourrait traîner
Même un livre que je t'ai prêté, j'ai un visage pour être aimé
Tu m'as dis "quand est-c'que tu vas t'arrêter d'idéaliser l'amour dans les livres tout en me négligeant ?"
Quoi ? Toi tu crois connaître les gens ? Vérité dantesque
J'ai le cœur en dentelles mais j'suis qu'un mur en tant qu'tel
Tu f'ras la tête mais j'ai un cadeau sous ma parka
Ton sourire énervé j'le connais par cœur
Alors on escaladera des grilles, on ira dans un parc
Et si l'gardien nous grille, on modifiera le parcours
Embrouille pleine de frivolité rue de Rivoli
Une plaisante rivalité, jusqu'à c'qu'on arrive au lit
Tu vois, j'te connais par cœur
À croire qu'les embrouilles je les cherche mais pour l'instant j'me les gèle et je regarde l'heure"


- Tu lui ai fidèle, tu ne fais que jouer. Tu lui avait fait lire le recueil de poèmes, de Paul Eluard, J'ai un visage pour être aimée. Mais elle a raison sur ses inquiétudes, pas vrai ? Tu devines sensible et te souvient de vos jeux dans les parcs. Mais vous vous réconciliez au lit et la tout de suite tu regrettais. 

"Tu voulais plus t'poser, t'avais tout fait pour t'aguerrir beauté

Mais moi j'ai tout fait pour t'acquérir
On aime pleurer autant que rire pourquoi fallait qu'on pose cette base?
Peur de souffrir j'étais distant comme pour dire "tu m'possèdes pas"
Pardon bébé partons, marre de cette vie d'rap
Tu m'as dis "c'est faux tu l'f'ras jamais, c'est moi qu'tu quitteras"
Et c'était faux, enfin, j'ai nié sous le seum
Cette vérité retentissante
Espèce de lâche, rassure-toi en te disant que c'est la vie et que toute façon le génie est souvent seul
Le café vient de fermer tu ne viendras plus
Je sens le dernier métro gronder sous mes pattes
Quelle idée d'aimer cette femme qu'on ne soumet pas?
C'est plutôt nulle comme fin, en plus ça nique le r'frain" 

- Elle ne voulais pas sortir avec toi au début mais tu as tout fait pour que vous soyez perpétuellement heureux même si tu étais distant de peur de t'attacher. Tu étais tellement attaché que tu voulais même arrêté le rap pour elle. Mais elle savait que c'était faux et toi aussi dans le fond. Tu te considère comme un génie incompris. Tu finis par comprendre qu'elle ne viendra plus, qu'elle t'a aussi posé un lapin.

- Et m'a quitté, dit-il.

- Quoi ? 

- Elle m'a quitté ce soir-là.

Je ne réponds rien, que pourrais-je dire ?

- Tu as écrit risibles amours pour elle aussi ?

- Oui. Mais je veux que tu l'analyses.

- Pourquoi ?

- Parce que tu comprends. Tu comprends tout ce que j'ai voulu dire, Charlotte, tout.

Je hoche la tête même si je ne suis pas sûre de comprendre. Je m'assois, me cale contre la cheminée de pierre froide sur ce toi et Ken pose sa tête sur mes cuisses, regardant le ciel. Je pose ma main dans ses cheveux et il prends une inspiration. Il va chanter Risibles amours, c'est sa façon à lui de me parler de son ex. Celle dont Adèle m'a parlée, Marlène.

Bien plus qu'une fan.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant