Chapitre 14

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Jack

Les frissons parcourent mon échine. Wendy est là, entre mes bras, à ma totale merci.

Je ne peux me départir de mon sourire. Les ragots vont jaser. Et quoi, les regards qui nous jugent s'amusent ? Grand bien leur fasse, je m'amuse tout autant !

                Ignorant les protestations de Wendy, j'enchaîne la valse suivante, et encore la suivante. D'autres finissent par nous imiter et bientôt, la vaste salle se retrouvent étouffée de jupons qui s'envolent au rythme de la musique.

Parlant de musique, celle-ci me plait. Strauss, si je ne m'abuse ? Bien évidemment, les agents aucun droit d'en écouter à loisir. Bien entendu. S'amuser ? Mais c'est le mal, voyons ! La seule mélodie que nous autres, pauvres espions ou messagers, sont supposés connaître, c'est l'hymne de l'agence. Une véritable marche funèbre, comme Jasper et moi prenons soin de la nommer. Lui et moi nous sommes donc empressé de craquer tout les titres possibles et inimaginables. La seule source que nous ayons trouvée était les documents personnels de Dawkins, à ma plus grande stupeur. Ce gorille avait donc un petit peu de poésie, quelque part au fond de son cerveau lavé ?

                Je reprends brusquement pied dans le présent. Les ongles de Wendy viennent de s'enfoncer brutalement sur le dos de ma main, si fort que le sang se met à goutter.

Mon sourire s'élargit.

- Attention, tu pourrais tâcher ta robe.

Son visage reste impassible, le regard fixé derrière mon épaule.

- Pourquoi crois-tu que j'aie choisi une tenue rouge ?

- Parce que tu peux choisir ta propre robe ? plaisantai-je.

Elle garda le silence, m'apprenant que je venais de toucher une zone sensible. Plus la Louve indifférente à mes paroles, plus je sais qu'elle bouillonne de l'intérieur.

Son masque est plutôt fragile, bien qu'elle soit persuadée du contraire.

J'étudie le fond de ses yeux. Les vagues écarlates sont clairement perturbées dans leurs iris. La peur en est la source, j'y mettrai la main au feu. La peur... La peur est pour moi une autre preuve que malgré toutes les années, la petite Wendy que j'ai connu existe encore, jeune fille innocente tapie dans l'ombre de la Louve.

La peur n'est pas une caractéristique de la Louve, car la Louve est un robot pur et simple qui n'est pas programmé pour cette émotion. La peur vient de Wendy.

C'est pour cette raison que j'exulte.

- Regarde-les, fais-je en pivotant pour qu'elle puisse voir ses camarades assassins. Ils nous regardent d'un air tellement horrifié...

- Ce ne sont pas les seuls, rétorque-t-elle.

- Tiens donc. Serais-tu horrifiée, Wendy ?

- Je n'ai pas la moindre émotion à ton égard, rétorque-t-elle en redressant le menton.

Je note que son regard se fixe régulièrement sur un point au nord de la salle. En tournant à nouveau sur moi-même, je réalise que ce qui occupe ses pensées est le Maréchal, assis comme un roi sur son trône, entouré de tout son beau monde.


Il nous fixe d'un regard digne de la Louve elle-même, si détaché de la scène qu'il en parait presque vitreux.


- Vraiment ? continué-je en tâchant de lui faire oublier son évidente anxiété. Tu ne ressens rien ?

- Rien. Du. Tout, dit-elle en appuyant sur le "rien".

- Voila qui me vexe.

Elle me défie. Je la fait virevolter un peu plus, et resserre ma prise autour de sa hanche. Je baisse la tête jusqu'à son épaule et inspire doucement dans le creux de sa nuque.

Les Enfants de la NuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant