VIII- Passerelle involontaire

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Mais que devient le rêveur quand le rêve est fini ? -
Hubert-félix Thiéfaine

○∆○

Le monde se retrouve plus noir que prévu. Je ne sais pas si tout est de ma faute mais ce que je sais ne se résume qu'à un profond trou sans fin et plus sinueux que jamais. Pour autant, il ne me fait pas peur c'est même quelque chose de profondément apaisant. Sans doute que le silence y est pour quelque chose... Je prends le temps de m'écouter et de sourire. Moi sourire. Suis-je assise ou debout ? Ai-je mal quelque part ? Pense-t-on à moi alors que je suis bien ? Des questions encore et toujours. Des réponses qui ne valent pas la peine et finalement :

― Arianne...

Un appel lointain venant d'une voix familière. Mais je n'ai aucun désir de répondre, quelle importance après tout. Elle trouble mon repos, elle me gêne.

― Arianne !

Je suis réceptive malgré moi. Ma tête se penche sur le côté dans l'espoir de l'entendre encore une fois alors que mon fond intérieur ordonne le contraire. Tout s'oppose avant d'être subitement agrippée par deux grandes mains crochues. C'est à ce moment seulement que je prends conscience et que mes yeux s'ouvrent. Le néant a laissé place à un lieu encore moins familier qui n'a pour seul but de me faire grimacer.

- Ah ! Enfin ! Je commençais à m'inquiéter sévèrement...

Une grimace étire mes traits en l'écoutant me parler. Son visage semble vraiment inquiet et le pire c'est que devant moi se trouve Satan. Le démon le moins enclin à s'inquiéter pour la race humaine... Je souris à ma pensée avant de tourner la tête. Mais très vite, il s'avère que ça devient la plus horrible idée au monde dans le moment présent. Un fort tambourinement m'attaque les tempes. Par contre, le pire dans l'histoire c'est que je n'ai aucun souvenir de ce qui sait passer.

- Comment je suis arrivée là au juste ?

Satan s'était préparé à reprendre un monologue quand sa respiration se coupa littéralement à mes mots. Son regard se fait alors... Je ne sais pas... Durement inquiet ?

- Tu rigoles là ?

- J'ai l'air ? je le dis dans une grimace.

- Tu ne te rappelles vraiment pas de ton accident ?

Accident ? Je fronce les sourcils et tente de me lever. Ce qui en l'occurrence s'avère être la plus mauvaise idée. Oui encore. Je les accumule... Je manque de chuter en arrière avant d'être rattrapée par le démon qui me plante à l'occasion ses ongles dans ma peau. Je me dégage à la va vite entre la surprise et le malaise. Pourquoi ? Il s'avère qu'en me rattrapant, j'ai cru entrevoir des mains parfaitement humaines. Je me touche le visage anxieusement. Sérieusement ? Mon visage semble être le même que mon rêve. Celui où je revenais des années auparavant. Je souris d'une façon stupide comme si je venais de me forcer à le faire devant une mauvaise blague. Puis ce dernier se transforme en grimace et je réalise subitement un petit problème. J'agrippe mon interlocuteur par son seul attribut visible étant nu... Ses cornes.

- Pourquoi est-ce que j'ai rêvé ?

Son visage est si proche du mien. Ses pupilles noirs me fixent et il ne bronche absolument pas. Sous mes mains, ses cornes sont comme celles des béliers dures et puissantes... Cependant, je remarque très vite que je n'ai pas à faire au dandy de la dernière fois mais au vrai démon. Le vrai Satan dans sa véritable forme. Comme piquée par la réalité, je le lâche et reprends une distance de sécurité. Il n'a pas l'air de comprendre mes mots pourtant très simples. Du coup je réitère l'opération en articulant. La seconde fois, il fait mine de voir de quoi je parle avant de hausser les épaules. Me faisant bien comprendre que je ne pouvais pas rêver étant la personnification de la Mort. Je prends un air contrariée et surtout vexée. Il a cru que j'étais devenue une mémère sénile ou quoi ?

La Mort t'embrasse. [Pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant