3. Moscou

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Les commencements ont des charmes inexplicable. Molière (Dom Juan)

Je tourne la tête, intriguée, pour voir monsieur Apollon à la Audi rouge pute me dévisager. Ma vie, clairement, c'est de la merde. Le sort s'acharne sur moi aujourd'hui. C'est le karma, c'est ça, hein ! C'est parce que j'ai craché sur la tête de monsieur Crimson du troisième étage en seconde ? Ou peut-être quand je me suis battue avec Anne Morison parce qu'elle avait osé prendre mon goûter en terminal ? Putain, je me suis battue tellement de fois que je n'ai même pas assez de doigts compter !

- Le dégoût est partagé, que fais-tu ici, petit idiot ? Lançais-je en remettant correctement mes lunettes de vue sur mon nez.

Putain, fait chier !

- Mon frère m'a viré et m'a dit de venir ici, c'est dorénavant mon siège.

Il n'attend pas que je l'invite et s'assoie à côté de moi, l'air tout sauf amical. L'entendre respirer m'agace et rien que sa présence à mes côtés me donne envie de découper le mur en ferraille et me lancer tomber dans le vide, quitte à perdre la vie. J'ai toujours détesté les gens comme ça. Ce genre de personne qui se sente supérieur aux autres parce qu'ils ont de l'argent. J'ai envie de le frapper !

- Détendez votre visage, vous allez finir toute ridée à force d'être autant crisper.

Même sa façon de me parler est directive comme s'il me donnait des ordres. Il ne me regarde même pas, trop obnubilé à faire l'état des lieux des sièges et de l'écran devant lui. Cet idiot se met même à essuyer les boutons au dessus de nos têtes avec des lingettes de nettoyage. C'est un maniaque, j'en suis sûre et certaine.

Une voix nous informe que nous allons entamer le décollage de l'avion et j'attache ma ceinture alors qu'une hôtesse de l'air se déplace doucement pour vérifier si tous les passagers sont bien attachés. Elle arrive à notre niveau et regarde Apollon d'un œil aguicheur avant d'appuyer fermement sa ceinture un peu trop fort, elle presse même vers le bas de son ventre. Mon dieu, cette femme n'est pas du tous discrète.

- Vous avez finit ?

Apollon la toise d'un mauvais œil alors qu'elle se retire, toujours le sourire aux lèvres. Son sourire de poupée Barbie est toujours collé à son visage.

- Oui, bien sûr. La sécurité de nos passagers est l'une de nos priorités.

Poupée Barbie continue sa route et à aucun moment elle n'a réitéré son geste un peu trop déplacer. Apollon, lui, a encore une fois rouspété avant de dire des trucs incompréhensible en russe. J'avais senti son accent quand il parlait en français mais je n'aurais jamais crut qu'il était russe.

Excédée de sa voix et de son air grincheux, je place mes écouteurs dans mes oreilles et remets le masque sur mes yeux. J'expire un bon coup avant d'appuyer sur play, avec l'habitude tout est automatique et je n'ai même pas besoin de regarder. La voix forte d'Ella Eyre sonne dans mes tympans, l'image d'Elizabeth me vient à l'esprit. Mon amie me manque, beaucoup même. Jackson, encore plus. Elizabeth et moi avions l'habitude d'écouter cette chanson ensemble pendant nos moments "confession", elle trace bien ma vie cette chanson. Parce que oui, We Don't Have To Take Our Clothes Off to have a good night. Oh que oui.

*****

Je sens quelqu'un me secouer violemment et j'écarquille les yeux d'un coup. Qui est la personne qui souhaite mourir ? Personne ne me réveille comme ça, personne !

- Enfin la princesse daigne se lever ! Il en a fallut du temps, dis donc !

Apollon, bien sûr. À part lui, je n'ai jamais vu quelqu'un qui désirait autant que je lui ôte la vie. Je grogne de frustration face à sa tête de singe alors que je remarque qu'il n'y a personne sur les sièges derrière lui. Rectification, il n'y a plus personne dans l'avion !

2. Alcoolique et en fuiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant