Chapitre 12

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Jack

Les mains agrippées au lavabo blanc, je foudroie du regard le reflet de mon visage tuméfié. Une ecchymose presque noire manifeste gentiment sa présence sur mon menton, de même qu'une superbe entaille courant au-dessus de mon sourcil droit.

Je passe la main sous le robinet et verse un peu d'eau froide sur mon front. Mais quel abruti ! Pourquoi n'en ai-je pas fini avec elle ? Il suffisait d'un coup, un seul, et Gavin aurait pu retrouver un semblant de liberté.

Ma seule consolation est que le nombre de plaies est à même répartition. Je lui ai rendu chaque coup que cette peste m'ait allongé, et pas qu'un peu ! Son ventre doit souffrir autant que ma mâchoire. J'espère simplement que cela l'empêchera de danser avec l'autre enfoiré. Et si ce n'est pas le cas, alors mes efforts auront bel et biens été vains.

         Tout en maugréant mon plus beau chapelet d'injures, je traverse le vestiaire sous une pluie d'acclamations et de sifflement admiratifs. Le passage est encombré d'espions émoustillés qui ne cessent de me taper dans le dos pour me féliciter. Je n'ai peut-être pas assez mal comme ça, connards ?

         Je me trouve une douche isolée, retire mes vêtements et passe sous l'eau tiède. Mes blessures picotent, mais ma colère brûle. Encore et toujours, je ne parviens pas à me calmer.

Que va-t-il se passer à présent ? Ma part du contrat n'est pas respectée - pas entièrement du moins. La Louve et moi avons tout deux été proclamés vainqueurs de l'Arène. Autrement dit, personne n'a gagné. J'ignore si le Maréchal est de mise avec Dawkins, mais si c'est le cas, alors il doit être satisfait. J'ai dévoilé la valeur de mes capacités, et ils peuvent garder leur prisonnier. Au bout du compte, je suis toujours un imbécile. Jasper avait raison, j'aurais dû faire plus attention. Maintenant que mes talents sont reconnus, je n'aurai probablement plus une seconde de répit.

- Bordel, grogné-je en rejetant la tête en arrière afin que le jet dégage mon visage. Dawkins, j'aurai ta peau...

- Pas encore, gamin, me répond une voix derrière le rideau de plastique blanc. Attend de voir ce que je te réserve.

Je coupe aussitôt l'eau et ouvre si brusquement la tenture qu'elle s'arrache à ses anneaux.

Le Major se tient juste devant moi, coincé dans son immaculé costume blanc, ses sourcils impeccables haussés jusqu'à la racine des cheveux. Son regard passe de moi au rideau, froissé dans mon poing tremblant.

- Habille-toi, finit-il par ordonner, ramenant ses yeux de vautours dans les miens. Il y a du nouveau.

- Vraiment ? ironisé-je. Quelle surprise.

Je passe devant lui, délaisse le rideau sur les dalles mouillées et attrape une serviette. Si ma nudité le gène, qu'il dégage. Un coup d'oeil périphérique m'indique que le reste des agents ont quitté les lieux, et de manière rapide. Quelques sacs et caleçons traînent ci et là, mais le silence règne. Nous sommes seuls.

- Que se passe-t-il de si important que le Major en personne daigne me trouver dans les vestiaires ? m'enquis-je finalement tout en bandant mes plaies d'un ruban de gaze. Quel déplaisir ce doit être pour vous. Les douches ne sont pas fort bien entretenues, vous ne trouvez pas ?

Sans me répondre, Dawkins me fait un bref signe du menton, m'indiquant le banc derrière moi. Je pivote la tête et découvre une boite, allongée et vernie d'un noir qui m'inquiète.

- Tu viens de monter en grade, annonce alors Dawkins de but en blanc. Félicitations, te voici promu.

Je plisse le regard, suspicieux.

Les Enfants de la NuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant