Chapitre 9

2.5K 335 36
                                    


Wendy

             Son adversaire git à terre, affalé contre le mur au fond de la fosse. Il n'est pas prêt de se relever, au vu de la position anormale de sa jambe droite, repliée dans un axe à l'aspect très douloureux.

Jack envoie un baiser à la foule en délire, son sourire de fauve accroché sur les lèvres. Je le savais populaire auprès des jeunes générations, mais sans jamais prendre la peine de considérer cet aspect de sa vie. Son arrogance, déjà située à haut degré, vient d'exploser les dernières frontières que j'avais en considération.

Mes camarades sont peut-être ahuris, cependant, je ne ressens qu'une légère perplexité. Jack n'a pratiquement jamais participé aux combats de l'Arène, et en a encore moins gagné. Ayant fait ses preuves dès l'âge de douze ans, il est rapidement passé de la classe de messager à celle d'espion, sans véritablement chercher à se distinguer.

Or, il vient aujourd'hui de se jeter dans la fosse et d'écraser son adversaire en moins de 3 secondes, l'assommant d'une seule frappe.

La question est donc : depuis quand cache-t-il son petit jeu ?

- Tiens, tiens, commente Gabriel, un léger sourire aux lèvres. Aurions-nous tous été bernés ?

Adrian lui répond d'un claquement de langue agacé.

- Peu probable. Son adversaire était un imbécile, sa victoire ne prouve rien.

- Nous verrons cela dans quelques minutes, murmuré-je.

Mais contrairement au mépris prématuré d'Adrian, Jack remporte les cinq rounds suivant, et d'une victoire aussi écrasante que la première. D'ailleurs, si au début il prenait plaisir a exhiber ses lauriers, il combat maintenant avec une nonchalance non dissimulée. Un profond ennui marque même chacun de ses gestes.

- Je n'ai jamais vu autant d'arrogance, fait Orwald d'un ton maussade.

- Ce petit me plait ! répond Edgar, au contraire bien jovial. Comment se nomme-t-il, déjà ? Il me semble familier.

- Jack, 17 ans, espion non-classé, treizième génération, récité-je. Gènes de félidé, tigre du Bengale.

Tout le monde prend le temps d'acquiescer, puis aiguise à nouveau son regard sur le champion de l'Arène. Un sabre dans chaque main, il exécute quelques lents moulinets du poignet, guettant l'entrée de son prochain adversaire d'un air impatient. Il est clair que Jack souhaite en finir au plus vite.

Ou alors... Il souhaite passer à la vitesse supérieure. C'est-à-dire de commencer à affronter les assassins.

Je jette un oeil à Orwald, désigné pour entrer dans l'Arène en premier. Il émet un petit grognement dédaigneux une seconde plus tard, tirant les mêmes conclusions que moi.

- Ce petit morveux ne sait pas ce qui l'attend !

Edgar se retourne vers moi, fixant son regard sur mes paupières.

- Et que se passe-t-il s'il parvient à grimper jusqu'à toi, Louve ?

Une question posée à la légère, mais à laquelle chacun d'entre nous cherche une réponse.

- Jack ne me lancera pas le Défi, dis-je finalement, sûre de mes propres paroles.

               Le fait est que, une heure et demie plus tard, Jack remporte la totalité des victoires sur tout les espions.

Les siens lui hurlent toute leur admiration, leur excitation, leur espoir. Espoir qu'enfin, l'un des leurs parviennent à altérer le charisme des assassins, à toucher l'intouchable, à nous rendre un peu plus humain, peut-être.

Les Enfants de la NuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant