Chapitre 15

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Wendy

            Le regards s'allongent sur la sortie de Jack avant revenir sur moi comme un élastique. Mais le seul qui m'importe est celui du Maréchal. Il me jauge plus que jamais. Je sens qu'il attend que je redresse ma posture, sérieusement amochée par les bêtises du nouvel assassin.

Mon image n'est pas au mieux de ma forme. Je n'ai pas le choix.

            En 2 fraction de seconde, je projette la moindre de mes pensées dans mon masque d'indifférence que je dissous ensuite en poussière. Quiconque tentera de lire mon visage se sentira tomber dans le vide. Car ce qui vient de se produire a n'a pas la moindre incidence sur la Louve.

Je redresse le menton et, dans le plus grand calme, re-dépose la fameuse coupe de vin. Il me faut faire passer ce geste comme une correction, et non un acte de colère. Même si c'était le cas.

D'un geste automatique, je fais face à la salle qui m'observe en silence. Sourcils lâches, paupières à quart closes, je parcoure l'assemblée de mon regard le plus impavide.

            Les assassins me rejoignent, et cadre ma mise en scène en reprenant notre discussion de toute à l'heure. Ils sont doués. Peut-être pas autant que je me de l'être, mais suffisamment pour rehausser mon jeu de détachement.

Edgar me met encore une coupe de champagne dans la main, estimant qu'après ce que je viens de traverser, j'en aurais sûrement besoin.

Mais Adrian s'empresse de me la reprendre des mains.

- Garde la tête froide, me souffle-t-il avant de la finir cul sec. Au moins jusqu'à ce qu'il t'aie exprimé son opinion.

Lui et moi savons parfaitement de qui il veut parler. Wallace n'a pas aimé, mais alors pas du tout ce à quoi il vient d'assister. Et j'ai beau faire tout mon possible pour rattraper les erreurs de ce misérable de Jack, ce ne sera pas suffisant pour adoucir sa colère.

Une goutte de sueur perle le long de ma colonne vertébrale. Il fait subitement très chaud, et je commence à réfléchir à un plan pour me sortir d'ici.

- J'espère que je n'aurai pas à faire équipe avec un pareil avorton, fit Orwald d'une voix difficilement contenue.

- N'espère pas trop, rétorque Edgar en se tournant vers les couples qui recommençaient à valser. Il nous a tous battu, excepté Louve.

- C'est cela qui m'échappe ! Il n'a tout de même pas de technique cachée, nous l'aurions vu. Enfin, les instructeurs l'auraient vu, il me semble !

- Calme, ordonné-je, jugeant qu'Orwald s'excitait un poil trop au-dessus de la norme.

Il se tait aussitôt, mais Gabriel prend le relais :

- Il ne l'a pas toujours été. Si mes souvenirs sont bons, il fut un temps où Jack avait le même niveau que nous.

- Exact, je réponds. Mais ce n'était que lorsque nous étions novices.

- 11 ans, cela ne compte pas, jugea Orwald. Nous avions tous autant de compétences qu'un crabe.

- Un très beau crabe, pour ma part, fait Edgar en reposant sa coupe sur le plateau d'un serveur qui passe devant nous. Mais pour en revenir à Jack, je pense qu'il a simplement une excellente mémoire. Sinon, comment aurait-il pu se souvenir des cours avancés que nous avons reçu jadis ?

- Tu marques un point, approuve Gabriel. Dans l'Arène, il ne lui avait fallu que quelques secondes pour prévoir le moindre mouvement d'Adrian.

A côté de moi, ce dernier ne fait pas mine de s'en offenser.

Les Enfants de la NuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant