Ferme les yeux...

Chapitre 5 | Secrets

Jade ne semble pas comprendre où je veux en venir. J'éclaircie donc mon propos :

—Je veux dire, tu es quelqu'un d'assez mystérieux, dans le bon sens du terme. Tu es timide et discrète et là, d'un coup, tu me parles fermement avant de recommencer à bégayer. J'ai envie d'essayer de te comprendre.

Aucune réponse. Je poursuis :

—Je t'avoue qu'avant le rendez-vous dans le bureau de madame Camara, j'ignorais qui tu étais. Et pour la bousculade, j'en suis navré.

—Euh, on devrait bosser non ?

—Allez. De toute façon ce n'est pas grave. Je m'en fous des maths.

—Euh... bien...

Elle semble totalement perdue. Pensait-elle réellement qu'on allait bosser ? Cela prouve qu'elle ne me connaît pas non plus. Je n'ai nullement l'envie de travailler, surtout un vendredi soir.

Finalement, contre toute attente, elle déclare :

—Qu'est-ce que tu veux savoir ?

Je suis content qu'elle veuille bien me répondre. J'ai sincèrement envie de la connaître et surtout pas la foi de travailler. D'habitude, je m'en fiche de connaître les filles. Elles font un tour dans mon lit et c'est fini. Mais là, il faut que j'évite de faire des maths. En plus de cela, Jade me paraît vraiment sympathique.

—Je ne sais pas. Présente-toi ?

Elle ricane dans un soupir, ce qui me fait sourire. Elle est nettement plus jolie comme ça, que lorsqu'elle est effrayée.

—Et bien, je m'appelle Jade Martin, j'ai dix-sept ans et demi, et j'habite à Boulogne-Billancourt.

—Boulogne-Billancourt ? C'est loin du lycée, non ?

—Oui, mais j'y ai toujours vécu.

Notre lycée se trouve dans le seizième arrondissement de Paris, elle doit faire un sacré trajet le matin.

—Combien de temps mets-tu pour venir au lycée ?

—En voiture, quarante minutes. Et en transport, ça varie entre une heure et une heure et demie.

Je me contente d'hocher la tête. De mon côté, je ne mets seulement dix minutes à pied.

Mon regard est soudainement attiré par ses yeux vert émeraude.

—En tout cas, tes yeux sont magnifiques.

Et voilà qu'elle baisse de nouveau la tête en devenant rouge comme une tomate. Cette fois, je l'oblige à me regarder et lève son menton vers moi. Pourquoi a-t-elle honte ? On est seul ici. La bibliothèque est entièrement vide.

—N'aies pas honte de tes yeux.

—Ce n'est pas ça...

—Quoi alors ?

—Je... je ne sais pas si je peux te le dire...

Oh un secret ! J'adore les secrets ! (Oui, on dirait une fille qui regarde Gossip Girl... Et alors ?)

—Ne t'inquiète pas, je ne le répéterai pas...

—Ce n'est pas le problème. Ici, seulement les profs, madame Camara et ma meilleure amie sont au courant. Je n'ai pas envie que cela fuite.