VIII

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Elliot profite du sommeil de Constance pour consulter les lettres laissées par Théo. Il y en a un paquet imposant sur la table basse du salon. Il se contente de lire celles qui sont déjà ouvertes. Dès les premières lignes il trouve déjà que c'est de la connerie cette idée. Elliot comprend pas l'inconscience de Théo. Lui qui prévoyait toujours tout à l'avance, il aurait du prévoir que ça anéantirait Constance. Il y a plus de vingt lettres et Elliot n'imagine même pas l'état de Constance arrivé à la dixième. 

Il aura fallu six lettres pour qu'elle perde le contrôle. Elliot balance les enveloppes qu'il a dans le main sur la table. Une d'entre elles atterrie sous la patte d'Hercule qui l'avise d'un regard mauvais. Elliot sort son briquet. Il se dit qu'il vaut mieux que Constance le déteste plutôt que de la voir sombrer dans la folie. Il y a un moment où le monde des morts peut plus communiquer avec celui des vivants. Et, il est temps que Constance réalise qu'elle est vivante. 

La flamme lèche la première lettre.

- Arrête.

Constance se tient chancelante dans l'encadrement de la porte. C'est un fantôme. Ses yeux ont plus d'éclat et on se demande depuis quand elle s'est pas nourri correctement. Elliot éteint le briquet, plus par pitié que par compassion. Elliot est pas le genre fleurs bleues. 

- Faut qu'on parle, Constance. Ça devient sérieux.

Constance l'ignore et se laisse tomber sur le matelas. Elle se convient dans sa déprime. Elle voit pas où est le problème. C'est sa vie après tout. Elliot surgit à ses côtés. Il prend son visage entre ses mains. Il arrive plus à être doux et patient. De toute évidence il y a qu'à la dur qu'il résolvera le problème. 

- Tu t'accroches à un souvenir, Théo est mort. Tu peux pas mettre ta vie sur pause pour te contenter de souvenirs par procuration. Ces lettres c'est du grand délire ! Il aurait jamais du faire ça, tu cours à ta perte et je peux pas accepter ça. 

Constance le fixe dans les yeux. C'est comme parler à une personne sous extasie. Elle a le regard vide d'émotion et aucune réaction. Elliot emploie les grands moyens. Il embarque Constance dans l'étau de ses bras. Quand il la repose ils sont dans la cabine de douche. Il y a Hercule qui se pose dans l'entrée de la salle de bain pour pas rater le spectacle. 

Elliot allume l'eau et le jet s'enclenche. En moins de deux ils sont trempés jusqu'aux os. Constance sursaute. C'est comme si elle se réveillait du coma. Elle fronce les sourcils. Elliot attend pas de savoir si la température de l'eau lui convient. Il s'empare de ses lèvres. Il l'embrasse à pleine bouche. Ça dure pas plus de quelques secondes. Mais, il brise pas le contact. Elliot colle son front à celui de Constance et encadre son visage de ses mains.

- T'es vivante, bordel ! Ose dire que t'es pas vivante après ça ! On te demande pas de remplacer Théo, mais de vivre ta putain de vie Constance !

Elliot plonge une seconde fois sur sa bouche pour y laisser un baiser avide et brulant. Constance doit s'accrocher à lui tant le choc est violent. Elle se prend une claque dans la figure avec cette intervention musclée d'Elliot. Mais, alors qu'elle se cramponne à son t-shirt désormais trempé, il quitte la cabine de douche en la laissant les bras ballants. 

Il y a la marque des lèvres d'Elliot sur celles de Constance. Il y a l'eau froide qui lui ouvre les yeux sur la réalité. Et, il y a Constance qui reprend ses esprits.

Correspondance à un revenantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant