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          Un bourdonnement martelait mon crâne à intervalle régulier, m'empêchant de dormir malgré la fatigue qui me terrassait. Je tentai de me lever, emmêlé dans mes draps qui s'accrochaient à mon corps en sueur tels des tentacules. Je n'avais pas bu une goutte d'alcool, mais ce réveil était tout aussi difficile. J'étais totalement déboussolé, ne me rappelais même plus comment je m'étais retrouvé dans mon lit, seulement de paillettes dorées luisantes sous les néons.

        Je réussis finalement à me dépêtrer de mes liens de tissu, et chancelai sur mes pieds douloureux. Mon lit m'appelait, ce cocon de douceur et de confort, mais la soif rendait ma bouche pâteuse, m'emplissant d'un besoin impérieux de me désaltérer. La chaleur m'asséchait, son carcan avait refermé son emprise autour de mon corps en eau. Je peinais à respirer et à penser dans de telles conditions. L'effort ultime fut de descendre les escaliers, marche par marche, sans vaciller.

         Je pénétrai dans la cuisine, illuminée par la lune qui se couchait, mais n'observai pas ce spectacle pour me diriger vers le robinet. Une eau claire en jaillit, gelée, parfaite pour m'hydrater. Je m'empressai d'y tremper mes lèvres et bus longuement. Le froid me glaça les dents, je sentis le liquide glisser le long de mon œsophage, calmant instantanément mon brasier interne.

          Je soufflai de bien-être en remontant dans ma chambre, à pas de tortue. Un grattement interrompit mon mouvement, je fis demi-tour pour ouvrir à Ekko, qui voulait sûrement se dégourdir les pattes. Daisy se levait tôt, il ne resterait pas dehors longtemps, si l'envie de rentrer lui prenait.

          Désormais épuisé, la fatigue comme boulet accroché à mes pieds, je me dirigeai directement vers le salon et me laissai tomber dans le canapé. Un ronflement retentit, je sursautai en réalisant qu'il ne provenait pas de moi. Agacé de ne pouvoir dormir tranquillement, je me redressai pour découvrir qu'America avait fait de l'autre canapé son lit.

          Enroulée dans une légère couverture, sa peau laiteuse captait la lumière blanche de la lune. Elle semblait très dénudée - peut-être l'était-elle entièrement - et une partie de mon anatomie ne tarda pas à se réveiller. Son visage endormi était délesté de l'air malicieux qu'il arborait, et sublimé par de délicates ombres. Ainsi, j'aurais presque pu croire qu'elle aussi avait ses démons.

          Je soupirai et m'allongeai, tourné vers cette silhouette qui aurait pu passer inaperçue si des ronflements sonores ne s'échappaient pas de sa bouche. Désormais incapable de dormir, car mes yeux étaient comme aimantés à elle, je me contentai de l'observer. Sa présence m'apaisait, un poids dont j'ignorais l'existence s'était soudainement évaporé. Je restai donc éveillé, écoutant sa respiration calme.

         J'étais tenté de m'approcher d'elle, savourer le velouté de sa peau opaline, respirer son odeur. Mes doigts en fourmillaient d'impatience. Pourtant, c'était un sentiment doux, et non la passion impétueuse qui me dévorait avec elle. J'avais l'impression que je pourrais m'y habituer avec le temps, avec l'envie, et avec America.

         Ne restait plus qu'à voir si j'en étais capable.

          Si mon cœur tiendrait le choc.

À un souffle de toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant