Chapitre 22: Gally

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L'image de la femme se modélisait devant eux sur l'écran de télé suspendu au plafond. Chuck s'approchait inquiet alors que Minho croisait les bras sur son torse. Hélena elle, restait intriguée par cette image. Cette femme. Elle la connaissait. Elle ne s'en rappelait plus, hélas mais elle la connaissait.

La dame commença à prononcer un discours auquel Hélena accorda que très peu d'importance, s'étant éloignée pour observer la pièce. On aurait dit une représentation théâtrale avec tous ses corps à terre, exposés.
Son regard s'arrêta sur une femme aux cheveux blonds clairs étalait autour d'elle dans un bureau. C'était la femme qui était à l'écran. Helena s'approcha, ses pieds butèrent sur de nombreux morceaux de verres, avant d'atteindre la marre de sang. Elle s'agenouilla contemplant le visage aux yeux clos, aux traits fins. Elle luttait pour se rappeler mais elle n'avait aucun souvenirs.

La femme avait dans sa main droite un revolver, ses doigts était légèrement relâchait autour de l'arme et on pouvait devinait sans difficultés ce qu'elle avait fait. Hélena se releva et rejoignit les autres, se plaçant derrière Newt, entrelaçant les doigts de sa main gauche dans les siens.

Elle observa à nouveau la femme, aux cheveux tirés, l'air concentré en blouse blanche, et tenant dans sa main gauche un stylo légèrement penché. Le cerveau d'Hélena se mit à penser en accélérer.

La femme était gauchère, elle ne pouvait donc pas s'être suicider en tenant un pistolet de sa main droite. C'était une mise en scène, mise en scène.

- Il faut partir! Rugit Hélena, cherchant du regard les yeux des blocards. Maintenant! C'est un piège!

- Non !

Les Blocards se retournèrent. Et ce qu'ils virent les terrifia.

- Gally ?! s'écria Hélena.

Mais ce n'était pas le Gally qu'ils connaissaient tous. Il avait les yeux noirs. Injectés de sang. Les veines de son cou étaient saillantes et violacées. Il tenait à la main un aiguillon de Griffeur. Et un flingue.

- Gally... fit Thomas en s'approchant.

- Non, lui dit Teresa, posant sa main contre son torse pour l'empêcher d'avancer plus que ça. Il s'est fait piquer.

Le Bâtisseur lâcha l'aiguillon. Il tomba par terre avec un bruit de métal qui semblait aussi assourdissant qu'une tempête, dans le silence de mort qui s'était installé. Gally avait les larmes aux yeux. Il renifla bruyamment, les lèvres tremblantes.

- On peut pas se sauver ! dit-il.

Dans sa main droite, le pistolet vacillait. Si Thomas et Teresa fixaient le Maton dans les yeux, Newt, Minho et Hélena avaient accroché leur regard à l'arme à feu qui pourrait les tuer. Il suffirait à Gally de lever le bras et de presser la détente. Et ce mec était assez fou et assez con pour le faire.

- ... Si, Gally, on va sortir, lui répondit Thomas, calmement. On est libres.

- ... On est libres ?! répéta Gally en sanglotant. Tu crois qu'on est libres, dehors ?! ... Non. Non, on s'échappe pas du Labyrinthe.

Le Bâtisseur leva son bras. Le canon de son arme pointé droit sur Thomas.

Un frisson d'horreur parcourut les rangs des Blocards. Le brun éleva lentement ses mains à hauteur de son cou, les mains tremblantes. Une pellicule de sueur froide lui couvrit le dos, il déglutit.

- Gally, écoute-moi... T'as pas les idées claires. D'accord ?

Derrière lui, pourtant, Minho empoignait discrètement son épieu, prêt à réagir au moindre mouvement de ce cinglé. Il le fixait sans ciller, une lueur de colère logée au fond de ses iris noirs. Hélena, au lieu de lever le bras pour prendre la machette qu'elle avait dans le dos, prit celle que Newt avait dans la main, pour ne pas se faire voir. Le blond ne lui opposa aucune résistance et la Medjack resserra l'étreinte de ses dos autour de la poignée de bois. Même si cela voulait dire qu'elle devait tuer Gally de ses propres mains, en se jetant vers lui comme elle s'était jetée vers un Griffeur, armée d'une seule lame rouillée et encrassée.

- On va t'aider, assura le brun. Mais d'abord... tu dois poser ce flingue.

- ... J'appartiens au Labyrinthe... se contenta-t-il de répondre, sans baisser son bras, de grosses larmes sombres coulant de ses yeux de cadavre.

- Jette ton arme, reprit Thomas, plus fermement.

- ... comme tous les Blocards ! s'exclama Gally en chargeant son pistolet.

- GALLY !

- NON !

Minho ramena son coude derrière sa tête et jeta son épieu au moment où la détonation explosa. Thomas n'eut pas le temps de voir la silhouette qui se jetait entre lui et la balle qui lui était destinée. Tout se fit en une fraction de seconde. Un minuscule instant de boucan, de chaos et de panique.

Le même silence oppressant revint instantanément, comme s'il ne s'était rien passé. Les adolescents furent tétanisés. Ils frissonnaient d'horreur.

Gally s'immobilisa. Il promena son regard vide sur les adolescents, puis baissa la tête. La pointe de l'épieu de Minho était plantée dans son ventre. Un glapissement d'animal blessé lui échappa. Il tomba à genoux, puis, les bras ballants, s'effondra sur le côté.

Gally était mort.

Les Blocards restèrent interdits, fixant le cadavre du Bâtisseur. Ils étaient incapables de détacher leurs yeux du corps de celui qui, à défaut d'être leur ami, fut leur camarade pendant trois ans. Il était mort. Il ne se relèverait pas. Plus jamais il ne se foutrait de leur gueule. Plus jamais ils ne se battraient dans le sable, après avoir mangé autour du feu. Plus jamais ils ne pousseraient de gueulante contre lui. Mais, étrangement, seul Minho réussit à se dire que cela ne lui manquerait pas. Il ne regrettait pas son acte.

- Thomas...

Une petite voix, faible et vacillante, s'éleva à côté du brun.

Thomas reconnut la voix de Chuck.

Son cœur s'arrêta un instant dans sa poitrine. Quelque chose en lui hurlait, lui lacérait les entrailles, lui tordait le ventre à lui en donner envie de vomir. Une douleur lancinante naquit dans son cœur pour jaillir dans tout son être.

Il tourna la tête sur sa gauche.

Il s'était trompé. Ce n'était pas Chuck.

Ce n'est pas une petite tête bouclée qu'il vit, ni même de petits yeux bruns et ronds. Il ne vit pas de joues roses.

Non.

Il vit des cheveux d'un blond sombre et flamboyant. Des yeux aux iris transparents, fixés dans les siens. Un bras levé en avant avec, au bout, une machette.

Et un trou rouge dans le ventre.

C'était Hélena.

Le labyrinthe d'Ariane {NewtxOC}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant