Les oreilles d'Ekko s'abaissèrent immédiatement vers l'arrière, et il s'aplatit comme s'il voulait fusionner avec l'herbe. Elle était devant nous, nous surplombant de sa hauteur gagnée par des talons interminables. Elle posa ses yeux sur moi, et un long frisson me parcourut tandis que mon cœur s'essoufflait en entamant une course rapide.
— Bah alors, on n'est pas content de me revoir ? susurra-t-elle a l'intention du chien terrorisé.
Il couina, bruit qu'il ne produisait que rarement, et se cacha prestement derrière moi, ses grands yeux marrons traduisaient toute sa terreur. Je le calmai en lui adressant une douce caresse sur ses oreilles, mais il battit tout de même en retraite vers Pyper, toujours avec le photographe.
— Alors, Lucky, on ne me dit pas bonjour ?
Je me relevai tant bien que mal à cause de mes jambes tremblantes, et tentai d'oublier les accents sensuels qu'avaient pris sa voix. Aussitôt debout, elle me serra délicatement dans ses bras, j'avais ses cheveux juste sous le nez, son odeur m'emplissait tout entier. Cette fragrance que j'avais cru disparue, et que j'avais à nouveau le plaisir de savourer me fit monter les larmes aux yeux.
Cela faisait si longtemps qu'elle ne m'avait pas juste pris dans ses bras !
Dorénavant, je savais que derrière chaque geste tendre se cachait un besoin, une envie à assouvir, et que les miens n'étaient plus pris en compte. Parce qu'elle était comme ça, son épanouissement passait par ma souffrance presque quotidienne. Elle ne pouvait plus ressentir de la joie sans que je n'en tremble, sans que j'en ressorte indemne.
J'aurais voulu lui résister, rester dans ce jardin, au soleil, à consoler Ekko. J'aurais voulu m'échapper, sortir de cette cage dans laquelle j'avais l'impression de me complaire. Juste une sensation diffuse et irréelle.
Mais je me contentai de l'attraper par la main sans délicatesse, seule marque de ce qu'elle me faisait subir, ma galanterie disparue. Je l'entrainai dans la cuisine, à l'abri des regards, et m'emparai avidement de sa bouche. Désormais, il ne me restait que ça pour me sentir proche d'elle, bien que l'impression que ce n'était qu'une illusion ne me quittait pas et traçai dans mon esprit une traînée de lumière. J'étais trop embourbé pour retrouver le chemin vers la sortie, trop pris dans ses caresses, enflammé par sa respiration rapide, ses soupirs brûlants, sa robe bien trop virginale.
Je ne faisais rien d'autre que ressentir, c'était tout ce qu'il me restait et qu'elle m'accordait. Sûrement une faiblesse dans son armure.
La soulevant, je la fis asseoir sur le plan de travail, elle poussa un petit cri au contact du marbre froid sur sa peau. Mais je ne ris pas. Je ne pouvais pas encore plus lui montrer ce qu'elle provoquait chez moi. Les larmes, les cris, cette envie d'elle, c'était déjà beaucoup trop.
Nos langues se rencontrèrent, attisant mon brasier intérieur, qui consumait tout mon oxygène afin d'exister. Me détruisant, m'asphyxiant pour vivre. Mes doigts parcoururent le velouté de ses cuisses, la toucher était si bon. J'étais tendu, mon désir semblait presque palpiter, j'en voulais plus. Toujours plus.
Et à chaque fois, elle ne m'en donnait pas assez, pour avoir le plaisir d'observer ma souffrance. Elle recula soudainement, descendit du meuble, le tout avec un sourire carnassier au coin des lèvres. Je relevai la tête, tentai de la repousser au plus profond de mon esprit l'espace d'un instant, tachai d'omettre mon érection. Et puis je croisai le regard scandalisé de Pyper.
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À un souffle de toi
RomanceIl ne manquait pourtant presque rien entre mon cœur brisé et son âme noircie, presque rien... Juste un souffle amer. #49 catégorie nouvelle le 09/05