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           Clic. Clic.

          Des rires retentissaient dans l'immense demeure, accentués par la hauteur du plafond qui faisait résonner certaines pièces. Les rideaux ne parvenaient pas à retenir la luminosité extérieure, un rayon de soleil caressait doucement ma peau marquée par les plis des draps.

          Je pris le temps de savourer la douce torpeur du sommeil qui s'estompait, le moelleux de mon oreiller, la chaleur ambiante. Mes yeux finirent par s'habituer au panorama illuminé qui s'offrait à moi : des vêtements épars, ma vieille batterie, un mur de photos illustrant une époque révolue. Sur l'une d'elle, un sourire en gros plan me réchauffait, un sourire éclatant et spontané, qui désormais semblait n'avoir jamais existé.

          Tout comme sa propriétaire ne paraissait plus être la même, et un retour en arrière était impossible.

           Combattant la mauvaise humeur qui s'emparait de moi, peu à peu, je me levai, uniquement vêtu d'un short. Je descendis les escaliers, éclairés par une lumière crue, brute, idéale pour un shooting photo. La cuisine scintillait littéralement, les plans de travail brillaient, astiqués par notre fée du logis : Daisy.

          Je me servis un verre de jus de pamplemousse, une pomme, ainsi que des céréales accompagnés de lait concentré au chocolat. Je sortis sur la terrasse pour m'installer à l'air libre, et me stoppai net en l'apercevant avec Pyper. Toutes deux posaient devant l'objectif d'un ami de la famille, qui captait leurs beautés brutes.

          La brune était vêtue d'une longue robe vaporeuse qui flottait autour d'elle et s'agitait à chaque bouffée d'air frais. Ses yeux verts étaient rehaussés d'une couleur cuivrée qui les faisait scintiller, rendait son regard perçant. Ma sœur portait un top moulant ainsi qu'une jupe dont la forme me rappelait les pétales d'une tulipe. Sa chevelure presque blanche encadrait un visage bronzé, faisait ressortir le bleu de ses yeux.

          Elles étaient aux antipodes l'une de l'autre : une brune aux yeux verts, pulpeuse et séductrice aguerrie, une blonde aux yeux bleus, assez fine pour être mannequin dont le corps servait de réceptacle à un démon.

         À mes pieds, Ekko frétilla d'impatience en apercevant le rouge de la pomme. Mon Cavalier King Charles se tortillait dans tous sens, il ne se rendait pas compte qu'il était inutile de bouger son arrière train pour faire se mouvoir sa queue. Ses grands yeux bruns expressifs me fixaient, attentifs à chacun de mes mouvements, et plus précisément au moment où je couperai la pomme et lui donnerai les épluchures.

           Je m'assis par terre, à même l'herbe fraîche, Ekko commença à renifler mes mains, à la recherche de caresses et de nourriture. Sa truffe était humide, le haut de son crâne, tout doux. Ses longues oreilles bouclées se dressèrent sur sa tête, montrant son impatience.

           Je le caressai, juste pour le plaisir de sentir les boucles de son plastron blanc, d'un soyeux inouï. Il me rappela à l'ordre en me léchant la main, il ne tenait plus en place et tournait autour de moi à toute vitesse. Je finis par le contenter en entamant le fruit tant désiré. À l'instant où je tendis le morceau, il s'assit bien droit, ne bougea plus d'un poil. Sa patiente faillit être récompensée, mais elle m'interrompit dans mon geste.

— Tiens, tu l'as encore ?

À un souffle de toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant