2. Alcoolique et en fuite

32. Ensemble

C'est les blancs entre les mots qu'il fallait savoir écouter.

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Je ne bouge plus, ma respiration se bloque et une goutte de sueur froide coule le long de mon crâne. J'écarquille des yeux une nouvelle fois pour être sûr de ce qu'il se passe devant moi. Mais je ne rêve pas, à mon plus grand malheur.

Andreï, le père d'Alexeï prononce quelques mots en russe et la vieille femme s'arrête. Elle regarde tout autour d'elle et semble remarquer notre présence à tous. Comme une enfant qui se fait gronder par ses parents, elle tend l'objet de mes peurs à son fils en boudant. En boudant ! C'est un pistolet pour l'amour de dieu, pas un bonbon !

Depuis que j'ai ouvert la bouche, la main d'Alexeï entoure la mienne et la sert très fort. Ses sourcils sont froncés et quand son père récupère enfin l'arme, il s'apaise enfin.

La tension dans la pièce a disparu mais ma curiosité me pique de plus en plus. Qui ne serait pas dans ma situation ? Voir une personne âgée nettoyer une arme c'est quelque chose, la voir faire pendant un repas comme si c'était quelque chose de naturel alors qu'elle dormait profondément, ça en est une autre !

- Alexeï ? Je...

Il rapproche sa tête de la mienne et m'embrasse la tempe. Ce simple geste m'émoustille à chaque fois.

- Ne t'inquiète pas, tu t'y habitueras dans quelques temps. Me murmure-t-il au creux de l'oreille.

M'y habituer ? À ça ? Sérieusement ?

Je peux m'accommoder à pleins de choses mais ça, c'est vraiment atypique.

- Notre grand-mère est pleine de surprise, n'est-ce pas Carla ?

Je regarde Mikelly, comme éberluée.

- Je le reconnais...

- Nous aussi on était choquées la première fois, surtout Cath.

Marie-Tess rigole et j'interroge Alexeï des yeux.

- Je t'expliquerais tout.

Le sujet de notre conversation mange tranquillement comme si de rien n'était. Et c'est bien l'impression que j'ai en voyant tous les membres de cette famille continuer à discuter aussi sereinement.

Est-ce que je suis la seule à trouver que quelque chose cloche ou quoi ?

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- Je suis repue ! Avouais-je en me laissant tomber sur le lit.

J'admire le plafond de la chambre comme s'il pouvait changer à tout moment. Alexeï s'allonge à son tour à côté de moi, il relève ma tête pour la placer sur son épaule. Je pose ma main sur son torse et je l'admire, lui aussi. Il entoure mon corps de ses bras en s'attardant sur mon ventre et entrelace nos jambes.

- Tu sens tellement bon.

Il inspire une nouvelle fois et m'embrasse le haut du crâne. Comme hypnotisé par l'odeur de mon shampoing, il joue avec quelques mèches rebelles.

- Tu m'expliques pour ta grand-mère ? J'ai beaucoup de mal à trouver une théorie cohérente et raisonnable sur le pourquoi du comment...

Il sourit et m'embrasse la joue. Il respire très fort comme pour se donner la force de tout m'expliquer.

- Mon grand-père, Nikolas Nikonov, était connu pour être quelqu'un de froid. Beaucoup de gens le haïssaient, dont mon arrière grand-père, Dimitri Tiakinov. Il était jeune, méprisant, ambitieux et riche. Il avait acquis un beau paquet d'argent grâce au vol à l'étalage.