BLOODY LOVE

XVIII

Je me souviens encore des cinq étapes de séduction d'Adam : le jeu du regard, l'approche, les yeux doux et le rendez-vous. Après, partie de jambes en l'air avant de laisser tomber sa proie, satisfait de son travail.
J'y avais pensé l'espace d'une seconde, je l'avoue. J'avais pensé qu'il prévoyait de me laisser tomber au vu de son attitude d'hier. Mais je n'avais pas prévu un tel retournement de situation. Et je ne sais même pas ce qui est le pire dans tout ça.
Ma mère me disait toujours : Qui dit cerisier, dit chasseur.
Alors que dois-je comprendre ? Ou plutôt, qu'est ce que je n'ai pas envie d'accepter ? Je viens de quitter mon paradis pour entrer dans un cauchemar. Mon pire cauchemar.

Les Cooper sont des chasseurs. Ça ne peut pas être une coïncidence. Impossible.

Je suis toujours pétrifiée, mes yeux ne faisant que fixer le long chemin rempli de pétales. Si l'une d'entres elles frôle ma peau, elle me brûlera.

Mais que faire ? Si je m'en vais je paraîtrai plus que suspecte et si j'y vais je risque ma vie. Surtout s'ils sont déjà au courant. Ou peut-être pas. Peut-être que je m'emballe trop rapidement. Peut-être qu'à leurs yeux je ne suis que la simple petite amie de leur fils qu'il vient leur présenter.

Je commence à paniquer et ça se voit. Je ne peux pas m'empêcher de serrer mon sac contre moi et de trembler.

- Tu viens ? demande Adam qui avance déjà.

- O-oui.

J'affiche un sourire faux et décide de le suivre. Je manque d'énergie, je n'ai pas bu de sang depuis trois jours. Même si je décidais de faire demi-tour, je n'arriverai jamais jusqu'à chez moi.

Nous avançons normalement, mais trop lentement pour moi. Tellement lentement qu'à la moitié du chemin, il m'est impossible d'éviter la pétale venue frôler ma main.

- Aïe ! m'écrié-je.

- Quoi ? dit-il en se rapprochant de moi.

Je m'empresse de cacher ma main droite à l'aide de la gauche.
Le temps qu'Adam arrive, la brûlure a déjà cicatrisé.

- Rien. Je... J'ai coincé mon doigt dans la tirette de mon sac.

Mon excuse était complètement bidon. Et j'ai l'air totalement ridicule.

- Ok...

Je soupire. Mais si cette connerie permet de me sauver, peu importe.

Nous arrivons finalement devant la porte d'entrée. J'ai eu le sentiment que le chemin était sans fin.

La demeure est impressionnante. J'ai l'impression d'être devant un château.
Et quand Adam ouvre la porte, je découvre l'immense salon où se trouve Diana. C'est un peu plus grand que chez Justin et je dirais que tout est ancien chez les Cooper. Plusieurs portraits sont accrochés aux murs.

- Où sont les parents ?

- Cuisine, lui répond sèchement sa soeur avant de me regarder.

J'ai bien compris qu'elle ne m'aimait pas. Ça, c'est certain. Mais je me demande bien ce qui se trame avec son frère. Je n'ai pas oublié les appels à Los Angeles.

Adam se dirige vers la cuisine. Je lui emboîte le pas en continuant d'observer la maison. Il ne vient pas d'un milieu modeste, c'est certain.

Nous passons à côté de l'immense salle à manger où des chandeliers sont disposés sur la table. Il y a également les escaliers menant à l'étage. Les Cooper aiment la couleur rouges. Elle est partout : sur les nappes, sur les coussins, sur les escaliers,... Il faut être aveugle pour ne pas le voir. Quelle ironie d'aimer la couleur symbolisant les suceurs de sang.