Chapitre 2

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Jack

- Tu n'y arriveras pas cette fois.

J'hausse un sourcil, amusé.

- On parie ?

D'un geste brusque, Ambrose projette une poignée de cacahuètes aussi loin qu'il le pouvait.

Je tire quatre coups secs, les explosant chacune juste avant leur retombée au sol.

- Bon sang, grommèle Ambrose en jetant un regard mauvais aux miettes. Tu n'es pas humain.

Je lui lance un sourire arrogant en faisant mine de souffler sur le canon de mon silencieux.

- On ferait mieux de cesser ce petit jeu, dit-il en vidant le reste du paquet dans sa bouche. Tu rirais moins si on découvrait tes petits talents.

- Je ne m'inquiète pas pour cela. Dawkins me considère aussi doué qu'une chaise.

- Il n'est pas stupide, Jack. Tu ne pourras pas te cacher très longtemps, c'est moi qui te le dis. Surtout si tu continues à faire des bêtises. Et passe-moi cette bouteille, gamin.

- Ttt, fais-je en portant le goulot à mes lèvres. C'est ta troisième, l'ami.

- Mon service est fini ! proteste Ambrose en essayant de me l'arracher.

- Tu empestes déjà !

Deux coups frappés derrière le métal nous empêche de se jeter l'un sur l'autre. Figés dans nos mouvements, nous attendons le troisième coup, qui suit une seconde plus tard.

Lâchant un chapelet de jurons, Ambrose se relève péniblement et ouvre la porte.

Je fais glisser bouteilles et flingue sous la banquette. Juste à temps.

La Louve prend possession de la pièce, magnifique et terrifiante dans son manteau noir. Ambrose se fait soudain tout petit, rentrant la tête entre les épaules. Je pourrais en rire si cette fille n'attirait pas irrémédiablement mon regard.

- Mais qui voilà..., sifflé-je. Salut, Wendy !

Elle me tourne le dos, mais je peux clairement voir son poing ganté de cuir se crisper. Touché.

Ses cheveux noirs, légèrement bouclés, cascadent juste au-dessus de ses reins. C'était déjà le cas lorsque nous étions petits, mais cette longueur me parait changée, à présent. Plus féminine.

Je me force à détourner les yeux de ses mèches soyeuses. Elle pivote et me présente son fameux masque d'indifférence, les traits plus vides qu'un mur de granit.

Je déteste cette expression.

Je lance la première pique qui me vient à l'esprit. Ses sourcils se froncent automatiquement, brisant cette infernale placidité. Ha ! Oui, je suis plutôt fier d'être le seul à y arriver.

Satisfait, je persévère aussi loin que possible dans ma provocation, repoussant le moment où elle finira par en avoir assez et s'en aller. J'affiche mon petit sourire de gamin, sachant pertinemment que cela l'agace au plus au point.

Je ne connais pas de choses plus plaisantes que l'énerver. Ça l'était encore plus lorsque nous avions dix ans car elle réagissait encore au quart de tour. Elle se jetait alors sur moi et nous finissions toujours par nous rouer de coups.

Aujourd'hui, je peux toujours rêver pour qu'elle s'abaisse à cela. C'est tout juste si elle me voit encore. Comme si j'étais trop indigne pour capter son regard. Trop inférieur à elle.

Les Enfants de la NuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant