La Tour Eiffel illumine Paris et il y a cette atmosphère libertine dans l'air. Constance virevolte dans le salon telle une enfant le soir de Noël. Elle porte une chemise en flanelle qui devrait lui donner des airs de vieille dame. Mais elle rayonne. Au balcon, Théo alimente son cancer du poumon, une clope coincée entre ses lèvres. Il en profite, tant que Constance n'a pas encore humé l'odeur de tabac. L'appartement n'est pas bien grand. Un deux pièces qui donne directement sur la Seine. Théo voulait offrir une lune de miel d'avant mariage à Constance. Parce que d'ici à ce qu'il mette un genou à terre cette planète aura sûrement effacé toute trace de son existence.
Théo voit le visage de Constance se décomposer à l'autre bout de la pièce. Il ne réalise pas tout de suite que la musique du tourne disque a changé. Il balance sa cigarette par le balcon et vient enserrer la taille fine de Constance. Mon Dieu d'Edith Piaf leur fou une claque en pleine face. Constance qui s'était promit de jamais pleurer devant Théo s'effondre. Elle passe ses mains tremblantes dans la chevelure ébène et sauvage de Théo et contemple son visage. Théo fixe ces traits poupins avec gravité.
Edith Piaf lui ouvre les yeux. D'ici un mois il ne sera plus dans la capacité de regarder ce visage, de toucher cette peau de lait. Leurs deux corps se rencontrent pour une étreinte désespérée.
- Reste, reste, reste.
Elle le supplie. Théo s'accroche à la petite silhouette de Constance et déglutit. Et comment il s'y prend pour rester ? Son destin est déjà scellé.
- Je t'interdis d'écouter cette chanson quand je serai partit, ordonne-t-il.
- C'est peut être la seule femme sur cette foutue planète à savoir ce que je ressens, Théo, elle a mis les mots sur mes sentiments.
L'odeur de tabac se joint à leur étreinte. C'est l'ombre des adieux qui plâne sur leur tête. Théo ne veut plus fumer. La parfum répugnant de la cigarette le répugne. Il ne fume que quand il est heureux. Mais, Théo n'est pas heureux. Il veut juste mettre La Foule d'Edith Piaf et se cacher sous la couette avec Constance.
Le feu d'artifice éclate comme un orage dans le ciel de Paris. Constance se faufile sur le balcon. Théo la suit. Elle est si belle quand elle arrête de se faire du soucis et qu'elle prend le temps de vivre. Le coeur de Théo se serre. Pourquoi faut-il qu'on lui retire le droit de la voir vivre ? Il espère pouvoir la voir évoluer dans ce monde, même si c'est sans lui.
- Je t'aime.
Constance s'accroche à la rambarde du balcon. Théo ne dit jamais je t'aime. Théo vit l'amour mais ne l'exprime pas. Constance ferme les yeux. C'est du rockeur à l'âme torturé qu'elle est tombée amoureuse. Et voilà que pour elle, il s'ouvre. Il casse sa coquille.
- Je t'aime.
Théo sourit. Il peut mourir tranquille. Elle l'aime.
Les chapitres sont plutôt courts, comme je vous l'avais précédemment dis. Voilà pour ce premier flash-back dans les souvenirs de Théo et Constance. Je pense faire plusieurs intermède tel que celui-ci. J'ai envie de vous emmener avec moi dans l'histoire tumultueuse et peu ordinaire de ces deux personnages que j'affectionne. Bonne lecture !
Jude x
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Correspondance à un revenant
RomanceConstance est un coeur brisé qui se balade dans la vie, parmi tant d'autres. Elle trimballe son bagage amoché par la perte d'un être cher comme tellement de personnes avant elle. Parfois elle tente de se consoler, de ce dire que ce n'est qu'une puta...