Chapitre 1

69 13 0
                                    

"Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait?" demanda Elliot avec un petit rire gêné. Il était sept heures, et le soleil du petit matin éclairait doucement le couloir de leur immeuble, devant leur porte verte. "Il faudra repeindre cette porte, ajouta-t-il après un instant de réflexion. Je n'ai jamais aimé cette couleur. Elle serait bien, en bleu.


-J'ai quelque chose à faire, s'écria brusquement Louis, interrompant le cours des pensées de son ami.
-Quelque chose? Qu'est-ce-que tu veux faire? On va où?
-Non, répondit-il doucement, avec un sourire attendri par l'enthousiasme de son ami. Depuis quand était-il si agité, le matin?
-Non?"
Maintenant, il faisait la moue.

"Non. C'est quelque chose que je dois faire moi-même, tu sais? Tout seul.
-Oh. C'est à propos de... C'est à propos d'hier soir? De ce que tu m'as dit?"
Il fronçait les sourcils, l'inquiétude brillant de ses yeux clairs.

"Oui Elliot. C'est à propos de ça. Mais ça va aller, d'accord?" Il saisit les mains de son ami et les serra dans les siennes. "Ça va aller, tout va bien. J'ai besoin que tu me fasses confiance, d'accord?
-Mais...
-Ça va aller. Je te raconte tout lorsque je reviens, d'accord?
-D'accord."

Elliot hocha la tête avec hésitation. Un demi-sourire esquissé sur le bord de ses lèvres, Louis le remercia d'un hochement de tête. Puis, il se retourna et dévala en courant les escaliers de l'immeuble. Elliot secoua la tête, tentant de taire son trouble, et ouvrit la porte verte qui aurait besoin d'être repeinte en bleu.


L'appartement semblait avoir subi le passage dévastateur des cinq cavaliers de l'Apocalypse. Des guirlandes de fleurs déchiquettées s'étendaient dans la pièce, au dessus de la nappe si arrachée qu'elle ressemblait à de la dentelle, et  des fragments de porcelaine gisaient au sol, aussi petits que des grains de riz. Sur la table, un rayon de soleil qui s'infiltrait par le carreau brisé dessinait deux anneaux dorés dans les dessins de cristal du cendrier qui, seul, n'avait pas subi la tempête.

Mais Elliot fronça les sourcils. "Pourquoi fait-il si sombre?" demanda-t-il à voix haute. Seul le silence lui répondit. La fenêtre, c'était la fenêtre le problème. Il n'y en avait qu'une dans le salon, et elle était beaucoup trop petite. Il faudrait penser à en faire installer une autre, et sans rideaux, avec des stores en liège qu'on puisse relever, pour inonder l'appartement de la lumière du jour.

Le papier peint non plus n'allait pas. Vert sombre et hideux, il l'avait toujours écoeuré. Fronçant les sourcils et penchant la tête en arrière, le jeune homme se demanda si Louis préfèrerait de la peinture bleu azur, ou des nuances turquoises. Il faudrait lui demander. Et sur le mur, oui, à la place de l'horloge cassée, ce serait bien s'ils pouvaient mettre une photographie d'eux, ensemble. En y repensant, ils n'avaient jamais pris de photo, tous les deux. Il faudrait penser à en prendre.


Le sourire aux lèvres, Elliot s'agenouilla et commença à mettre de l'ordre dans son appartement.

The AshtrayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant