« Ne comptez pas les jours. Faites que chaque jour compte. » -
Mohamed Ali○∆○
Il est mort dans le sens littéral de la chose ou dans le sens propre ? On ne sait jamais après tout... En remarquant la tête que me tire Camille, je constate que la première idée sort tout droit de mes espoirs. Je ris jaune. Donc, j'ai parlé à un esprit ? C'est ça qu'elle est en train de me dire ? L'idée même pourrait me faire grimacer si je ne devais pas arborer une tout autre expression. Je connais assez ces entités pour ne pas en avoir peur. Du coup, je tente une mine grave et effrayée pour faire mine de rien devant l'humaine. Mais ça me paraît si mauvais que j'arrête rapidement. C'est alors qu'elle reprend de plus belle pour commencer un monologue oubliant très clairement son entrée. De mon côté, je l'écoute attentivement sans perdre une miette de mon repas. Pour une fois qu'il est potable faut profiter !
Mon amie m'informe alors que cet homme est mort dans un accident de la route qui avait mis en cause trois voitures. La première était celle d'un jeune père de famille qui rentrait sagement du travail. Il aperçut un animal traverser la route dans un carrefour peu fréquenté à cette heure. Au lieu de faire une embardée dans le fossé, il avait préféré piller. Notre victime quant à elle fut prise au dépourvue. Surprise, elle lui rentra dedans assez violemment. Mais rien de comparable à la suivante qui arrivait de face et qui transportait un groupe d'amis. Ces derniers s'amusaient à faire l'aquarium après plusieurs verres d'alcool maison. Autant dire qu'ils ne pouvaient en aucun cas prendre le volant. Pourtant, leur voiture percuta de plein fouet celle de notre intéressé. Le parechoc entra en contact avec le côté gauche et lui écrasa littéralement le corps entier. Le choc fut si rude que même les pompiers ne purent le sauver. Il se vida de son sang devant les yeux défaits et impuissants de ces sauveurs.Je me souviens de lui. De sa mort violente et de son regard qui se voilait au fur et à mesure. Mais j'étais arrivée trop tard pour prendre son âme. Un Autolikhícosy était déjà présent. Une sale bête qui ne manqua aucunement de me faire savoir sa place. Il avait attendu que j'arrive pour manger l'âme devant moi. Cependant, je n'avais aucun droit sur eux. Je savais pertinemment qu'il se délectait de sa position. Le corps était mort, l'âme était perdue et l'esprit venait de trouver le supplice de l'errance.
Reprenant conscience devant Camille, je secoue rapidement ma tête pour me remettre les idées en place avant de me lever et m'en aller, le plateau entre les mains. Comme une litanie assourdissante, les propos de mon amie raisonnent en moi en faisant écho. J'ai vu un Anaon alors ? Mais comment est-ce que ça se fait qu'il est pu aussi bien interagir avec moi ? Pourquoi tout semblait si réel ? Pleine de questionnement je reprends place derrière mon bureau sans lâcher d'une semelle mes pensées. Puis finalement sur le chemin du retour le soir,
― Tu as vu un fantôme ?
Si seulement je pouvais le qualifier avec autant de médiocrité je ne serais pas autant affligée. Par ma faute et uniquement à cause de ma lenteur, il ne peut pas trouver le repos éternel qui lui est dû. Avec agacement, je porte un doigt entre mes dents pour me casser un ongle. Finalement, je prends la décision de me rendre cette nuit dans son ancien appartement pour lui expliquer sa situation. En tant qu'âme en peine, il sera plus enclin à m'écouter sans me sauter dessus. Le but étant de lui trouver un objectif autre que le vagabondage.
De retour dans ma chambre, je commence sagement à réfléchir à une solution quand un bruit de chute se fait entendre dans mon dos. Comme une humaine normale, je me mets à sursauter et me retourne pour constater que l'objet n'est autre que le livre de l'Armier. Cependant, au lieu d'être fermé, il se retrouve parcouru de tremblement suivi de près par ses pages qui se mettent à se mouvoir toutes seules. Ni une ni deux, je me jette à terre pour l'arrêter mais je finis par me faire couper. Une grimace et mon sang perle sur quelques tranches.
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La Mort t'embrasse. [Pause]
ParanormalMon passé me suit. Mon présent se vit. Mon futur est compromis. Je ne suis pas ce qu'on pense ni même ce qu'on lit. L'âge n'a pas de limite tout comme la vie. Sans doute que vous allez douter de mes propos mais sachez une chose : "n'est vrai que...