Constance est emmitoufflée dans une serviette de bain. Elle sourit en voyant Elliot trépigner dans ses habits mouillés. Hercule se joint aux festivités. Il miaule de plus belle aux pieds de Constance qui supporte de moins en moins la boule de poils. Elliot se débarasse de ses vêtements et s'arme d'une serviette de bain. Il aime pas non plus énormément la bestiole de Théo. C'est pour ça qu'il allume le jet de la douche dans laquelle Hercule vient de se pelotonner.
Le rire de Constance brise les parois de la salle de bain quand l'animal bondit, poils hérissés. C'est la première fois après leur escapade de la matinée qu'elle ose être joyeuse. Puis, elle se figure l'image de Théo et la déprime ressurgit. Tout d'un coup ça sonne faux. Elliot a pas le droit de débarquer comme une fleur et de ruiner sa bulle de douleur. Constance se précipite dans la chambre et récupère la sixième lettre. C'est pas conforme aux règles du jeu de lire deux lettres le même jour. Mais, Constance suffoque.
Elle se recroqueville dans un coin de la terrasse et déplie la lettre, les mains tremblantes. La panique fait surgir des larmes de ses paupières. Elle s'auto puni d'avoir osé oublié Théo ne serait-ce qu'une seconde. Constance pose son poing tout contre son coeur. Il est là. Théo est là. Il partira jamais de son coeur. Il est là.
« Jour 5; nos meilleurs souvenirs.
- Notre rencontre, évidemment. Au moment où j'écris ces mots tu es endormie. Tes paupières sont closes et ta tête repose sur mon torse. Je sens ton souffle sur ma peau. Et, je me dis que si je n'étais pas monté dans cette balancelle pour t'agacer avec mes anecdotes déplacées, on en serait pas là. Je bénis le jour de notre rencontre. Je bénis le ciel d'avoir amené cet ange sur mon chemin.
- Notre première fois. C'est cliché, bon dieu. Mais, cette nuit reste gravée dans ma mémoire. Je jure n'avoir jamais vécu de nuit aussi magique que celle-ci. Tes baisers sont marqués dans ma peau. Tu perdais ton innocence dans mes bras et, je ne te remercierai jamais assez d'avoir fais ce choix qui me rempli d'un bonheur pur.
- La première fois que tu es venue me voir en concert. On jouait dans le village dans lequel t'habitait. Je revois ton regard amusé et son sourire malicieux. A l'évidence tu pensais que je te baratinais quand je parlais de mon groupe de rock. Constance, ce soir-là, dès l'instant où je t'ai vu rentrer dans ce bar miteux, j'ai su qu'à l'avenir je ne chanterai plus que pour toi. Tu es ma muse, Denver.
- Notre pré-lune de miel à Paris. C'était peu après l'annonce de mon cancer. Quand j'ai appris que la vie me retirais le privilège de vivre les événements majeures d'une existence normale, je me suis dis que je devais faire mon possible pour ne pas t'en priver par la même occasion. Tu n'avais jamais vu Paris et, je savais que ton beau regard resplendirait sous les lumières de la capitale française. Tu étincelais cette nuit-là dans ta chemise en flanelle au son d'Edith Piaf. Tu es la femme de ma vie, il n'y a aucun doute là-dessus.
- Les soirs d'orages quand tu te blottissais dans mes bras. Je sentais ton coeur battre et la chaleur de ton corps contre le mien. Tu me laissais entrevoir tes faiblesses et, je peux t'assurer que je ne t'en aimais que davantage. On construisait un fort de fortune avec des draps et des chaises. Alors on se racontait mille et une anecdote jusqu'au petit matin. Souvent tu t'endormais contre moi. J'aurais pu t'admirer ainsi pour des siècles et des siècles.
Chaque jour, chaque minute, chaque seconde passée avec toi est un moment que je m'engage à garder en mémoire pour l'éternité. On ne rencontre qu'une fois le véritable amour. Et, je n'ai aucune hésitation quant au fait que tu étais mon grand amour, Constance. Merci pour avoir éclairé la tempête qu'était ma vie. »
Chaque souvenir est un nouveau coup de poignard. Constance est prostrée dans son coin de la terrasse, en serviette de bain. Les cicatrices sur son petit coeur son béantes. Un torrent de larmes dévalent la pente de ses joues. Elliot débarque sur la terrasse. Il se précipite vers Constance et s'agenouille face à elle. Il a pas assez de ses dix doigts pour effacer les larmes qui affluent de ses paupières. Ça le tue de la voir dans un tel état.
Elliot retire la lettre des mains de Constance pour y jeter un coup d'oeil. Il se dit que Théo est un bel enfoiré. Il s'est pas contenté de la laisser derrière lui, il avait fallu qu'il la hante par la suite. Elliot délaisse le papier sur la table de jardin et prend Constance dans ses bras. Il décide de la porter jusque dans la chambre. Constance continue de sangloter à chaude larmes dans ses bras.
Elliot comprend que ses blessures sont plus profondes qu'il ne l'imaginait et, que la guérison sera rude.
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Correspondance à un revenant
RomanceConstance est un coeur brisé qui se balade dans la vie, parmi tant d'autres. Elle trimballe son bagage amoché par la perte d'un être cher comme tellement de personnes avant elle. Parfois elle tente de se consoler, de ce dire que ce n'est qu'une puta...