||| Venise |||

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Théo se souvenait des supplications de Constance à propos de Venise. Elle ne cessait de le prier de l'y emmener avant que la vie de l'emporte; loin d'elle. Ils se tiennent sur les quais et, Théo oublie rapidement l'amas de peine qui se forme dans ses muscles pour se focaliser sur le sourire qui illumine ne visage de Constance. Il sent que ses forces le quittent à petit feu, que la vie s'éteint progressivement et irrémédiablement en lui. Pourtant, les étoiles qui scintillent dans les prunelles de Constance à la vue de l'eau et des gondoles raniment de l'espoir dans le coeur de Théo.

Elle saisit sa main et, la maladie s'envole. Malgré la douleur qui le lancine, lorsqu'elle s'abaisse à sa hauteur pour le gratifier d'un baiser de la douceur d'une plume, plus rien n'a d'importance. Il hait ce fauteuil roulant dans lequel il est cloué jusqu'à la fin de ses jours. Mais, quand il guide Constance sur ses genoux, la tendresse cède à la colère.

- Sept vies ne suffiraient pas à t'exprimer ma reconnaissance et à quel point je t'aime, lui murmure-t-elle, le nez dans son cou.

Constance se sent vulnérable. Chaque expression de sa reconnaissance sonne comme un nouvel adieu. Un fait qui lui serre désagréablement la gorge. Elle n'ose pas se figurer un futur sans Théo. C'est une limite qu'elle ne se permet pas de franchir. Un cap inévitable qui se présente à son esprit tel un gouffre; un précipice à la profondeur et la noirceur inégalable.

Ils se dirigent silencieusement dans les ruelles désertes de Venise, contemplant les merveilles architecturales qui s'acheminaient sous leurs yeux admiratifs. Le chant des gondoliers accompagne leur promenade paisible au bord des canaux. Les fleurs offrent un arc-en-ciel verdoyant sur chaque pont qu'ils croisent.

- J'ai une surprise pour toi, Denver.

Constance arque un sourcil avant d'orienter son regard vers la rive opposée. Une embarcation à peine plus grande qu'une gondole leur fait face. Elle est magnifiquement décorée de fleurs rouges et bleues. Le navigateur les aide à monter à bord puis, confie une guitare à Théo qui incite Constance à le rejoindre.

- Je t'ai écris une chanson, explique-t-il.

Elle s'installe à ses côtés alors qu'il commence d'ores et déjà à glisser ses doigts contre les cordes. La voix de Théo s'insuffle aux oreilles de Constance et, les premières paroles font naitre des larmes à la barrière de ses paupières. La chanson est à propos des regrets qu'il nourrit du fait de ne pouvoir vieillir avec elle et vivre les expériences d'une existence normale. Il lui exprime ses bonheurs et sentiments par des tournures qui serrent d'avantage le coeur de Constance.

A cet instant, sa joie l'empêche de déceler la véritable nature de cette chanson. Les larmes de joie qui coulent le long de ses joues altèrent sa vision pour se rendre compte, qu'en réalité, il lui adresse ses adieux.

Correspondance à un revenantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant