/!\ Réflexion à l'intention des personnes qui, comme moi, ont un cœur en vadrouille /!\
Un cœur en vadrouille...
Cette appellation ne désignait rien de concret, je l'avais moi-même inventée mais elle me semblait désormais trop vague. A l'origine, cela signifiait que mon palpitant ne me servait qu'à pomper des litres de sang, et non plus à ressentir. Parce qu'il n'était pas à moi. Je n'en faisais plus un usage personnel, il était dans une cage dorée où il se complaisait bien trop dans son malheur pour tenter d'en sortir.
Désormais, j'y trouvais un autre sens. Mon organe n'était pas vraiment en voyage, mais il n'était pas non plus revenu dans son foyer originel. Il faisait acte de présence, juste pour que je souffre de temps en temps. Il était si endommagé qu'il avait besoin d'un travail à mi-temps pour être performant. Et encore... Lorsqu'il daignait m'honorer de ses battements, il était si fragile qu'il décuplait chacune de mes émotions.
La souffrance, la passion et le désir étaient plus vifs, mais sa trop grande sensibilité le rendait vulnérable aux bons sentiments. Il m'était bien trop facile de ressentir quelque chose pour une personne qui m'était presque inconnue. Cela me terrifiait littéralement, mais d'un autre côté, le mal était fait.
D'un coup de fossette, elle m'avait poignardé sans que mon mur de défense ne fasse effet.
Je me contentais de gésir contre le mur, à l'endroit où elle m'avait épinglé. Il me fallait reprendre mes esprits, me défaire de son emprise précoce, je savais ce que je risquais. Et je n'étais pas prêt à y faire face. Pas encore, pas maintenant. J'avais la sensation qu'après tout ce que j'avais vécu, je ne serai plus jamais prêt pour quelqu'un d'autre. Mais elle m'attirait indéniablement, comme une abeille novice face à un alléchant pot de miel.
Je balançais entre deux extrêmes : me laisser aller une bonne fois pour toute, et continuer à me préserver. J'hésitais entre lui ouvrir les portes de mon esprit, ou les lui fermer. Dans les deux cas, on pourrait assister à une proximité, mais l'une serait intéressée et l'autre, la plus neutre possible.
C'était moche, clairement. Mais je ne me sentais pas capable de m'investir réellement dans une relation autre que toxique. L'impression que j'allais tout faire foirer était là, alors que rien n'avait encore démarré. Pourtant, il n'y avait aucun suspens. En un regard, nous nous étions liés d'une chaîne plus dure que de l'acier. C'était irrémédiable, et me prendre la tête à ce propos, inutile.
Quoique je fasse, je prendrais un risque : celui d'être brûlé vif, mourir d'une combustion instantanée ou perdre une chance de trouver un bonheur intangible. Peut-être de manière définitive.
Quelle personne sensée serait capable de trancher entre le choix le plus avisé ? Évidement, se préserver était tentant, mais si je n'effectuais pas de premier pas, je serai bloqué à l'infini au bord de la falaise.
Ce qui devait arriver arriverait.
Et souffrir ne semblait pas en option. C'était plus qu'une éventualité, c'était évident.
Mais j'y étais habitué.

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À un souffle de toi
RomansaIl ne manquait pourtant presque rien entre mon cœur brisé et son âme noircie, presque rien... Juste un souffle amer. #49 catégorie nouvelle le 09/05