Dans la Peau de Jubia Lockser

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PDV Grey

Aïe aïe aïe je suis trempé moi maintenant. Pas que ça me gêne vraiment, ça a déjà gelé de toute façon, mais c'est pas vraiment agréable de se sentir fixé par les autres passagers... Et elle ne sait toujours pas comment enlever ça ? 

J'ai bien une solution pour faire revenir le soleil mais... Je vais vraiment devoir faire ça?... Vraiment ?... Pfffff... Vivement qu'elle reprenne le contrôle, c'est tout de même bizarre cette histoire biscornue.

—Jubia, tu te souviens de notre rencontre ? 

—Oui... 

Je la vois sourire légèrement. 

—Tu te souviens de ce que tu avais dit ?

—Oui, c'est vraiment joli un ciel bleu... 

Je regarde dehors. Ça n'a absolument rien changé. Va falloir aller jusqu'au bout... Vraiment ? Aaaargh mais j'ai pas envie de faire ça moi ! D'un autre côté je pense pas que j'aie le choix, vu la tempête on va finir par s'arrêter et être en retard pour la location de l'hôtel et ça va être de ma faute à tous les coups..

Pas le choix, quand faut y aller faut y aller... Mon dieu que c'est gênant.

—Jubia écoute, il faut que tu te souvienne de cette scène précisément.

Elle me fixe de ses grands yeux océan, le visage figé sur un sourire sans joie. Je soupire. On passe aux choses sérieuses. Je serre ses mains, encore posées sur mes genoux. Évidemment elle n'avait pas pensé à les retirer...

Je la sens bouger légèrement. On avance...

—Souviens toi du moment ou je t'ai rattrapée alors que tu avais perdu notre combat. Tu t'étais effondrée à côté de moi, en observant un ciel sans nuage. Revois cette scène.

Je la vois hocher la tête doucement. Je pose ma main sur son front, et elle frissonne à mon contact puis ses paupières recouvrent ses pupilles. La pluie à l'extérieur s'était légèrement calmée. 

Mais je la vois réapparaître dans les cheveux bleus de ma camarade. Elle ruisselle, agrandissant la flaque à nos pieds. Les passagers commencent à s'inquiéter. Pire encore, son corps entier se liquéfie, encore une fois. Brusquement, ses yeux s'ouvrent et ses traits se tendent. Les gouttes martèlent les fenêtres avec une telle force que l'on ne pourrait même pas s'entendre parler. J'ai même peur que le verre se brise. Sérieusement ça n'en finit jamais bordel. Ça craint là !

—Jubia ! JUBIA ! j'hurle en la secouant comme un prunier.

Pas de réaction pour changer. Je prend sa tête entre mes mains et gèle son visage, déjà figé sur une expression tendue. Mon pouvoir se diffuse et bientôt, ce n'est plus la mage d'eau que j'ai devant moi mais une parfaite statue à son effigie. La pluie s'est transformée en grêle et continue de tomber dru, aucune amélioration. Elle a seulement gelée en surface. À travers la glace, les eaux se déchaînent, luttant pour sortir.  

Le train s'arrête au milieu de la tempête. C'est ironique mais je sèche là, je pensais que ce souvenir allait la calmer, mais visiblement c'est raté. J'ai aucune idée qui me vient là.

Il faut que je demande de l'aide. Mais j'ai promis de ne rien dire sur son état... Bah ! J'inventerais un truc, il faut qu'on se sorte de là. Si je me souviens bien, dans le wagon d'à côté c'est Reby Gajeel et Lily ? Reby saura peut-être quoi faire. Je m'assure que Jubia ne va pas se décongeler, et je me lève. Le wagon 4 est aussi blindé que le nôtre, je vois la crinière noire de Gajeel vers le fond, Reby en face de lui. Quand j'arrive devant eux, c'est le calme absolu. On dirait que ça n'avance pas avec ces deux là. Lily m'aperçoit et m'adresse un soupir désespéré.